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OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

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%a PSYCHE.<br />

je suis <strong>de</strong> jeter <strong>les</strong> yeux <strong>sur</strong> Vénus, et <strong>de</strong> raisonner <strong>sur</strong><br />

<strong>les</strong> charmes d'une déesse, je trouve que l'aveuglement<br />

<strong>de</strong>s hommes est bien grand d'estimer en moi <strong>de</strong> m<strong>éd</strong>iocres<br />

appas, après que <strong>les</strong> vôtres leur ont paru. Je me<br />

suis opposée inutilement à cette folie : ils m'ont rendu<br />

<strong>de</strong>s honneurs que j'ai refusés, et que je ne méritois pas.<br />

« Votre fils s'est laissé prévenir en ma faveur par <strong>les</strong><br />

rapports fabuleux qu'on lui a faits. Les Destins m'ont<br />

donnée h lui sans me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r mon consentement. En<br />

tout cela j'ai failli,<br />

puisque vous méjugez coupable. Je<br />

<strong>de</strong>vois cacher <strong>de</strong>s traits qui étoient cause <strong>de</strong> tant<br />

d'erreurs,<br />

je <strong>de</strong>vois <strong>les</strong> défigurer; il<br />

falloit mourir, puisque<br />

vous m'aviez en aversion : je ne l'ai pas fait. Ordonnezmoi<br />

<strong>de</strong>s punitions si sévères que vous voudrez, je <strong>les</strong><br />

souffrirai sans murmure : trop heureuse si je vois votre<br />

divine bouche s'ouvrir pour prononcer l'arrêt <strong>de</strong> ma<br />

<strong>de</strong>stinée<br />

—<br />

!<br />

Oui, Psyché, repartit Vénus, je vous en donnerai<br />

le plaisir. Votre feinte humilité ne me touche point. Il<br />

falloit avoir ces sentiments et dire ces choses <strong>de</strong>vant que<br />

vous fussiez en ma puissance. Lorsque vous étiez à<br />

couvert <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> ma colère, votre miroir vous<br />

disoit qu'il n'y avoit rien à voir après vous :<br />

maintenant<br />

que vous me craignez, vous me trouvez belle. Nous<br />

verrous bientôt qui remportera l'avantage.<br />

Ma beauté<br />

ne sauroit périr, et la vôtre dépend <strong>de</strong> moi : je la détruirai<br />

quand il me plaira. Commençons par ce corps<br />

d'albâtre dont mon fils<br />

a publié <strong>les</strong> merveil<strong>les</strong>, et qu'il<br />

appelle le temple <strong>de</strong> la blancheur. Prenez vos scions*,<br />

fil<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Nuit% et me l'empourprez si bien que cette<br />

1. Vos verges.<br />

2. Les Euméni<strong>de</strong>s, autrement appelées Furies ou Erinnyes,<br />

fil<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Achéron et <strong>de</strong> la Nuit : Alecton, Mégère, et Tisiphone;<br />

ou plutôt la Colère, la Jalousie, et l'Euvie (ci-<strong>de</strong>ssus, p. 190).

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