OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

3g6 POÉSIES DIVERSES.
Que son front en brilloit ! qu'il en fut allumé !
Et qu'avecque raison l'un et l'autre hémisphère
Craignit devant les temps d'en être consumé! 40
N'approche pas ;
car notre vue
Ne peut souffrir tant de rayons :
Sans te voir, Seigneur, nous croyons
Que ta présence en est pourvue.
Quoi! tu viens pour tes alliés! 45
Les cicux s'abaissent sous tes pieds ;
Les vents, les chérubins, te portent sur leurs ailes* :
Et ce nuage épais qui couvre ta grandeur
Veut rendre supportable à nos foibles prunelles
De ton trône enflammé l'éclatante splendeur*.
5o
TeP, tu trompas la gent noircie
Dont le Nil arrose les champs,
Quand la foule de ces méchants
Fut par les vagues éclaircie
;
Tel, ton courroux suivi d'éclairs 55
Fondit sur eux du haut des airs,
Envoya dans leur camp la terreur et la foudre,
1. Et ascendit super cherubim et volavit ; volavit super pennas ventorum.
(Psaume xvii, verset 11.)
a. Baissa le ciel, de descendre print cure,
Ayant soubz piedz une brouée obscure ;
Monté estoit sur ung esprit mouuent,
Voloit guindé sur les esles du vent,
Et se cachoit dedans les noires nues
Pour tabernacle autour de luy tendues.
(>Iarot, imitation citée, vers a5-3o.)
3. Il y a comme un souvenir de ces vers de la Fontaine dans
la fameuse strophe de VOde sur la mort de J.'B. Rousseau^ par Lefranc
de Pompignan :
Le Nil a vu sur ses rivages
Les noirs habitants des déserts, etc.