OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

OPUSCULES EN PROSE. 809
renverser ceux de cette grandeur qui ne se promettoit
pas moins que l'empire de tout le monde, je veux dire,
de la monarchie d'Espagne'. Quand il n'auroit remporté
de son ministère que la gloire d'un tel projet, ce seroit
encore beaucoup; il alla plus loin : il sut ménager des
associations et des ligues contre le colosse qu'il vouloit
que l'on abattît. Il lui donna des atteintes^ qui l'ébranlèrent
: mais ce dessein dans la suite n'en fut que plus
malaisé à exécuter; car la jalousie et la crainte firent
tourner contre nous ces mêmes armes; et ce que nous
avions entrepris avec l'aide des autres princes, il a fallu
que Louis le Grand l'ait achevé malgré eux.
Après la mort de votre premier Protecteur, vous lui
fites
succéder un chancelier^ consommé dans les affaires
I. Corneille, Discours de réception à FAcadémie (tome X, p. 4lo).
1. Tome VI, p. aSg et note 8; et ci-dessus, p. igS.
3. Pierre Scguier, chancelier de France, né à Paris le 29 mai
i588, mort à Saint-Germain-en-Laye le a8 janvier 1672. Il fut
le second protecteur de l'Académie française" : « Lorsque le
Cardinal fut mort, l'Académie,
qui s'assembloit chez M. Séguier,
qui s'y est assemblée jusqu'à sa mort, et qui counoissoit ses
talents admirables, le fit son protecteur, qualité que Louis le
Grand n'a pas dédaigné de joindre à celle de roi de France et
de Navarre, comme on le voit dans les jetons qui se donnent à
l'Académie tous les jours qu'elle s'assemble. Il étoit aussi Protecteur
de l'Académie royale de Peinture et Sculpture, et de tous
les savants auxquels il procuroit des grâces du Roi, et leur en
faisoit de très considérables de son propre fonds. Il n'y avoit
point, de son temps, aucun particulier qui eût une plus belle
bibliothèque que la sienne, toujours ouverte à toutes les personnes
de mérite qui desiroient la voir et même en profiter. »
{Les Hommes illustres (jui ont paru en France pendant ce siècle, par
M. Perrault, de l'Académie françoise, Paris, 1697, in-fol., tome I,
p. 3o.) Voyez auiSÏVHistoire de TAcadémie françoise, j)ar Pellisson,
Paris, 1729, in-4% p. 74-78, et p. 176 et suivantes; le Discours
" Protecteurs: le cardinal de Richelieu, jusqu'en 1642; Séguier, de
1642 à 1672; Louis XIV, de 1672 a 1715. (En tète delà liste des membres
de l'Académie, p. 371 ilLcVlIistnirc de l'Académie, par Pellisson.)