Yushardzan/Huschardzan

•_)4s Prof. Fr. Tournebize
Ses envoyes, le persan Hussein Aly bek et Anthony Shirley, presenterent ses lettres ä
l'empereur Rudolphe, au pape Clement VIII, ä la republique de Venise, au roi d'Espagne,
au czar de Russie 1 . En L602 le schah accueillit de la maniere la plus honorable les
Peres ferome de la Croix, Christophe du St. Esprit, Antoine de Gouvea, de l'ordre des
Hermites du Saint - Augustin envoyes par le roi Philippe III d'Espagne. II permit ä ces
religieux de construire un couvent et une eglise ä I späh an, et il fit payer par son
Girier les artistes qui en ornerent les murs d'arabesques en or et en azur' 2 .
Pendant que les princes chretiens d'Occident, trop divises entre eux, hesitaient ä
joindre leurs armes ä Celles d'Abbas I conh-e Mourad III, le schah de Perse attirait
aupres Je lui par de seduisantes promesses des princes georgiens et armeniens. D'autres
Armeniens de tout rang voyaient leur patrie, l'Aghovanie (Le Oarabagh) et son cheflieu
Gandjah, tantöt ruines par les officiers turcs charges de lever les impöts, et tantöt
ravages par des troupes de soldats revoltees contre le sultan. Alleches par les promesses
du schah, ils se refugiaient sur le territoire de Perse. Beaucoup d'emigrants des provinces
d'Artsakh et de l'Outi et surtout des regions de Chamaki et de Gantzag allerent
habiter
Ispahan.
II etait impossible que le patriarcat armenien d'Edschmiadzin ne füt pas tres
eprouve par toutes ces coneussions et tous ces bouleversements. Le catholicos David IV
de Vagharchapat etait toujours presse par d'impitoyables creanciers de verser des
sommes considerables, qu'il ne pouvait recueillir aupres des Armeniens, dejä tres
appauvris. 11 essaya d'abord de se cacher et de s'enfuir. Puis, voyant que les dettes
continuaient de s'aecumuler et qu'il ne pouvait echapper ä ses creanciers, il resolut de
partager avec un autre le fardeau qui Fecrasait. En 1593, il choisit comme coadjuteur
l'eveque Melchisedech, du couvent d'Aghtchots, pres de Karrni (Garrni). Ds furent
neanmoins obliges d'emprunter de Fargent ä un taux eleve ; leur dette s'aecrut et
atteignit la somme de 50.000 piastres ou 190.000 francs. Melchisedech, las de se cacher
inutilement, s'enfuit a Constantinople, esperant trouver la d'abondantes ressources. II
y
tut, en effet, bien accueilli. II fut meme eleve sur le siege patriacal de la capitale, comme
successeur de Tiratour de Sis (1596— 1599). Mais, Fannee suivante, c'est-ä-dire en 1600,
il fut depose et revint ä Edschmiadzin, oü il se trouva, avec son collegue, dans une
Situation encore plus oberee qu'avant son depart.
David et Melchisedech, jugeant qu'une couronne patriarcale, garnie, au dedans, de
tant d'epines, etait vraiment intolerable, offrirent alors cette couronne ä l'eveque d'Amid
(Amith) Serapion, et ils promirent de se demettre de leur siege, en sa faveur, ä la
condition qu'il se chargerait de la dette qui pesait sur le patriarcat d'Edschmiadzin. Le
choix de Serapion semblait heureux. Cet eveque etait issu d'une pieuse et riche famille
d'Edesse et, ä la mort de ses parents, avait herite d'une fortune considerable. II etait
encore plus distingue par sa science et ses vertus que par ses richesses. Apres avoir
ete le disciple de Lucas de Geghi, village du district de Khortzen, il avait herite de sa
1
Voir Relation s des missions de Perse du Pere Antoine de Gouvea, en portugais, Lisbonne
1611, Relacam etc.: traduetion francaise sous ce titre: Relation des grandes guerreset
victoires obtenues par le roi de Perse schah Abbas, etc., Rouen, 1646, p. 109. — Anthony
Shirley, his relations of his travels into Persia, etc., London, .613. — Relaciones de
Don Juan de Persia, etc. ^Valladolid, 1604), ce dernier etait l'un des envoyes musulmans du roi
de Perse, qui se convertirent ä la foi catholique
2
Sur les missions diplomatiques confiees aux Hermites, religieux de S. -Augustin, voir B r i e v e s
relations des progres de l'evangile au royaume de Perse,
des Maures... en la r£union des Ann6niens . . . Liege, 16 lu.
enlaconversion