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Je suis devant le siège des Érudits.À l’intérieur, des dizaines de personnes en bleu assises à des tables tapent sur des ordinateurs, sepenchent sur des <strong>livre</strong>s ou font circuler entre elles des feuilles de papier. Be<strong>au</strong>coup sont sûrement debraves gens qui ne comprennent pas <strong>ce</strong> qu’a fait leur faction ; mais si leur siège s’écroulait sur eux sousmes yeux, je ne sais pas si je trouverais en moi la grandeur d’âme de m’en affliger.Dans un instant, je ne pourrai plus faire demi-tour. Le froid me pique les joues et les mains tandis quej’hésite. Je peux encore partir. Retourner me réfugier chez les Audacieux. Espérer, prier pour que pluspersonne ne meure à c<strong>au</strong>se de mon égoïsme.Mais si je partais, la culpabilité, le poids de la vie de Will, de <strong>ce</strong>lle de mes parents, et maintenant, de<strong>ce</strong>lle de Marlene, me briseraient les os, m’empêcheraient de respirer.J’avan<strong>ce</strong> lentement vers le bâtiment et je pousse la porte.Je n’ai pas d’<strong>au</strong>tre moyen pour éviter d’étouffer.***Mes pieds franchissent le seuil et, pendant une seconde, je me tiens devant le portrait géant de JeanineMatthews sans que personne ne me remarque, pas même les deux gardes Audacieux qui font les <strong>ce</strong>nt pasprès de la porte. Je me dirige vers le bure<strong>au</strong> de l’accueil, où un homme d’une quarantaine d’années <strong>au</strong>crâne dégarni trie une pile de feuilles. Je pose mes mains sur le comptoir.– Excusez-moi.– Donnez-moi une minute, répond-il sans lever les yeux.– Non.Cette fois, il lève le nez, les lunettes de travers, avec l’air de quelqu’un qui va me remettre à ma pla<strong>ce</strong>.Quelle que soit la phrase qu’il préparait, elle reste coincée dans sa gorge. Il me fixe bouche bée, ses yeuxallant de mon visage à mon sweat-shirt noir.Malgré ma terreur, son expression m’amuse. Je lui adresse un petit sourire en cachant mes mains quitremblent.– J’ai cru comprendre que Jeanine Matthews souhaitait me voir, dis-je. Je vous serais reconnaissantede bien vouloir la prévenir.Il fait un signe <strong>au</strong>x gardes Audacieux, mais c’est inutile. Ils ont pigé. D’<strong>au</strong>tres soldats s’approchent desquatre coins de la salle et me <strong>ce</strong>rnent, sans me toucher ni me parler. Je scrute leurs visages en tâchant deparaître la plus calme possible.– Divergente ? me demande enfin l’un d’eux, tandis que le type de l’accueil décroche le ré<strong>ce</strong>pteur dusystème de communication du siège.En serrant les poings, je parviens à empêcher mes mains de trembler. Je réponds <strong>au</strong> soldat d’unhochement de tête affirmatif.Mes yeux se dépla<strong>ce</strong>nt vers un groupe d’Audacieux qui sort de l’as<strong>ce</strong>nseur situé à g<strong>au</strong>che de l’entrée,et les muscles de mon visage s’affaissent : Peter arrive vers moi.Un millier de réactions possibles assaillent mon esprit ; je pourrais me jeter à la gorge de Peter, oufondre en larmes, ou tenter une blague. F<strong>au</strong>te de me décider, je reste immobile à l’observer. À tous lescoups, Jeanine avait prévu que je viendrais et elle a choisi Peter exprès pour m’accueillir.– On a reçu l’ordre de te conduire en h<strong>au</strong>t, m’annon<strong>ce</strong>-t-il.Je voudrais riposter par une remarque cinglante, ou nonchalante, mais le seul son qui sort de ma gorge

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