opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

313 1561 IANUAR. • 314
(Minute originale corrigée par Calvin. Bibl. de Genève. Vol.
107«, fol. 372. Vol. 115», fol. 53. Berne F. 164. — Bonnet. II.
365. Trad. angl. IV. 162.)
Madame, ie ne vous sçauroye asses exprimer
combien iay esté resioui par la lettre quil vous a
pieu escrire a mon frère, monsieur de Chaloné, 8 )
voyant comment Dieu avoit puissamment besongne
en vous en peu d'heures. Car combien que desia
de long temps il avoit mis en vous quelque bonne
semence, vous cognoissez maintenant de fait qu'elle
estoit quasi estouffee soubs les espines de ce monde.
Corne par faute de nous exercer journellement en
l'Escriture sainte, la vérité que nous avions cognue
s'escoule petit a petit iusqu'a s'esvanouir du tout,
si ce bon Dieu n'y remédie. Or il a prévenu par
sa bonté infinie pour vous garder d'en venir iusques
la. Vray est que ceux qui s'anonchalissent,
se plaisent en leur repos, pource quils ne sentent
point que c'est un dormir mortel. Mais quand il
plait a Dieu de nous resveiller et soliciter a bon
escient a la crainte de son nom, et allumer en noz
coeurs un désir ardent de servir a sa gloire, c'est
une inquietude plus heureuse et desirable que toutes
les délices, plaisirs et voluptez ausquelles seny vrent 3 )
les povres mondains. Je parle familièrement, ma
Dame, pensant que vous me donneres volontiers
congé 4 ) de ce faire comme aussi iay receu ce bien
de vostre letre quelle ma donné ouverture et accès
facile a voua escrire. Parquoy, ma dame, ie vous
prie de priser la miséricorde de Dieu comme elle
mérite, non seulement en ce quil vous a pour un
coup s ) retiré des ténèbres de mort pour vous faire
voir la clarté de vie en son fils, lequel est le vray
soleil de iustice, mais aussi de ce quil vous a de
(Sept. 1560) qu'elle prit sa résolution définitive. Ibid. 326:
La royne après le partement du roy son mari se retira en
Beam où elle fut advertie de la prinse du Prince (de Condé)
et des conjurations qui se faisoient contre son mari, et comme
des assemblées (de troupes) se faisoient en Espagne ponr lay
surprendre sa principauté de Beam et le résidu de Navarre.
Voyant donc que la fiance qu'elle avoit eue aux hommes estoit
perdue et qne tout secours humain luy defailloit, estant touchée
au yif par l'amour de Dieu elle y eut son recours avec humilité
et larmes comme à son seul refuge, de sorte qu'au temps
de sa plus grande tribulation elle fit publiquement profession
de la pure dootrine estant fortifiée par les ministres F. le
Gnay dit Boynormant et N. Henry, et vestit un coeur viril et
magnanime. Ayant reçu la nouvelle de la mort de Francois H.
la feste de Noel ensuyvant elle feit derechef confession de sa
foy haut et clair et communiqua à la ste oene. Et bientost
après manda an Boy sa confession escrite et signée de sa main
comme elle avoit un singulièrement bel esprit.
2) Pseudonyme de Théodore de Bèee. La lettre mentionnée
dans le texte a dû contenir sa profession de foi.
3) s'esgarent Bt.
4) donnerez congé volontairemeat Bt.
5) ponr nn coup (ajouté par C.)
rechef pleinement réduite a soy et a •) imprime la
foy de son Evangile au fond de vostre coeur, 7 ) y
donnant une racine vive pour produire les fruicts
qu'elle doibt. Car vous aves senti par experience
comme les vanités de ce monde amortissent 8 ) la
cognoissance de la vérité. Proprement 9 ) on veult
nager entre deus eaues; tellement que la parole est
par la rendue froide et inutile, si la vertu de Dieu
n'est conioincte avec. Et cest la vraye et parfaite
alliance qu'il promect contracter avec les siens, dimprimer
et engraver sa doctrine en leurs entrailles.
Aiant donc receu un tel benefice et si inestimable,
vous aves occasion destre tant plus ardente a vous
desdier tu tout, comme vous faictes, a celluy qui
vous a tant obligee a soy. Et au lieu que les Roys
et princes se vouldroient souvent exempter de la
subiection de Jesuschrist, et ont accoustumé faire
bouclier du privilege, soubz umbre de leur grandeur,
aians mesme honte d'estre en la bergerie de
ce grand pasteur: pensez, Madame, que la dignité
et haultesse en ,0 ) laquelle ce bon Dieu vous a
élevée, vous doit estre double lien pour vous tenir
en son obéissance, comme cest de luy que vous
tenes tout, et selon la mesure que chacun aura receu,
il aura a rendre plus grand conte. Mais puis
que ie voy comment l'esprit de Dieu vous gouverne,
iay plus doccasion de luy rendre grace que de vous
exhorter, comme si vous aviez besoing daiguillons. u )
Joint aussi que ie ne doute pas que vous y appliques
diligemment vostre estude, comme il est bien
requis, attendu la froideur, foiblesse et fragilité qui
est en nous.
Desia de long temps nous avions essayé de
faire nostre devoir envers le Roy vostre mari, mesme
par plusieurs fois a ce quil s'esvertuast. Mais vous
verres encore, Madame, par la copie de la lettre que
nous luy avons envoyée, combien vostre advertissement
a valu.
Madame, après mestre treshumblement recommande
a vostre bonne grace, je supplieray nostre bon
Dieu vous tenir tousioursensagrace, l2 )vousgouverner
et adresser par son Esprit, vous fortifier par sa
vertu et augmenter en tout bien. Ce ... . 1S )
6) de reohef et a: mots ajoutés par C. et omis
par Bt.
7) corr. de C. Il y avait: du coeur.
8) comme .... amortissent (écriture de C).
9) Proprement om. par Bt. A partir dHci jusqu'au
mot hautesse, tout est de la main de G.
10) Jet c'est le secrétaire qui reprend la plume.
11) SUE mots ajoutés par C.
12) garde Bt.
13) Il faut nécessairement mettre la même date qu'à la
précédente.