OEuvres de J. de La Fontaine. Nouv. éd., rev. sur les plus anciennes ...

LE SONGE DE VAUX. 299
Et, se prenant au fils des péchés de la mère,
Menace Cupidon de le faire enfermer.
« Ce n'est pas tout : plein d'un dépit extrême,
Le voilà qui se
Et de ce qu'il devroit se cacher à soi-même
Importune sans cesse et la terre et les cieux.
plaint au monarque des dieux,
L'adultère Jupin, d'un ris malicieux,
Lui dit que ce malheur est
pure fantaisie,
Et que de s'en troubler les esprits sont bien fous.
Plaise au Ciel que jamais je n'entre en jalousie!
Car c'est le plus grand mal, et le moins plaint de tous '.
« Que fait Vulcan? car pour se voir vengé,
Encor faut-il qu'il fasse quelque chose.
Un rets d'acier par ses mains est forgé*.
Ce fut Momus^ qui, je pense, en fut cause :
Avec ce rets le galant lui propose
D'envelopper nos amants bien et beau.
L'enclume sonne, et maint coup de marteau.
Dont maint chaînon l'un à l'autre s'assemble.
Prépare aux dieux un spectacle nouveau
De deux amants qui reposent ensemble.
'^ Les noires Sœurs apprêtèrent le lit ;
1 . Tome
V, p. 5o8 et note 7.
2. Avea la rete gia fatta Vulcano
Di sottil fil d'acciar; ma con tal arte
Che saria stala ogni fatica in vano
Fer israagliarne la pin debil parte;
Ed era quella clie gia pedi e mano
Avea legati a Venere ad a Marte.
La fe' il geloso, e non ad allro effetto,
Che per pigliargli insieme ambi nel letto.
(L'Ahioste, Orlando furioso, chant xv, strophe 56.)
— C'est toy. Amour, qui voles en ce point,
Tout à l'entour, et par dedans ces retz
Que tu as faicls d'art plus laborieux
Que ceulx auxquels iadis furent serrez
Ta doulce mère et le dieu furieux.
(Du Bellay, l'Olive, stance ix, tome I, p. 85 )
3. Tome VII, p. 188 et note i.