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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 105tout instant. Une séparation s'établit ainsi entre les chômeurs et eux, qui priveles chômeurs <strong>de</strong> toute prise sur l'économie, mais qui en même temps lesaffaiblit eux-mêmes, menacés qu'ils sont par une réserve <strong>de</strong> travailleursdisponibles presque <strong>au</strong>ssi nombreux que les travailleurs effectifs. Ainsi lacrise n'a d'<strong>au</strong>tre effet que <strong>de</strong> pousser à <strong>de</strong>s sentiments révolutionnaires, mais<strong>de</strong> ramener ensuite, comme <strong>de</strong>s vagues, <strong>de</strong>s couches toujours nouvelles <strong>de</strong> lapopulation. Si elle force presque chaque ouvrier ou petit bourgeois allemand àsentir, un moment ou l'<strong>au</strong>tre, toutes ses espérances se briser contre la structuremême du système social, elle ne groupe pas le peuple allemand <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>souvriers résolus à transformer ce système.Une organisation pourrait, dans une certaine mesure, y suppléer ; et lepeuple allemand est le peuple du mon<strong>de</strong> qui s'organise le plus. <strong>Les</strong> trois seulspartis allemands qui soient, actuellement, <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> masse, se réclamenttous trois d'une révolution qu'ils nomment tous trois socialiste. Comment sefait-il donc que les organisations restent, elles <strong>au</strong>ssi, inertes ? Pour lecomprendre, il f<strong>au</strong>t les examiner dans leur vie intérieure et dans leurs rapportsmutuels. Il f<strong>au</strong>t les examiner surtout dans leur rapport avec les forces conscienteset inconscientes dont le jeu détermine la situation politique ; c'est-àdire,d'une part, avec les courants que produit la crise elle-même dans la masse<strong>de</strong> la population, à savoir ceux qui s'accrochent malgré tout <strong>au</strong> régime, ceuxqui désirent aveuglément <strong>au</strong>tre chose, ceux qui veulent tout transformer, ceuxqui se laissent vivre sans espoir <strong>au</strong> jour le jour ; - d'<strong>au</strong>tre part, avec les <strong>de</strong>uxseuls éléments susceptibles d'agir d'une manière méthodique : la fractionrévolutionnaire du prolétariat et la gran<strong>de</strong> bourgeoisie.*Une révolution ne peut être menée que par <strong>de</strong>s hommes conscients etresponsables : on pourrait donc formuler la contradiction essentielle <strong>au</strong> partinational-socialiste en disant que c'est le parti <strong>de</strong>s révolutionnaires inconscientset irresponsables. Toute crise grave soulève <strong>de</strong>s masses <strong>de</strong> gens qui étouffentdans le régime qu'ils subissent sans avoir la force <strong>de</strong> vouloir eux-mêmes letransformer ; ces masses, <strong>de</strong>rrière les révolutionnaires véritables, pourraientconstituer une force ; la signification essentielle du mouvement hitlérien consisteen ceci, qu'il en a groupé une gran<strong>de</strong> partie à part, la faisant ainsinécessairement tomber sous le contrôle du grand capital. Le mouvementnational-socialiste - car les chefs considèrent, avec raison, le terme <strong>de</strong> mouvementpopulaire comme préférable à celui <strong>de</strong> parti - est composé, comme ilrésulte <strong>de</strong> son essence même, <strong>de</strong>s intellectuels, d'une large masse <strong>de</strong> petitsbourgeois, d'employés <strong>de</strong> bure<strong>au</strong> et <strong>de</strong> paysans, et d'une partie <strong>de</strong>s chômeurs ;mais, parmi ces <strong>de</strong>rniers, be<strong>au</strong>coup sont attirés surtout par le logement, lanourriture et l'argent qu'ils trouvent dans les troupes d'ass<strong>au</strong>t. Le lien entre ceséléments si divers est constitué moins par un système d'idées que par unensemble <strong>de</strong> sentiments confus, appuyés par une propagan<strong>de</strong> incohérente. Onpromet <strong>au</strong>x campagnes <strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts prix <strong>de</strong> vente, <strong>au</strong>x villes la vie à bon marché.<strong>Les</strong> jeunes gens romanesques sont attirés par <strong>de</strong>s perspectives <strong>de</strong> lutte, <strong>de</strong>dévouement, <strong>de</strong> sacrifice ; les brutes, par la certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pouvoir un jourmassacrer à volonté. Une certaine unité est néanmoins assurée en apparencepar le fanatisme nationaliste, que nourrit, chez les petits bourgeois, un vif

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