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Il remonte mon jean sur ma jambe. Ses doigts laissent un sillage de fraîcheur sur ma pe<strong>au</strong>, invisible àl’œil, qui me donne envie d’empoigner sa chemise et de l’attirer à moi pour l’embrasser ; envie de mecoller contre lui. Mais je ne peux pas, pas avec tous <strong>ce</strong>s secrets qu’il y a entre nous et qui nous séparent.Mon genou saigne.– C’est superficiel, diagnostique Tobias. Ce sera vite guéri.J’acquies<strong>ce</strong> d’un hochement de tête. J’ai déjà moins mal. Il roule mon jean pour qu’il ne retombe pas etje m’allonge, les yeux <strong>au</strong> plafond.– Il est toujours dans ton paysage des peurs ? demandé-je en me tournant vers lui.C’est comme si quelqu’un avait enflammé une allumette dans ses yeux.– Oui. Mais plus dans le même rôle.Il m’a dit un jour que son paysage des peurs n’avait pas évolué depuis la toute première fois qu’ill’avait traversé, pendant son initiation. S’il y a un changement, <strong>au</strong>ssi ténu soit-il, c’est déjà ça.– Toi <strong>au</strong>ssi, tu y es, reprend-il. (Il fixe ses mains en fronçant les sourcils.) Au lieu de devoir tirer surune femme, comme avant, je dois te regarder mourir. Sans pouvoir rien y faire.Ses mains tremblent. Je cherche les mots qui pourraient l’apaiser, mais je ne peux pas lui promettreque je ne vais pas mourir. On vit dans un monde dangereux, et je ne tiens pas à la vie <strong>au</strong> point d’être prêteà tout pour survivre. Je ne peux pas le rassurer.Il consulte sa montre.– Ils seront là d’une minute à l’<strong>au</strong>tre.Je me lève et je vois Evelyn et Edward <strong>au</strong> bord des rails devant le train. Ils commen<strong>ce</strong>nt à courir unpeu avant qu’il arrive à leur nive<strong>au</strong>, et s<strong>au</strong>tent dedans avec la même aisan<strong>ce</strong> que Tobias. Ils ont dûs’entraîner.Edward me décoche un petit sourire satisfait. Il porte un bande<strong>au</strong> sur son œil, brodé d’un gros « X »bleu.– Salut, dit Evelyn.Elle ne s’adresse qu’à son fils, comme si je n’existais pas.– Sympa, comme lieu de rendez-vous, observe Tobias.La nuit est presque tombée et on ne distingue plus que les contours des immeubles se détachant sur unciel bleu foncé et des lumières près du lac, probablement <strong>ce</strong>lles du siège des Érudits.Le train prend un virage qui l’écarte de son trajet habituel ; il file dans la direction opposée deslumières des Érudits, vers la g<strong>au</strong>che et la partie abandonnée de la ville. Au silen<strong>ce</strong> qui se fait peu à peudans le wagon, je devine qu’on ralentit.– Ça nous a paru l’endroit le plus sûr, répond Evelyn. Donc, tu voulais nous voir ?– Oui. J’aimerais discuter d’une allian<strong>ce</strong>.– Une allian<strong>ce</strong>, répète Edward. Et qui t’a donné l’<strong>au</strong>torité pour ça ?– Il n’a pas besoin qu’on la lui donne. Il fait partie des leaders Audacieux, répliqué-je.Edward h<strong>au</strong>sse les sourcils, l’air impressionné.Evelyn se décide enfin à me regarder, juste une seconde, avant de se tourner de nouve<strong>au</strong> vers Tobias.– Intéressant, lui dit-elle en souriant. Et elle <strong>au</strong>ssi ?– Non, répond Tobias. Elle est venue m’aider à décider si on pouvait vous faire confian<strong>ce</strong>.Evelyn pin<strong>ce</strong> les lèvres. J’ai bien envie de la toiser, histoire d’enfon<strong>ce</strong>r le clou. Mais je me contented’un petit sourire.– Bien sûr, nous sommes prêts à ac<strong>ce</strong>pter une allian<strong>ce</strong>, dit-elle. À <strong>ce</strong>rtaines conditions. La garantied’un partage équilibré du pouvoir dans le gouvernement qui serait formé après la destruction des Érudits.Et le contrôle total sur les données des Érudits. Clairement…– Que comptez-vous faire de <strong>ce</strong>s données ? la coupé-je.– Les détruire, évidemment. Le seul moyen de mettre les Érudits hors d’état de nuire est de les priver

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