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Un nourrisson de 6 à 8 mois
séparé brutalement de sa mère :
Historiquement, c’est Spitz qui a décrit la forme typique en 1946 en observant, en milieu
carcéral, les nourrissons séparés de leur mère.
Un nourrisson de 6-8 mois séparé brutalement de sa
mère (alors que les relations étaient bonnes et que le
nouveau milieu n'offre ni soins ni apports affectifs
suffisants) peut développer une dépression profonde
dite ANACLITIQUE (du grec « anaclinien » =
s’appuyer sur). Il faut alors rétablir un lien maternel
ou un substitut de qualité avant le 5 ème mois de
séparation sous peine d’une régression dramatique.
a) Après une période de pleurs et de cris, de
tentatives d’accrochages à l’adulte et d'oppositions
visant sans doute à attirer l'attention, le bébé perd du
poids (comportement anorexique) et présente un
sommeil perturbé.
b) Viennent ensuite une phase d'isolement et
d'immobilité (inertie motrice), l'enfant apathique ne
joue plus, ne gazouille plus et refuse le contact. Il
devient anormalement sensible aux infections. Si, à
ce stade, l'enfant retrouve sa mère, les troubles cessent
sans séquelles apparentes. Il persistera néanmoins une
sensibilité exacerbée aux séparations ultérieures.
Les formes cliniques habituelles
sont heureusement moins franches,
nécessitant une analyse séméiologique
minutieuse, afin
d'identifier la triade du symptôme
dépressif du nourrisson décrite par
L. Kreisler :
- atonie thymique avec indifférence
sans plainte ni même tristesse ;
- inertie motrice caractérisée par la
monotonie du comportement et
surtout sa tendance répétitive ;
- pauvreté interactive et repli
illustrés par la fixité d'un regard à
l’expression glaciale, quoique
vigilante.
(Cf. « Le Quotidien du Médecin »
n° 5928 du 14 octobre 1996,
article d’Eric Cadier).
c) Dans le cas contraire, apparaît l' HOSPITALISME avec arrêt, voire régression des
acquis moteurs, intellectuels et psychiques. Le retard qui s'installe alors est définitif.
L’évolution peut être mortelle.
La dépression de la mère fréquente après le post-partum (sa prévalence serait de 10 à 15
% dans les 4 mois) "représente une situation à haut risque pour le développement
psychologique de l'enfant 1 ". On note chez le bébé des troubles du comportement alimentaire
et des troubles anxieux.
RAREMENT, une AFFECTION DOULOUREUSE MECONNUE peut être à l’origine
d’une dépression du bébé.
Note 1 : Pr. Philippe Mazet de l’hôpital Avicenne.
Lire « Dépression chez l’enfant » par Laurent Barbrel et Philippe Mazet dans le numéro 496 de
« Synthèse médicale » (1990). Voir également notre polycopié sur la dépression.
La dépression chez l'enfant de plus de 3 ans sera abordée dans le
chapitre III.
Jean-Pierre Geslin.
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.
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