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ETUDE PERCEPTION PAR LES USAGERS DES OUTILS D ... - Cnsa

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La perception par les usagers des outils<br />

Situation n°28, homme, 85 ans, difficultés de mobilité (en fauteuil), 1 ère demande APA,<br />

évaluation AGGIR par une assistante sociale : AS - « Voilà je sais le groupe. Je sais ce que vous<br />

faites et ce que vous ne faites pas. Vous êtes en groupe 2, ça veut dire que vous avez besoin<br />

d’aide. »<br />

Dans ce cas n°2, l’usager perçoit donc également peu de choses, et n’a que peu<br />

d’avis sur l’outil utilisé, ce dernier reste du domaine du professionnel, l’usager en<br />

est exclu.<br />

On peut faire plusieurs hypothèses expliquant cette « pudeur » des professionnels<br />

concernant l’outil, sur la base de nos échanges avec eux et avec les encadrants (que ce soit<br />

en établissement ou pour les équipes à domicile) :<br />

- La contrainte de la « productivité » : l’organisation de nombreuses structures que<br />

nous avons visitées est rythmée par des flux « massifs » de demandes à instruire<br />

(Conseils Généraux avec les demandes d’APA, MDPH avec les demandes de PCH, …). Le<br />

temps passé avec la personne est de fait limité, compté … L’explication dans le détail de<br />

la méthode exige un temps incompressible et indéfini selon la difficulté qu’aura la<br />

personne à comprendre, ou la quantité de détails qu’elle exigera.<br />

- Le « confort » de l’asymétrie d’information : expliquer à l’usager la manière dont<br />

le professionnel évalue, les critères qu’il utilise, révéler la nature des « calculs » initie<br />

l’usager aux rouages internes, et en rendant le dispositif transparent, donne des<br />

arguments potentiels aux usagers pour réfuter la conclusion auquel arrive le<br />

professionnel à l’issue de l’évaluation. Le rapport de force initialement défavorable à<br />

l’usager quand la méthode est opaque, trouve un nouvel équilibre entre professionnel et<br />

usager, qui rend les choses moins simples et libres pour le professionnel. Elle induit une<br />

nouvelle forme de « contrôle » pour le travailleur social, d’une personne qui n’est pas<br />

du métier, qui n’a pas les mêmes codes, ni les mêmes intérêts …<br />

- L’équité de l’évaluation ? Pour les outils qui servent à instruire une demande d’aide,<br />

les outils d’éligibilité comme AGGIR, l’opacité de la méthode vis-à-vis de l’usager peut<br />

se justifier par la volonté de ne pas induire de comportement « adapté », de<br />

« tricherie ». L’évaluation de l’équipe APA à domicile par exemple ne se fonde (hormis<br />

pour les données médicales, communiquées par le médecin) que sur le déclaratif de la<br />

personne (et de son entourage), et très peu sur l’observation in situ du professionnel (il<br />

peut juger rapidement des capacités de déplacement de la personne, mais celle-ci peut<br />

là également exagérer ses difficultés ; il peut tester sa cohérence ; mais pour tout le<br />

reste, c’est l’usager qui déclare pouvoir oui ou non faire seul tel ou tel geste quotidien).<br />

- Une forme de « paternalisme » vis-à-vis de l’usager : ce qui guide les<br />

professionnels dans leur non présentation de l’outil semble être avant tout leur<br />

« posture » vis-à-vis de la personne « fragile » à laquelle ils viennent rendre visite.<br />

L’attitude de beaucoup d’évaluateurs rencontrés est nourrie d’empathie, de<br />

compréhension, d’écoute, autant de qualités qui sont aujourd’hui le propre du travail<br />

social, et de la manière dont les travailleurs sociaux se représentent leur métier. Un de<br />

leurs principaux objectifs vis-à-vis de l’usager est de ne pas le « brusquer », de ne pas<br />

l’inquiéter, afin qu’il se sente « bien » pendant l’entretien quitte à lui masquer une<br />

partie de ce qui se joue pendant le rendez-vous. On retrouve cette posture chez de<br />

nombreux professionnels en établissement, mais également dans des équipes qui<br />

travaillent au domicile des personnes : il s’agit de rendre l’intrusion dans leur vie<br />

quotidienne, l’interrogatoire qui va leur être imposé le moins désagréable possible. Et la<br />

technique du travailleur social consiste souvent à faire passer la visite pour ce qu’elle<br />

n’est pas : un entretien social pour voir « comment ça va depuis la dernière fois ».<br />

- Le difficile arbitrage entre pédagogie et transparence. Les professionnels au<br />

cours de la situation hésitent souvent entre la pédagogie qui consisterait à en dire peu,<br />

mais qu’au moins ce peu là soit compris par la personne (ex. comprendre précisément<br />

les étapes qui auront lieu ensuite pour l’instruction de leur demande, plutôt que la<br />

méthode employée pendant l’évaluation) ; et la transparence qui consisterait à tout dire<br />

Etude CNSA « Usagers et outils d’évaluation » – Décembre 2008 34

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