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OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

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iio<br />

PSYCHE.<br />

que ce fût lui. Néanmoins je commencerai s'il le veut.<br />

— Non, non, dit Gélaste, je ne veux point qu'on<br />

m'accor<strong>de</strong> <strong>de</strong> privilège : vous n'êtes pas assez foi't pour<br />

donner <strong>de</strong> l'avantage à votre ennemi. Je vous soutiens<br />

donc que, <strong>les</strong> choses étant éga<strong>les</strong>, la <strong>plus</strong> saine partie<br />

du mon<strong>de</strong> préférera toujours la com<strong>éd</strong>ie à la trag<strong>éd</strong>ie.<br />

Que dis-je, la <strong>plus</strong> saine partie du mon<strong>de</strong> ? mais tout le<br />

mon<strong>de</strong>. Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> où le goût universel d'aujourd'hui<br />

se porte : <strong>La</strong> cour, <strong>les</strong> dames, <strong>les</strong> cavaliers, <strong>les</strong> savants,<br />

le peuple, tout <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la com<strong>éd</strong>ie, point <strong>de</strong><br />

plaisir que la com<strong>éd</strong>ie. Aussi vovons-nous qu'on se sert<br />

indifféremment <strong>de</strong> ce mot <strong>de</strong> com<strong>éd</strong>ie pour qualifier<br />

tous <strong>les</strong> divertissements du théâtre* : on n'a jamais<br />

dit : « Les trag<strong>éd</strong>iens », ni : « Allons à la trag<strong>éd</strong>ie* ».<br />

— Vous en savez mieux que moi la véritable raison,<br />

dit Ariste, et que cela vient du mot <strong>de</strong> bourga<strong>de</strong>, en<br />

grec'. Comme cette érudition seroit longue, et qu'aucun<br />

<strong>de</strong> nous ne l'ignore, je la laisse à part, et m'arrêterai<br />

seulement à ce que vous dites. Parce que le mot <strong>de</strong><br />

com<strong>éd</strong>ie est pris abusivement pour toutes <strong>les</strong> espèces<br />

du dramatique, la com<strong>éd</strong>ie est préférable à la trag<strong>éd</strong>ie :<br />

n'est-ce pas là bien conclure? Cela fait voir seulement<br />

que la com<strong>éd</strong>ie est <strong>plus</strong> commune ;<br />

et parce qu'elle est<br />

<strong>plus</strong> commune, je pourrois dire qu'elle touche moins<br />

<strong>les</strong> esprits.<br />

— Voilà bien conclure à votre tour, répliqua Gélaste :<br />

le diamant est <strong>plus</strong> commun que certaines pierres;<br />

donc le diamant touche moins <strong>les</strong> yeux. Hé! mon ami!<br />

ne voyez-vous pas qu'on ne se lasse jamais <strong>de</strong> rire? On<br />

peut se lasser du jeu, <strong>de</strong> la bonne chère, <strong>de</strong>s dames;<br />

mais <strong>de</strong> rire, point. Avez-vous entendu dire à qui que<br />

I. Comparez la Bruyère, tome I, p. iSg; et ci-<strong>de</strong>ssus, p. 76.<br />

a. Mais on le dit aujourd'hui.<br />

3. De xoj|j.7], bourga<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> dtsfow, je chante, je récite.

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