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le toit. La salle s’assombrit, comme sous l’effet de <strong>ce</strong> que je viens de dire.– Voilà qui ressemble à une théorie de la conspiration, commente Jack. Quelle raison les Érudits<strong>au</strong>raient-ils de vous tuer ?Ma mère m’a dit que les gens craignaient les Divergents par<strong>ce</strong> qu’ils étaient incontrôlables. C’est peutêtrevrai, mais la peur de l’incontrôlable n’est pas une raison assez concrète à fournir à Jack Kang. Moncœur s’emballe : je suis incapable de répondre.– Je… commencé-je.– En fait, on n’en sait rien, m’interrompt Tobias. Mais on enregistre plus de dix décès non expliquéschez les Audacieux <strong>au</strong> cours des six dernières années, et il y a une corrélation entre <strong>ce</strong>s personnesdécédées et des anomalies dans les résultats des tests d’aptitudes ou des simulations d’initiation.Un éclair zèbre le ciel, illuminant la salle. Jack secoue la tête.– Bien que <strong>ce</strong>la soulève des questions, la corrélation ne constitue pas une preuve.– Un leader Audacieux vient de tuer un enfant d’une balle dans la tête, riposté-je. On vous a fait unrapport là-dessus ? Ça vous a semblé « digne d’investigation » ?– À vrai dire, oui, on m’en a fait un, me réplique Jack, et tuer un enfant de sang-froid est un crimeterrible qui ne peut rester impuni. Heureusement, le coupable est sous notre garde et nous allons pouvoirle juger. Cependant, nous devons garder à l’esprit que les soldats Audacieux n’ont manifesté <strong>au</strong>cuneintention de s’en prendre à la majorité d’entre nous, alors qu’ils <strong>au</strong>raient pu nous tuer pendant que nousétions inconscients.Des murmures irrités s’élèvent <strong>au</strong>tour de moi.– Leur invasion pacifique suggère qu’un traité de paix avec les Érudits et les <strong>au</strong>tres Audacieux resteenvisageable, poursuit-il. Je vais donc organiser un rendez-vous avec Jeanine Matthews dans les plusbrefs délais pour discuter de <strong>ce</strong>tte possibilité.– Cette invasion n’avait rien de pacifique, objecté-je.D’où je me tiens, je vois la bouche de Tobias éb<strong>au</strong>cher un sourire. Je prends une grande inspiration etje reprends :– Le fait qu’ils ne vous aient pas mis à tous une balle dans la tête ne rend pas pour <strong>au</strong>tant leursintentions honorables. Pourquoi croyez-vous qu’ils soient venus ici ? Juste pour le plaisir de courir dansvos couloirs, de vous endormir et de repartir ?– Je suppose qu’ils sont venus ici à c<strong>au</strong>se de gens comme vous, rétorque Jack. Et bien que je mepréoccupe de votre sécurité, il ne me semble pas justifié de les attaquer simplement par<strong>ce</strong> qu’ils ont tuéune fraction de notre population.– Ils peuvent faire pire que vous tuer, répliqué-je. Ils peuvent vous contrôler.Les lèvres de Jack se retroussent dans un sourire amusé. Amusé !– Tiens donc. Et comment feraient-ils <strong>ce</strong>la ?– Très simplement, répond Tobias. Ils vous ont implanté des aiguilles remplies de transmetteurs desimulation. Et <strong>ce</strong>s simulations vous contrôlent.– On sait comment fonctionnent les simulations, contre-attaque Jack. Le transmetteur n’est pas unimplant permanent. S’ils comptaient nous contrôler, ils l’<strong>au</strong>raient fait tout de suite.– Mais… commencé-je.Il m’interrompt :– Je sais que tu as subi be<strong>au</strong>coup de stress, me dit-il dou<strong>ce</strong>ment, et que tu as rendu un grand servi<strong>ce</strong> à tafaction et <strong>au</strong>x Altruistes. Mais je pense que ton expérien<strong>ce</strong> tr<strong>au</strong>matique a pu compromettre ta capacité àêtre totalement objective. Je ne peux pas lan<strong>ce</strong>r une attaque sur la foi des spéculations d’une petite fille.Je reste pétrifiée, stupéfiée par <strong>au</strong>tant de bêtise. J’ai les joues en feu. À ses yeux, je ne suis doncqu’une gamine. Une gamine poussée par le stress dans la paranoïa. C’est comme ça que les Sincères vontme considérer désormais.