opera quae supersünt omnia. - ARCHIVE OUVERTE UNIGE
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695 EPISTOLA 3515 696<br />
Quant au second poinct, nous ne recevons<br />
autre regle de iustîce et d'obéissance devant Dieu<br />
que les commandemens d'iceluy, comme ils sont<br />
«écrits et enregistrez en sa saincte parole: ausquels<br />
nous n'estimons qu'il soit loisible à creature quelconque<br />
d'adiouster ne diminuer pour obliger les<br />
consciences.<br />
Quant au troisième poinct, c'est à scavoir, à<br />
quoy elles sont bonnes. Nous confessons qu'en<br />
tant qu'elles procèdent de l'Esprit de Dieu besongnant<br />
en nous, puis qu'elles procèdent d'une si bonne<br />
source, elles doyvent estre appelées bonnes: combien<br />
que si Dieu les vouloit examiner à la rigueur,<br />
il y trouverait par trop à redire.<br />
Nous disons aussi qu'elles sont bonnes à autres<br />
usages, d'autant que par icelles nostre Dieu est<br />
glorifié, les hommes sont attirez à sa cognoissance,<br />
et nous sommes asseurez que l'Esprit de Dieu estant<br />
en nous (ce qui se cognoist par ses effects)<br />
nous sommes du nombre de ses eleus et prédestinez<br />
à salut.<br />
Mais quand il est question de scavoir à quel<br />
titre la vie éternelle nous appartient, nous disons<br />
avec S. Paul que c'est un don gratuit de Dieu, et<br />
non point recompense deue à nos mérites. Car Iesus<br />
Christ en cest égard nous iustifie par sa seule<br />
iustice nous estant imputée, nous sanctifie par sa<br />
seule saincteté nous estant eslargie, et nous a rachetez<br />
par son sacrifice unique, qui nous est alloué<br />
moyennant une vraye et vive foy. Par la seule<br />
grace et libéralité de nostre Dieu tous ses thresors<br />
nous sont communiquez par la vertu du S. Esprit,<br />
se servant pour cest effect de la predication de la<br />
sacrée parole de Dieu, et de l'administration de ses<br />
saincts Sacremens. Non point qu'il en ait nécessité,<br />
veu qu'il est Dieu tout puissant: mais d'autant<br />
qu'il luy plaist de se servir de ces moyens<br />
ordinaires pour créer et nourrir en nous ce précieux<br />
don de fdy, qui est comme la seule main pour appréhender,<br />
et comme le seul vaisseau pour recevoir<br />
Iesus Christ en salut avec tous ses thresors.<br />
Mais nous ne recevons pour parole de Dieu,<br />
que la doctrine escrite es livres des Prophètes et<br />
Apostres, appelez le vieil et nouveau Testament.<br />
Car par qui serons-nous acertenez de nostre salut,<br />
sinon par ceux qui sont tesmoins sans nulle reproche<br />
?<br />
Et quant aux escrits des anciens docteurs, et<br />
aux Conciles, devant que les recevoir sans aucun<br />
contredict, il faudroit premièrement qu'on les accordast<br />
entièrement avec l'Escriture, et puis aussi<br />
entr'eux-mesmes, veu que l'Esprit de Dieu n'est<br />
iamais contraire ne discordant à soy-mesme.<br />
Ce que nous croyons que vous, Messieurs,<br />
n'entreprendrez iamais de faire, et quand bien vous<br />
l'auriez entrepris, vous nous pardonnerez, s'il vous<br />
plaist, si iamais nous ne croyons qu'il se puisse<br />
faire, sinon que nous le voyons par effect.<br />
Quoy donc? sommes-nous de la race de ce<br />
malheureux Cham, fils de Noé, qui descouvrit la<br />
vergongne de son père? Nous estimons nous plus<br />
doctes que tant d'anciens docteurs Grecs et Latins?<br />
Sommes nous si outrecuidez de penser que nous<br />
ayons les premiers descouvert la vérité, et de condamner<br />
d'ignorance tout le monde universel? A<br />
Dieu ne plaise, Messieurs, que nous soyons tels.<br />
Mais vous nous accorderez, à nostre ad vis,<br />
qu'il y a eu Conciles et Conciles, docteurs et docteurs:<br />
veu que ce n'est de maintenant qu'il y a<br />
eu de faux prophètes en l'Eglise de Dieu, comme<br />
les Apostres nous en advertissent en plusieurs lieux,<br />
et nommément en la premiere à Timothee 4. chap,<br />
et aux Actes des Apostres, chapitre vingtième.<br />
Secondement, quant a ceux qui sont reoeus,<br />
puis que toute la vérité qu'on y scauroit trouver,<br />
doit estre nécessairement puisée des Escritures, quel<br />
plus certain moyen trouverons-nous de profiter en<br />
leurs escrits, qu'en esprouvant le tout sur ceste<br />
pierre de touche, et considérant les tesmoignages<br />
et raisons de l'Escriture, sur lesquels ils se trouveront<br />
avoir fondé leur interpretation? Certainement<br />
nul ne peut ni ne doit leur attribuer plus<br />
qu'eux-mesmes n'ont requis. Or voyla les propres<br />
mots de sainct Hierome sur l'Epistre aux Galatiens:<br />
La doctrine du Sainct Esprit est celle qui<br />
est declairee es livres Canoniques: contre laquelle<br />
si les Conciles ordonnent quelque chose, c'est une<br />
chose illicite. Et sainct Augustin escrivant à Fortunatian,<br />
Nous ne devons, dit-il, avoir les disputes<br />
des hommes (quelques catholiques et grans personnages<br />
qu'ils ayant esté) en mesme degré que leB<br />
Escritures Canoniques, qu'il ne nous soit licite,<br />
sauf la reverence deue à tels personnages, reprouver<br />
et reietter quelque chose en leurs escrits, si<br />
d'aventure il se trouve qu'ils ayent autrement iugé<br />
que ne porte la vérité, estant entendue, moyennant<br />
la grace de Dieu, ou par nous ou par autres tesmoins<br />
et escrits des autres: et veux aussi que les<br />
lecteurs des miens s'y portent ainsi. Autant en<br />
a-il escrit en l'epistre 112. et pareillement au second<br />
livre, chapitre 37. contre Cresconius.<br />
Sainct Cyprien aussi n'en a pas autrement<br />
escrit, disant qu'il ne nous faut regarder à ce qu'un<br />
tel ou un tel a fait devant nous mais à ce qu'a<br />
fait Iesus Christ qui est devant tous. Telle est<br />
aussi la regie que baille sainct Augustin, escrivant<br />
à sainct Hierome: et en un autre lieu, quand il<br />
dispute contre ceux qui se vouloyent aider du concile<br />
d'Arimine: Ne nous fondons, dit-il, ni nous<br />
sur le Concile de Nicene (qui est toutesfois le plus<br />
ancien et approuvé) ni vous sur le Concile d'Arimine,<br />
mais arrestons-nous sur les sainctes Escri-