Des gens qui boivent de l’e<strong>au</strong> <strong>au</strong> goulot dans des bouteilles. Et des enfants qui courent entre les groupesd’adultes, vêtus d’habits mêlant les couleurs des cinq factions. Des enfants sans-faction.On est dans un entrepôt d’approvisionnement pour les sans-faction. Et tous <strong>ce</strong>s gens qui sont <strong>ce</strong>nsésvivre dispersés, isolés, exclus d’une commun<strong>au</strong>té… sont rassemblés à l’intérieur. Ensemble, comme unefaction.Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais je suis surprise par leur apparente normalité. Ils ne se battentpas, ne s’évitent pas. Certains racontent des blagues, d’<strong>au</strong>tres se parlent à mi-voix. Mais peu à peu, tousont l’air de comprendre qu’on n’est pas <strong>ce</strong>nsés être là.– Venez, nous dit Edward en nous faisant signe de le suivre. Elle est là-bas.On s’enfon<strong>ce</strong> derrière lui dans le bâtiment soi-disant abandonné, sous les regards fixes et les silen<strong>ce</strong>sdes sans-faction. Je n’arrive plus à refréner mes questions.– Qu’est-<strong>ce</strong> qui se passe, ici ? Pourquoi êtes-vous tous rassemblés comme ça ?– Tu pensais qu’ils… qu’on était tous éparpillés ? demande Edward par-dessus son ép<strong>au</strong>le. Avant, ilsl’étaient. Trop affamés pour faire <strong>au</strong>tre chose que chercher à manger. Mais les Pète-sec ont commencé àleur donner des vivres, des vêtements, des outils. Alors ils ont repris des for<strong>ce</strong>s et ils ont attendu. Ilsvivaient comme ça quand je les ai trouvés, et ils m’ont accueilli.On avan<strong>ce</strong> dans un couloir sombre. Je me sens dans mon élément, dans la pénombre et le silen<strong>ce</strong>, quirappellent <strong>ce</strong>ux des tunnels de la Fosse. En revanche, Tobias fait tourner <strong>au</strong>tour de son index un fil quidépasse de sa chemise, le déroule, le réenroule, encore et encore. Je n’ai toujours pas la moindre idée dela personne qu’on va rencontrer, mais lui le sait. Comment se fait-il que j’en sache <strong>au</strong>ssi peu sur ungarçon qui dit m’aimer – un garçon dont le vrai nom a un impact assez puissant pour acheter notre sécuritédans un wagon empli de gens hostiles ?Edward s’arrête devant une porte métallique et cogne du poing dessus.– Tu disais qu’ils ont attendu, intervient Caleb. Mais attendu quoi, exactement ?– Que le monde s’écroule, lui répond Edward. Et c’est arrivé.La porte s’ouvre et une femme d’aspect <strong>au</strong>stère avec un œil qui louche se dresse dans l’embrasure. Son<strong>au</strong>tre œil nous scrute.– Des jeunes p<strong>au</strong>més ? demande-t-elle.– Pas exactement, Therese.Edward désigne Tobias d’un coup de pou<strong>ce</strong> par-dessus son ép<strong>au</strong>le.– Celui-là est Tobias Eaton.Therese fixe Tobias quelques secondes puis hoche la tête.– Ça ne fait pas de doute. Attendez une minute.Elle referme la porte. Tobias déglutit ; je vois tress<strong>au</strong>ter sa pomme d’Adam.– Tu sais qui elle est partie chercher, pas vrai ? lui demande mon frère.– Caleb, la ferme, s’il te plaît, rétorque Tobias.Contre toute attente, mon Érudit de frère refrène sa curiosité.La porte se rouvre et Therese s’effa<strong>ce</strong> pour nous laisser passer. On entre dans une vieille ch<strong>au</strong>fferiedont les machines surgissent de l’ombre si subitement que je m’y cogne les coudes et les genoux. Theresenous conduit à travers un dédale métallique jusqu’<strong>au</strong> fond de la salle, où plusieurs ampoules pendent duplafond <strong>au</strong>-dessus d’une table.Une femme d’une quarantaine d’années se tient debout derrière la table. Elle a le teint olivâtre et descheveux noirs bouclés. Ses traits sont <strong>au</strong>stères, trop anguleux, sans pour <strong>au</strong>tant que son visage en perde saséduction.Tobias s’agrippe à ma main. À <strong>ce</strong>tte seconde, je me rends compte que <strong>ce</strong>tte femme a le même nez quelui – busqué, bien proportionné sur lui mais un peu trop grand chez elle. Ils ont <strong>au</strong>ssi en commun leurmâchoire puissante, leur menton marqué, une lèvre supérieure fine et des oreilles décollées. Elle est
