OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

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POESIES DIVERSES.
Venez sur le minuit*, et qu'aucun ne vous voie. »
Quel amant n'auroit cru tenir alors sa proie?
En fut-il jamais un que l'on vit approcher
Plus près du bon moment, sans y pouvoir toucher?
Amarille m'aimoit; elle s'étoit rendue 2 5
Après un an de soins et de peine assidue.
Les chagrins d'un jaloux* irritoient nos désirs;
Nos maux nous promettoient des biens et des plaisirs.
La nuit que j'attendois tendit enfin ses voiles,
Et me déroba même aux yeux de ses étoiles' :
Ni joueur, ni filou,
J'approchai du logis :
ni chien, ne me troubla.
on vint, on me parla;
Ma fortune, ce coup, me sembloit assurée.
« Venez demain, dit-on, la clef s'est égarée. »
Le lendemain l'époux se trouva de retour. 3 5
Eh bien! me plains-je à tort? me joues-tu pas, Amour*?
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Te souvient-il encor de certaine bergère ?
On la nomme Philis; elle est un peu légère :
Son cœur est soupçonné d'avoir plus d'un vainqueur,
Mais son visage fait qu'on pardonne à son cœur. 40
Nous nous trouvâmes seuls : la pudeur et la crainte
De roses et de lis à l'envi l'avoient peinte.
Je triomphai des lis et du cœur dès l'abord ;
Le reste ne tenoit qu'à quelque rose encor.
Sur le point que j'allois surmonter cette honte, 45
On me vint interrompre au plus beau de mon conte^ :
1. Même expression au vers 218 de la Mandragore.
2. Dans le Magnifique., vers i65 :
Votre flamme
Ne craindra point les regards d'un jaloux.
3. Tome VI, p. 87. — 4- Ibidem, p. i24-
5. Dans l'Oraison de saint Julien, vers 3aa : « le meilleur de ce
conte »,