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CHAPITRE TRENTE-CINQCe matin, j’enfile les vêtements propres qu’on m’a donnés ; un pantalon noir – trop large, mais quelleimportan<strong>ce</strong> ? – et une chemise noire à manches longues. Pas de ch<strong>au</strong>ssures.Ce n’est pas encore l’heure. La tête baissée, je croise, décroise et recroise les doigts. Mon père lefaisait parfois le matin, avant de s’asseoir à la table du petit-déjeuner, mais je ne lui ai jamais demandépourquoi. Quoi qu’il en soit, j’aimerais bien pouvoir me dire que je suis redevenue la fille de mon pèreavant… avant la fin.Au bout d’un moment, Peter ouvre la bouche pour m’annon<strong>ce</strong>r que c’est l’heure d’y aller. Il me regardeà peine, se contente de fixer le mur d’un air sombre. Ç’<strong>au</strong>rait sans doute été trop demander, de voir unvisage amical <strong>ce</strong> matin. Je me lève et on sort dans le couloir.J’ai froid <strong>au</strong>x orteils. La plante de mes pieds adhère <strong>au</strong> carrelage. Après un tournant, j’entends des crisétouffés. Je ne distingue pas tout de suite <strong>ce</strong> que dit la voix, mais les mots prennent forme à mesure qu’onse rapproche.– Je veux… voir !C’est Tobias.– Je… la voir !Je glisse un coup d’œil vers Peter.– J’imagine que je ne peux pas lui parler une dernière fois ?Peter fait non de la tête.– Cela dit, il y a une fenêtre, précise-t-il. Il se décidera peut-être à la boucler s’il te voit.Il me conduit <strong>au</strong> bout d’un petit couloir sans issue qui ne mesure pas plus de deux mètres de long et setermine par une porte. Comme l’a dit Peter, une petite fenêtre est percée dans le h<strong>au</strong>t du battant, à unetrentaine de <strong>ce</strong>ntimètres <strong>au</strong>-dessus de ma tête.– Tris ! crie Tobias, d’une voix plus nette maintenant. Je veux la voir !Je lève le bras pour poser une main sur la fenêtre. Les cris <strong>ce</strong>ssent et son visage apparaît derrière lavitre. Il a les yeux rouges. Le teint marbré. Il est be<strong>au</strong>. Il me fixe quelques secondes avant de plaquer samain sur la mienne. Je me persuade que je sens sa chaleur à travers le verre.Il appuie son front contre la vitre et ferme les yeux en serrant les p<strong>au</strong>pières.Je retire ma main et je m’éloigne avant qu’il n’ait rouvert les yeux. J’ai mal à la poitrine, bien plus malque quand j’ai reçu ma balle dans l’ép<strong>au</strong>le. Les doigts crispés sur l’ourlet de ma chemise, je cligne desyeux pour refouler mes larmes et je rejoins Peter.– Merci, soufflé-je.J’avais prévu de le dire plus fort.– Ouais, ouais, grogne Peter, toujours <strong>au</strong>ssi renfrogné. Bon, on y va.J’entends comme un grondement devant nous – le brouhaha d’une foule. Le couloir suivant est bondé detraîtres Audacieux, grands et petits, jeunes et vieux, armés ou non. Mais tous arborent le brassard bleu dela trahison.– Hé ! lan<strong>ce</strong> Peter. Dégagez le chemin !Les plus proches l’ont entendu et, progressivement, tout le monde s’agglutine contre le mur pour nouslibérer le passage. Les discussions ont <strong>ce</strong>ssé. Peter s’écarte à son tour pour me laisser passer devant lui.À partir d’ici, je connais le chemin. Je ne sais pas quand ça commen<strong>ce</strong>, mais quelqu’un se met à cognerdu poing contre le mur, puis un <strong>au</strong>tre, et je parcours les derniers mètres <strong>au</strong> milieu d’une haie de traîtresAudacieux qui martèlent la paroi dans un tapage solennel. Le rythme de leurs coups est si soutenu quemon cœur accélère pour le suivre.Quelques traîtres Audacieux inclinent la tête devant moi. Je ne comprends pas bien pourquoi. Peu

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