opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE

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incurable et mortel. Telle est l'opinion que nous
avons conceue de TOUS, Messieurs, TOUS prians au
nom de ce grand Dieu qui nous a yci assemblez,
et qui sera iuge de nos pensées et de nos paroles,
que nonobstant toutes choses dictes, escrites ou
faites par l'espace de quarante ans, ou environ,
vous vous despouilliez avec nous de toutes les passions
et prejudices qui pourroyent empescher le
fruict d'une si saincte et louable entreprise. Et
espérez de nous, s'il vous plaist, ce que moyennant
la grace de Dieu vous y trouverez, c'est ascavoir
un esprit traittable et prest à recevoir tout ce qui
sera prouTé par la pure parole de Dieu. Ne pensez
point que soyons Tenus pour maintenir aucun erreur,
mais pour descouvrir et amender tout ce qui
se trouvera de défaut, ou de nostre costé, ou du
vostre. N'estimez que soyons tant outrecuidez que
nous prétendions de ruiner ce que nous scavons
estre éternel, c'est ascavoir l'Eglise de nostre Dieu:
ne cuidez que nous cherchions les moyens de vous
rendre pareils à nous en nostre povre et vile condition,
en laquelle toutesfois, graces à Dieu, nous
trouvons un singulier contentement. Nostre désir
est que les ruines de Ierusalem soyent réparées,
que ce temple spirituel soit relevé, que ceste maison
de Dieu, qui est bastie de pierres vives, soit
remise en son entier, que ces troupeaux tant espars
et dissipez par une iuste vengence de Dieu et nonchalance
des hommes, soyent ralliez et recueillis en
la bergerie de ce souverain et unique Pasteur.
Voyla nostre dessein, voyla nostre désir et intention,
Messieurs: et si vous ne l'avez creu iusqu'yci,
nous espérons que vous le croirez, quand
nous aurons en toute patience et mansuétude proféré
ce que Dieu nous aura donné. Et pleust à
nostre Dieu que sans passer plus outre, au lieu
d'argumens contraires, nous peussions tous d'une
voix chanter un cantique au Seigneur, et tendre
les mains les uns aux autres: comme quelquesfois
est advenu entre les armées et batailles toutes rangées
des mescreans mesmes et infidèles: chose
grandement honteuse pour nous, si nous faisons
estât de prescher la doctrine de paix et de concorde,
et cependant nous sommes les plus faciles a
estre desioints, et les plus durs et difficiles à rallier.
Mais quoy? Ces choses se peuvent et doyvent
souhaiter par les hommes, mais c'est à Dieu
à lés ottroyer, comme aussi il fera, quand il luy
plaira couvrir nos péchez par sa bonté, et deschasser
nos ténèbres par sa lumière.
Et sur ce propos, Sire, afin qu'on cognoisse
que nous entendons de procéder en bonne conscience,
simplement, clairement et rondement, nous
déclarerons en sommaire, s'il plaist à Tostre Maiesté
nous en donner congé, quels sont les principaux
poincts de ceste conference: en telle sorte toutes-
fois, que Dieu aidant nul n'aura iuste occasion de
s'en trouver offensé.
Il y en a qui estiment, et qui persuaderoyent
volontiers aux autres, que nous ne sommes discordans
que de choses de petite consequence, et plustost
des choses indifférentes, que des poincts substantiels
de nostre foy.
Il y en a d'autres tout au rebours qui par
faute d'estre bien informez de ce que nous croyons,
présument que nous ne sommes d'accord en rien
qui soit, non plus que Iuifs ou Mahumetistes. L'intention
des premiers est autant à louer que l'opinion
des derniers à reietter, comme nous espérons
qu'il aperra par la deduction des propos. Mais
pour certain les uns ni les autres ne nous font
ouverture d'une vraye et ferme concorde. Oar si
les derniers sont creus, l'une des parties ne peut
subsister qu'en ruinant l'autre. Ce qui est inhumain
à penser, et très horrible a exécuter. Et si
l'opinion des premiers est receue, il faudra que
plusieurs choses demeurent indécises, dont il sortira
une discorde plus dangereuse et dommageable
que iamais.
Ainsi donc nous confessons (ce qu'à peine pouvons-nous
dire sans larmes) nous confessons, di ie,
qu'ainsi que nous accordons en quelques uns des
principaux poincts de nostre foy Ohrestienne, aussi
sommes nous differens en une partie d'iceux.
Nous confessons un seul Dieu, une mesme essence
infinie et incomprehensible, distincte en trois
personnes consubstancielles et egales en tout et par
tout: c'est ascavoir le Père non engendré, le Fils
éternellement engendré du Père, et le S. Esprit
procédant du Père et du Fils.
Nous confessons un seul Iesus Christ vray
Dieu et vray homme, sans confusion ne separation
des deux natures, ni des proprietez d'icelles.
Nous confessons qu'entant qu'il est homme, il
n'est point fils de Ioseph, mais a esté conceu par
la vertu secrete du Sainct Esprit au ventre de la
bien-heureuse vierge Marie, vierge, di-ie, devant et
après l'enfantement.
Nous confessons sa nativité, sa vie, sa mort,
sa sepulture, sa descente aux enfers, sa resurrection
et ascension, comme elles sont contenues au S.
Evangile.
Nous croyons qu'il est là haut au ciel, assis à
la dextre du Père, d'où il ne bougera, qu'il ne
vienne iuger les vifs et les morts.
Nous croyons au sainct Esprit, qui nous illumine,
nous console et nous soustient.
Nous croyons qu'il y a une saincte Eglise catholique,
c'est à dire universelle, qui est la compaignie
et communauté des saincts, hors laquelle il n'y a
point de salut.
Nous nous asseurons de la remission gratuite