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OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

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88 PSYCHE.<br />

une partie en rêvant h la visite qu'elle étoit prête <strong>de</strong><br />

recevoir, une autre partie en dormant. Et à son lever<br />

elle fut toute étonnée que <strong>les</strong> nymphes lui amenèrent<br />

ses sœurs. <strong>La</strong> joie <strong>de</strong> Psyché ne fut pas moindre que sa<br />

<strong>sur</strong>prise : elle en donna mille marques, mille baisers,<br />

que ses sœurs reçurent au moins mal qui leur fut<br />

possible, et avec toute la dissimulation dont el<strong>les</strong> se<br />

trouvèrent capab<strong>les</strong>. Déjà l'envie s'étoit emparée du<br />

cœur <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux personnes. « Comment! on <strong>les</strong> avoit<br />

fait attendre que leur sœur fût éveillée!<br />

Etoit-elle d'un<br />

autre sang? avoit-elle <strong>plus</strong> <strong>de</strong> mérite que ses aînées?<br />

Leur ca<strong>de</strong>tte être une déesse, et el<strong>les</strong> <strong>de</strong> chétives<br />

reines! <strong>La</strong> moindre chambre <strong>de</strong> ce palais valoit dix<br />

royaumes comme ceux <strong>de</strong> leurs maris! Passe encore<br />

pour <strong>de</strong>s richesses, mais <strong>de</strong> la divinité, c'étoit trop. Hé<br />

quoi ! <strong>les</strong> mortel<strong>les</strong> n'étoient pas dignes <strong>de</strong> la servir ! on<br />

voyoit une douzaine <strong>de</strong> nymphes à<br />

l'entour d'une toilette,<br />

à l'entour d'un bro<strong>de</strong>quin : mais quel bro<strong>de</strong>quin!<br />

qui valoit autant que tout ce qu'el<strong>les</strong> avoient coûté<br />

hal>its <strong>de</strong>puis qu'el<strong>les</strong> étoient au mon<strong>de</strong>. »<br />

en<br />

C'est ce qui<br />

rouloit au cœur <strong>de</strong> ces femmes, ou pour mieux dire <strong>de</strong><br />

ces furies : je ne <strong>de</strong>vrois <strong>plus</strong>' <strong>les</strong> appeler autrement.<br />

Cette première ent<strong>rev</strong>ue se passa pourtant comme il<br />

faut, grâces à la franchise <strong>de</strong> Psyché et à la dissimulation<br />

<strong>de</strong> ses sœurs. Leur ca<strong>de</strong>tte ne s'habilla qu'à <strong>de</strong>mi,<br />

tant il tardoit à la belle <strong>de</strong> leur montrer sa béatitu<strong>de</strong>!<br />

Elle commença par le<br />

point le <strong>plus</strong> important, c'est-àdire<br />

par <strong>les</strong> habits, et par l'attirail que le sexe traîne<br />

après lui^. Il étoit rangé dans <strong>de</strong>s magasins dont à peine<br />

on voyoit le bout : vous savez que cet attirail est une<br />

chose infinie. Là se renconlroit avec abondance ce qui<br />

contribue non seulement à la propreté, mais à la déli-<br />

I. Pas. (1729.) — 2. L'attirail <strong>de</strong>s coquettes : tome IV, p. 379.

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