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que sur tous <strong>ce</strong>s regards insistants.– Tris ? lan<strong>ce</strong> quelqu’un devant nous.En relevant la tête, je vois Uriah et Christina sur le trottoir, en train de comparer des pistolets. Uriahjette son arme dans l’herbe et s’approche en courant. Christina le suit, plus lentement.Uriah tend les bras vers moi, mais Tobias l’arrête d’une main sur l’ép<strong>au</strong>le. J’éprouve un élan degratitude. Dans l’immédiat, je ne crois pas que je pourrais supporter l’étreinte d’Uriah, ni ses questions,ni sa surprise.– Elle en a bavé, explique Tobias. Elle a besoin de sommeil. Elle sera <strong>au</strong> numéro trente-sept, plus basdans la rue. Venez la voir demain.Uriah me regarde en fronçant les sourcils. En règle générale, les Audacieux n’ont pas le sens de laretenue et il n’a jamais rien connu d’<strong>au</strong>tre que sa faction. Mais apparemment, il respecte le diagnostic deTobias, par<strong>ce</strong> qu’il dit en hochant la tête :– OK. À demain, alors.Christina tend une main sur mon passage et me presse dou<strong>ce</strong>ment l’ép<strong>au</strong>le. Je tâche de me redresser,mais mes muscles me font l’effet d’une cage qui me bloque en position voûtée. Les regards continuent àme suivre tout le long de la rue, me donnant des picotements dans la nuque. Je suis soulagée quand Tobiass’arrête devant le portillon de la maison grise qui était <strong>ce</strong>lle de Marcus Eaton.Je ne sais pas comment il trouve la for<strong>ce</strong> de franchir <strong>ce</strong>tte porte. Pour lui, <strong>ce</strong>tte maison doit renfermerles échos de ses parents qui crient, de <strong>ce</strong>intures qui claquent et d’heures passées dans des réduitsobscurs ; pourtant, il n’a pas l’air troublé en nous conduisant, Peter et moi, à la cuisine. Il me paraît mêmeplus grand et plus droit que d’habitude. Mais c’est peut-être justement une de ses caractéristiques : c’estquand il devrait être faible qu’il est le plus fort.La cuisine est occupée par Tori, Harrison et Evelyn. Cette image me submerge. Je m’appuie contre lemur et je ferme les yeux en serrant très fort les p<strong>au</strong>pières. Les contours de la table d’exécution sontimprimés sur ma rétine. Je rouvre les yeux. J’essaie de respirer. Ils parlent mais je ne les entends pas.Que fait Evelyn ici, chez Marcus ? Où est Marcus ?Evelyn passe un bras <strong>au</strong>tour des ép<strong>au</strong>les de Tobias et lui caresse le visage en pressant sa joue contre lasienne. Elle lui dit quelque chose et il s’écarte avec un sourire. Mère et fils, réconciliés. Je ne suis passûre que <strong>ce</strong> soit une bonne idée.Tobias me fait pivoter et me pousse vers l’escalier, une main sur mon bras et l’<strong>au</strong>tre sur ma taille, pourne pas toucher ma blessure. On monte les marches ensemble.En h<strong>au</strong>t, il y a l’ancienne chambre de ses parents et la sienne, séparées par une salle de bains, et c’esttout. Il me fait entrer dans sa chambre et je reste immobile un moment, à regarder la piè<strong>ce</strong> où il a passéson enfan<strong>ce</strong>.Sa main est toujours sur mon bras. Depuis qu’on a quitté la cage d’escalier du bâtiment où on s’estréfugiés, il a maintenu avec moi un contact physique permanent, comme s’il craignait que je ne me brises’il me lâchait.– Je suis à peu près sûr que Marcus n’est pas entré dans <strong>ce</strong>tte chambre depuis mon départ, dit-il. Quandje suis revenu, rien n’avait été déplacé.Les Altruistes décorent très peu leurs maisons, par<strong>ce</strong> que c’est considéré comme futile. Mais le peud’objets <strong>au</strong>xquels on a droit, Tobias les a. Une pile de devoirs scolaires. Une petite bibliothèque. Et,curieusement, une sculpture en verre bleu sur sa commode.– Ma mère me l’avait rapportée en dou<strong>ce</strong> quand j’étais petit. En me disant de la cacher. Le jour de lacérémonie, je l’ai mise sur ma commode avant de partir. Pour qu’il la voie. Une petite provocation.Je hoche la tête pour montrer que je comprends. Ça fait un drôle d’effet d’être dans une piè<strong>ce</strong> quicontient en soi la totalité d’un souvenir. Cette piè<strong>ce</strong>, c’est Tobias, seize ans, qui s’apprête à choisir lesAudacieux pour échapper à son père.

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