OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

8 PSYCHE.
toutes deux par un jeuue homme d'une beauté incomparable qui
exige d'elles, en échange de son amour, le serment de ne jamais
demander, de ne jamais chercher à savoir qui il est. L'une et
l'autre cèdent aux pernicieux conseils, Eisa, de la sorcière Ortrude,
Psyché, de ses propres sœurs, véritables sorcières aussi par la
méchanceté. Victimes de leur indiscrétion, l'une et l'autre perdent
leur époux : tant il est vrai que l'amour s'envole quand on
connaît trop bien l'amant.
Dans le roman de chevalerie intitulé Partonopeus de Blois, qui,
sous le litre d^Esclarmonde , a été mis en scène dans le récent
opéra de M. Massenet*, c'est la femme dont le
visage doit rester
voilé, le nom inconnu; c'est l'amant qui est puni de sa curiosité.
Dans ce roman, comme dans celui de Mélusine, par Jean d'Arras,
comme dans le Lai de Graelent de Marie de France, il s'agit
des amours d'une fée avec un simple mortel.
Rappelons encore les contes de Peau d'Ane (Perrault, édition Lefèvre,p.5i),
àe Barbe-Bleue (ibidem, p. loi), de Cendrillon (ibidem,
p. 12 1), de la Belle et la Béte, que « ma Mère l'Oye » et « la
Bibliothèque bleue » ont rendus si populaires, de Gracieuse et
Pcrcinct, par 3Ime d'Aulnoy, du Pigeon et la Colombe, du Serpent
vert, et de l'Oiseau bleu, par la même, etc., etc.
Ajoutons à cette énumération la mention des légendes, plus ou
moins voisines, plus ou moins sœurs de la nôtre, analysées par
31. Cosquin dans ses Contes populaires lorrains que nous avons
déjà plusieurs fois cités (viii° partie, p. 34i-355, et p. 357-367);
contes de l'Inde *, de la Grèce, de l'Italie (Piémont, Toscane,
Sicile, Napolitain, Basilicate), du Portugal, de l'Islande, de l'Irlande,
de la Norvège, de la Suède, du Danemarck, de la Russie,
de la Pologne, de l'Allemagne ^, du Tyrol, de la Serbie, de la
Lorraine, des pays basques, etc. On retrouve jusque dans l'Annam
et le Cambodge, dans le merveilleux étrange de ces récits de
l'extrême Orient, les données primordiales et essentielles des
épreuves de Psyché et de celles de Cendrillon.
Parmi les critiques, poètes, commentateurs, artistes, érudits,
1. En quatre actes, paroles de MM. Alfred Blau et Louis de
Gramont, joué à l'Opéra-Comique le i5 mai 1889.
2. Benfey, Pantscliatantra, tomes I, p. 254-269, II, p. i44-i46.
. Les frères Grimm, n" 34 et 88.