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– Oui, dis-je. Moi <strong>au</strong>ssi.***Je ne mesure pas le temps qui s’écoule avant que les sans-faction nous indiquent de des<strong>ce</strong>ndre. Maisquand ils donnent le signal, on est arrivés dans le secteur de la ville où ils vivent, à environ mille cinq<strong>ce</strong>nts mètres de là où j’ai grandi. Je reconnais tous les bâtiments : je passais devant en rentrant de l’écolequand j’avais manqué le bus. Celui <strong>au</strong>x briques cassées. Celui sur lequel s’appuie un lampadaire arraché.On se tient tous les quatre devant la porte du wagon, les uns derrière les <strong>au</strong>tres. Susan gémit.– Et si on se blesse ?Je lui prends la main.– On va s<strong>au</strong>ter ensemble, toutes les deux. J’ai fait ça des dizaines de fois et je ne me suis jamais faitmal.Elle ac<strong>ce</strong>pte d’un hochement de tête et me serre les doigts à me les broyer.– À trois, dis-je. Un, deux, trois !Je l’entraîne avec moi. Mes pieds frappent le sol et continuent leur course sur quelques pas. Susantombe sur le trottoir et roule sur le côté. À part un genou écorché, apparemment, elle n’a rien. Les <strong>au</strong>tresse ré<strong>ce</strong>ptionnent sans mal, même Caleb, pour qui <strong>ce</strong> n’est que la deuxième fois, à ma connaissan<strong>ce</strong>.Je ne vois pas trop qui peut connaître Tobias parmi les sans-faction. À part Drew ou Molly, qui ontéchoué à l’initiation des Audacieux ; mais ils ignoraient son vrai nom. Sans compter qu’Edward les apeut-être déjà tués, si j’en juge par ses dispositions à vouloir nous faire peur. Il doit s’agir de quelqu’unqui vient des Altruistes, ou de son lycée.Susan semble s’être calmée. Elle marche toute seule à côté de Caleb et a séché ses larmes.Tobias, à mes côtés, m’effleure l’ép<strong>au</strong>le.– Ça fait un moment que je n’ai pas regardé <strong>ce</strong>tte ép<strong>au</strong>le, me dit-il. Comment ça va ?– Plutôt bien. J’ai eu la bonne idée d’emporter le médicament antidouleur.Ça me fait du bien de parler de quelque chose de léger, pour <strong>au</strong>tant qu’une blessure puisse entrer dans<strong>ce</strong>tte catégorie.– En revanche, il f<strong>au</strong>drait que je fasse plus attention si je veux qu’elle guérisse. Je n’arrête pas de meservir de mon bras ou d’atterrir dessus.– On <strong>au</strong>ra tout le temps de s’en occuper quand tout sera fini.– Ouais.« Ou ça n’<strong>au</strong>ra plus d’importan<strong>ce</strong> puisque je serai morte », ajouté-je en mon for intérieur.– Tiens, dit-il en sortant un canif de sa poche arrière. Au cas où.Je glisse le coute<strong>au</strong> dans ma poche, en me sentant encore plus nerveuse qu’avant.Les sans-faction nous font tourner à g<strong>au</strong>che dans une ruelle crasseuse qui sent les détritus. Des ratss’enfuient devant nous avec des petits cris effrayés et je vois leurs queues disparaître entre les mon<strong>ce</strong><strong>au</strong>xd’ordures, les poubelles vides et les cartons détrempés. Je respire par la bouche pour ne pas vomir.Edward s’arrête à côté d’un des bâtiments en briques délabrés et ouvre une porte en métal qui résiste.Je grima<strong>ce</strong>, avec l’impression que l’édifi<strong>ce</strong> pourrait s’écrouler s’il tire trop fort. Les fenêtres sontrecouvertes d’une couche de crasse si épaisse qu’elle bloque presque toute la lumière. On entre derrièreEdward dans une piè<strong>ce</strong> froide et humide. À la lumière vacillante d’une lanterne, je distingue… des gens.Des gens assis par terre à côté de couvertures roulées. Des gens qui ouvrent des boîtes de conserve.

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