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mes pas.Je passe par hasard devant la fontaine à e<strong>au</strong> où Peter, Drew et Al m’ont attaquée. Ce jour-là, j’aiidentifié Al à son odeur et encore <strong>au</strong>jourd’hui, je peux faire remonter à mes narines le parfum de lacitronnelle. Je l’associe désormais non plus à mon ami, mais <strong>au</strong> sentiment d’impuissan<strong>ce</strong> qui m’asubmergée tandis qu’ils me traînaient jusqu’<strong>au</strong> gouffre.Je presse le pas, les yeux grands ouverts pour ne pas me laisser envahir par l’image de l’agression. Ilf<strong>au</strong>t que je m’éloigne d’ici, des lieux où je me suis fait attaquer par l’un de mes meilleurs amis, où Peter apoignardé Ed, où l’armée aveugle de mes camarades a entamé sa marche vers le secteur des Altruistes etoù toute <strong>ce</strong>tte folie a commencé.Je vais droit <strong>au</strong> dernier endroit où je me suis sentie en sécurité : le studio de Tobias. À la minute oùj’arrive devant sa porte, je me sens plus apaisée.Elle est mal fermée et je la pousse du bout du pied. Tobias n’est pas là. Je m’assieds sur son lit, jeramasse sa couette entre mes bras et j’y enfouis le visage. Son odeur a presque disparu, depuis le tempsqu’il n’a pas dormi dessous.Il ouvre la porte. Je laisse mollement retomber la couette sur mes genoux. Comment vais-je expliquerma présen<strong>ce</strong> ici ? Je suis <strong>ce</strong>nsée être en colère contre lui.Son regard reste neutre mais à sa bouche crispée, il est évident que lui est en colère contre moi.– Ne fais pas l’imbécile, lâche-t-il.– Pardon ?– Tu mentais. Tu mentais en disant que tu n’irais pas chez les Érudits. Et aller chez les Érudits ferait detoi une imbécile. Ne fais pas ça.Je me lève en lâchant la couette.– N’essaie pas de présenter ça comme une question simple. Elle ne l’est pas. Tu sais <strong>au</strong>ssi bien quemoi que c’est <strong>ce</strong> qu’il f<strong>au</strong>t faire.– C’est le moment que tu choisis pour jouer à l’Altruiste ?Sa voix emplit la chambre, faisant monter des frissons de peur dans ma poitrine. Sa colère est brutale.Inquiétante.– Après avoir répété en boucle que tu étais trop égoïste pour eux, voilà que tu te sens obligée de jouerles héroïnes, pile quand ça met ta vie en jeu ? Qu’est-<strong>ce</strong> qui cloche chez toi ?– Je te retourne la question ! Quelqu’un est mort ! Marlene s’est jetée du h<strong>au</strong>t d’une tour ! Et moi, j’aile moyen d’empêcher que ça se reproduise !– Tu as trop d’importan<strong>ce</strong> pour… mourir comme ça.Il secoue la tête en esquivant mon regard. Ses yeux papillonnent sur mon visage, sur le mur derrièremoi, le plafond, se posent partout s<strong>au</strong>f sur les miens. La surprise m’a fait oublier ma colère.– Je n’ai <strong>au</strong>cune importan<strong>ce</strong>, dis-je. Les <strong>au</strong>tres se passeront très bien de moi.– On s’en fout des <strong>au</strong>tres ! Et moi, alors ?Il baisse la tête en posant une main sur ses yeux. Ses doigts tremblent.Puis il me rejoint en deux enjambées et pose sa bouche sur la mienne. En une seconde, <strong>ce</strong> contact aeffacé les dernières semaines et je suis de nouve<strong>au</strong> la fille qui l’a embrassé pour la première fois, assisesur un rocher <strong>au</strong>-dessus du gouffre, les chevilles éclaboussées d’écume. Celle qui lui a pris la main dansle couloir simplement par<strong>ce</strong> qu’elle en avait envie.Je m’écarte, une main sur sa poitrine pour le maintenir à distan<strong>ce</strong>. L’ennui, c’est que je suis <strong>au</strong>ssi lafille qui a tiré sur Will et qui l’a caché, <strong>ce</strong>lle qui a choisi entre Hector et Marlene, et qui a fait mille<strong>au</strong>tres choses encore. Des choses que je ne peux pas effa<strong>ce</strong>r.– Tu t’en sortirais très bien.Je ne le regarde pas. Je regarde le pan de coton de son tee-shirt entre mes doigts, la ligne à l’encrenoire qui sinue dans son cou, mais pas son visage.

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