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OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

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272 LE SONGE DE VAUX.<br />

pauvre cygne. « Ce n'est pas, ajouta Lycidas, que tous<br />

<strong>les</strong> cygnes chantent en mourante Bien que cette tradition<br />

soit fort ancienne parmi <strong>les</strong> poètes, on en peut<br />

douter sans impiété, aussi bien que <strong>de</strong> <strong>plus</strong>ieurs autres<br />

artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> leur croyance. Afin <strong>de</strong> t'expliquer ceci, tu as<br />

lu sans doute que Jupiter emprunta autrefois le corps<br />

d'un<br />

cygne pour approcher <strong>plus</strong> facilement <strong>de</strong> Lè<strong>de</strong>^;<br />

et parce que, lui ayant chanté son amour sous cette<br />

figure, elle<br />

en fut touchée, et que Jupiter reprit incontinent<br />

la forme <strong>de</strong> dieu, il ordonna, en mémoire <strong>de</strong><br />

cette aventure, qu'autant <strong>de</strong> fois que l'âme du cygne<br />

où il avoit logé passeroit d'un animal <strong>de</strong> la même<br />

espèce en quelque autre corps, cet animal chanteroit<br />

si mélodieusement que chacun en seroit charmé. Or, je<br />

m'imagine que, quelque ancien poète en ayant entendu<br />

chanter un, cela a donné lieu à l'opinion qui est répandue<br />

dans leurs livres pour tous <strong>les</strong> autres. »<br />

Tandis que Lycidas m'entre tenoit <strong>de</strong> la sorte, nous<br />

vîmes arriver Sylvie, accompagnée <strong>de</strong>s Grâces et d'un<br />

très grand nombre d'Amours <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> manières.<br />

Elle s'assit dans un fauteuil, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> bords du canal où<br />

étoit le cygne ;<br />

et aussitôt <strong>La</strong>mbert, ayant accordé son<br />

téorbe', chanta un air <strong>de</strong> sa façon qui étoit admirablement<br />

beau; et le chanta si bien, qu'il mérita d'être loué<br />

<strong>de</strong> Sylvie, et fut ensuite abandonné aux louanges <strong>de</strong><br />

tous ceux qui étoient présents. L'un l'appeloit Orphée;<br />

1. Sur le chant, <strong>plus</strong> ou moins mélodieux, du cygne, comparez<br />

la fable xii du livre III (tome I, p. 236 et note 7).<br />

2. L<strong>éd</strong>a.<br />

3. Te'orbe, théorbe, tuorbe ou tiorbe, instrument <strong>de</strong> musique,<br />

inventé au commencement du seizième siècle par un Italien du<br />

nom <strong>de</strong> Bar<strong>de</strong>lla. « Le téorbe est <strong>plus</strong> grand que le luth, et a<br />

<strong>de</strong>ux têtes, l'une pour <strong>les</strong> cor<strong>de</strong>s qui se doigtent <strong>sur</strong> le manche,<br />

l'autre pour <strong>les</strong> grosses cor<strong>de</strong>s qui servent pour <strong>les</strong> basses et qui<br />

se pincent à vi<strong>de</strong>. » (Fétis, Dictionnaire <strong>de</strong> musique, p. 425.)

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