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OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

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i32<br />

PSYCHE.<br />

qu'el<strong>les</strong> la portassent vers l'autre rive,<br />

qui ctoit moins<br />

haute et <strong>plus</strong> agréable que celle-là, près <strong>de</strong> quelque<br />

habitation.<br />

Les nymphes lui obéirent avec beaucoup <strong>de</strong><br />

plaisir : el<strong>les</strong> se rendirent toutes à l'endroit où étoit la<br />

belle,<br />

et se cachèrent sous le rivage.<br />

Psyché faisoit alors <strong>de</strong>s réflexions <strong>sur</strong> son aventure,<br />

ne sachant que conjecturer du <strong>de</strong>ssein <strong>de</strong> son mari, ni<br />

à quelle mort se résoudre. A la fin, tirant <strong>de</strong> son cœur<br />

un profond soupir : « Eh bien! dit-elle, je finirai ma<br />

vie dans <strong>les</strong> eaux : veuillent seulement <strong>les</strong> Destins que<br />

ce supplice te soit agréable ! » Aussitôt elle se précipita<br />

dans le fleuve, bien étonnée <strong>de</strong> se voir incontinent entre<br />

<strong>les</strong> bras <strong>de</strong> Cymodocé et <strong>de</strong> la gentille Nais. Ce fut la<br />

<strong>plus</strong> heureuse rencontre du mon<strong>de</strong>. Ces <strong>de</strong>ux nymphes<br />

ne faisoient presque que <strong>de</strong> la quitter : car l'Amour en<br />

avoit choisi <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> sortes et dans tous <strong>les</strong> chœurs<br />

pour servir <strong>de</strong> fil<strong>les</strong><br />

d'honneur à notre héroïne pendant<br />

le temps bienheureux où clic avoit part aux afiections<br />

et à<br />

la fortune d'un dieu.<br />

Cette rencontre, qui <strong>de</strong>voit du moins lui apporter<br />

quelque consolation, ne lui apporta au contraire que du<br />

déplaisir. Comment se résoudre sans mourir à paroître<br />

ainsi malheureuse et abandonnée <strong>de</strong>vant cel<strong>les</strong> qui la<br />

servoient il n'y avoit pas <strong>plus</strong> d'une heure? Telle est<br />

la folie <strong>de</strong> l'esprit humain : <strong>les</strong> personnes nouvellement<br />

déchues <strong>de</strong> quelque état florissant fuient <strong>les</strong> gens qui<br />

<strong>les</strong><br />

connoissent avec <strong>plus</strong> <strong>de</strong> soin qu'el<strong>les</strong> n'évitent <strong>les</strong><br />

étrangers, et préfèrent souvent la mort au service qu'on<br />

leur peut rendre. Nous supportons le malheur, et ne<br />

saurions supporter la honte.<br />

Je ne vous as<strong>sur</strong>erai pas si ce fleuve avoit <strong>de</strong>s Tritons,<br />

et ne sais pas bien si c'est la coutume <strong>de</strong>s fleuves que<br />

d'en avoir. Ce que je vous puis as<strong>sur</strong>er, c'est qu'aucun<br />

Triton n'approcha <strong>de</strong> notre héroïne ; <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> naïa<strong>de</strong>s

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