musclée et élancée comme lui. Seuls leurs yeux sont différents ; <strong>ce</strong>ux de la femme sont si sombres qu’ilssemblent noirs.– Evelyn, dit-il d’une voix un peu tremblante.Evelyn était le prénom de l’épouse de Marcus, la mère de Tobias. Ma main relâche sa pression sur lasienne. Il y a quelques jours à peine, je pensais à son enterrement. Et la voilà debout en fa<strong>ce</strong> de moi,avec un regard plus froid que je n’en ai jamais vu dans les yeux d’une Altruiste.– Bonjour.Elle contourne la table en examinant Tobias.– Tu parais plus vieux, commente-t-elle.– Oui. Tu sais, le temps qui passe, ça a <strong>ce</strong>t effet-là.Il savait qu’elle était vivante. Quand l’a-t-il découvert ?Elle lui sourit :– Ainsi, tu as fini par venir…– Ce n’est pas <strong>ce</strong> que tu crois, la coupe-t-il. On essayait d’échapper <strong>au</strong>x Érudits, et notre seule chan<strong>ce</strong>de nous en sortir était de donner mon nom à tes valets armés de bric et de broc.Il semble avoir une raison de lui en vouloir. Mais une pensée me vient malgré moi : si, après l’avoircrue morte pendant des années, j’apprenais que ma mère était vivante, je ne lui parlerais jamais comme ils’adresse à elle, quoi qu’elle ait pu faire.À la pensée de ma mère, ma gorge se noue. J’essaie de me con<strong>ce</strong>ntrer sur <strong>ce</strong> qui se trouve devant moi.Sur la table, derrière Evelyn, il y a une grande carte couverte de signes tracés <strong>au</strong> feutre. Visiblement unplan de la ville, mais je n’arrive pas à comprendre les annotations. Sur le mur du fond, un graphique estaffiché sur un table<strong>au</strong> noir. Impossible de déchiffrer les in<strong>format</strong>ions qui s’y trouvent, écrites dans unesorte de code que je ne connais pas.Evelyn garde son sourire, mais il n’y a plus tra<strong>ce</strong> de gaieté sur son visage.– Je vois, dit-elle. Eh bien, présente-moi à tes camarades réfugiés.Ses yeux se posent sur nos doigts enlacés. Tobias me lâche vivement et me désigne d’un geste.– Voici Tris Prior. Son frère Caleb. Et leur amie Susan Black.– Prior, répète-t-elle. Je connais plusieurs Prior, mais <strong>au</strong>cune qui s’appelle Tris. Beatri<strong>ce</strong>, enrevanche…– Et moi, coupé-je, je connais plusieurs Eaton, mais <strong>au</strong>cune qui s’appelle Evelyn.– Je préfère Evelyn Johnson. En particulier quand je me trouve entourée par une bande d’Altruistes.– Et je préfère Tris, répliqué-je. Par ailleurs, on n’est pas des Altruistes. En tout cas, pas tous.Evelyn jette un coup d’œil à Tobias.– Tu t’es fait des amis intéressants.– C’est un re<strong>ce</strong>nsement ? demande soudain Caleb en s’approchant du table<strong>au</strong>, la bouche ouverte. Et…attendez… des refuges de sans-faction ? (Il désigne la première ligne, qui indique « 7………………Mais. bche ».) Je parle des endroits signalés sur la carte. Il s’agit bien de refuges, comme <strong>ce</strong>lui-ci ?– Ça fait be<strong>au</strong>coup de questions, remarque Evelyn en h<strong>au</strong>ssant un sourcil.Elle a la même expression que Tobias – et la même méfian<strong>ce</strong> quand on l’interroge.– Pour des raisons de sécurité, je n’y répondrai pas, poursuit-elle. En plus, c’est l’heure du dîner.Elle nous montre la porte. Susan et Caleb se dirigent vers la sortie, suivis par moi, et enfin par Tobiaset sa mère. De nouve<strong>au</strong>, on se fraye un chemin entre les machines de la ch<strong>au</strong>fferie.– Je ne suis pas idiote, dit Evelyn à Tobias à mi-voix. Je sais que tu ne veux pas avoir affaire àmoi – bien que je n’aie toujours pas compris pourquoi.Tobias ricane.– Mais je te réitère mon invitation, reprend-elle. Tu nous serais utile ici, et je sais que tu as la mêmeopinion que moi sur le système des factions…
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