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la porte.Et tout le monde court.On fon<strong>ce</strong>, haletants, dans l’allée <strong>ce</strong>ntrale du verger. L’air nocturne est lourd comme une couverture,chargé d’une odeur de pluie. Des cris nous poursuivent. Des portières de voitures claquent. Je cours plusvite que je n’en ai jamais été capable, comme si je respirais de l’adrénaline à la pla<strong>ce</strong> d’oxygène. Leronronnement des moteurs se rapproche sous les arbres. La main de Tobias se referme sur la mienne.On traverse un champ de maïs en file indienne. Entre-temps, les voitures nous ont rattrapés. La lumièrede leurs phares se f<strong>au</strong>file entre les h<strong>au</strong>tes tiges, éclairant une feuille ici, un épi ailleurs.– Dispersez-vous ! crie quelqu’un dans le groupe – peut-être Marcus.On s’éparpille en éventail à travers le champ. J’attrape Caleb par le bras. Le souffle haché de Susandans mon dos m’indique qu’elle nous suit toujours.On écrase les tiges de maïs, dont les feuilles coupantes m’entaillent les bras et les jambes. Je cours lesyeux fixés entre les omoplates de Tobias. J’entends un bruit sourd suivi d’un cri. Des cris partout, sur mag<strong>au</strong>che, sur ma droite. Des coups de feu. Les Altruistes ont recommencé à mourir, comme pendant lasimulation. Et je continue à courir.On atteint enfin la Clôture. Sans ralentir, Tobias la longe en poussant dessus jusqu’à <strong>ce</strong> qu’il trouve untrou. Il maintient les maillons du grillage écartés pendant qu’on se f<strong>au</strong>file de l’<strong>au</strong>tre côté, Caleb, Susan etmoi. Avant de reprendre ma course, je me retourne vers le champ de maïs. Je distingue des phares quiluisent <strong>au</strong> loin. Mais je n’entends plus rien.– Où sont les <strong>au</strong>tres ? murmure Susan.– C’est fini.Elle laisse échapper un sanglot. Tobias m’attire rudement vers lui et se met en marche. Mon visage mebrûle à c<strong>au</strong>se des dizaines de petites coupures infligées par les feuilles de maïs, mais mes yeux restentsecs. La mort de <strong>ce</strong>s Altruistes n’est qu’un poids de plus que je dois porter.Restant à distan<strong>ce</strong> du chemin de terre par lequel les Érudits et les Audacieux sont arrivés chez lesFraternels, on suit la voie ferrée en direction de la ville. Il n’y a nulle part où se cacher ici, ni arbres nibâtiments pour s’abriter, mais <strong>ce</strong> n’est pas grave. De toute façon, les voitures des Érudits ne peuvent pasfranchir la Clôture, et ils vont mettre un moment à atteindre le portail.– J’ai besoin de… faire une p<strong>au</strong>se, dit Susan dans le noir, quelque part derrière moi.On s’arrête. Elle s’effondre par terre en pleurant et Caleb s’agenouille à côté d’elle. Tobias et moi, onobserve la ville, toujours illuminée puisqu’il n’est pas encore minuit. Je voudrais ressentir quelquechose. De la peur, de la colère, du chagrin. Mais je ne sens rien. Juste le besoin de continuer à avan<strong>ce</strong>r.Tobias se tourne vers moi.– Tu m’expliques, Tris ?– Quoi ? demandé-je d’une voix faible dont je ne suis pas fière.Je ne sais pas s’il me parle de Peter, de <strong>ce</strong> qui s’est passé juste avant ou encore d’<strong>au</strong>tre chose.– Tu étais pétrifiée ! Tu étais sur le point de te faire tuer et tu es restée là sans bouger !Il me crie dessus, maintenant.– Je pensais pouvoir compter sur toi <strong>au</strong> moins pour défendre ta propre vie !– Hé ! intervient Caleb. Laisse-la tranquille, d’accord ?– Non, riposte Tobias en me fixant. Elle a surtout besoin d’être secouée !Sa voix s’adoucit.– Qu’est-<strong>ce</strong> qui s’est passé ?Il s’imagine encore que je suis forte, assez forte pour pouvoir me passer de sa compassion. Avant, jelui donnais raison, mais je n’en suis plus si sûre. Je m’éclaircis la gorge.– J’ai paniqué, avoué-je. Ça ne se reproduira pas.Il h<strong>au</strong>sse un sourcil.

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