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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 73le vingt-quatrième art ! Elles sont férocement réprimées. <strong>Les</strong> arts mineursgar<strong>de</strong>nt encore quelques mois la majorité dans les fonctions publiques ; puis lepouvoir est partagé également entre eux et les arts majeurs. <strong>Les</strong> teinturiers,qui ont conservé leur art, peuvent encore l'utiliser pour une action revendicativeet imposent un tarif minimum. Mais une fois privés, par leur f<strong>au</strong>te, <strong>de</strong>l'appui <strong>de</strong> ce prolétariat dont l'énergie et la résolution les avaient poussés <strong>au</strong>pouvoir, les artisans, les petits patrons, les petits commerçants sont incapables<strong>de</strong> maintenir leur domination. La bourgeoisie, comme le remarque Machiavel,ne leur laisse le champ libre que dans la mesure ou elle craint encore leprolétariat ; dès qu'elle le juge définitivement écrasé, elle se débarrasse <strong>de</strong> sesalliés d'un jour. Au reste, eux-mêmes se désagrègent <strong>de</strong> l'intérieur sousl'influence <strong>de</strong> la démoralisation, elle <strong>au</strong>ssi bien caractéristique, qui pénètreleurs rangs. Ils laissèrent exécuter un <strong>de</strong>s chefs princip<strong>au</strong>x <strong>de</strong>s classes moyennes,Scali ; et cette exécution ouvrit la voie à une brutale réaction, qui amenal'exil <strong>de</strong> Michele <strong>de</strong> Lando, <strong>de</strong> Bene<strong>de</strong>tto Alberti lui-même et <strong>de</strong> bien d'<strong>au</strong>tres,la suppression du vingt-<strong>de</strong>uxième et du vingt-troisième art, la domination <strong>de</strong>sarts majeurs, le rétablissement <strong>de</strong>s prérogatives du parti guelfe. En janvier1382, le statu quo d'avant l'insurrection était rétabli. La puissance <strong>de</strong>s entrepreneursétait désormais absolue ; et le prolétariat, privé d'organisation, nepouvant se réunir, même pour un enterrement, sans permission spéciale,<strong>de</strong>vait attendre longtemps avant <strong>de</strong> pouvoir la mettre même en question.Machiavel, écrivant un siècle et <strong>de</strong>mi après l'événement, en une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>calme social complet, trois siècles avant que ne fût élaborée la doctrine dumatérialisme historique, a su néanmoins, avec la merveilleuse pénétration quilui est propre, discerner les c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> l'insurrection et analyser les rapports <strong>de</strong>classe qui en ont déterminé le cours. Son récit <strong>de</strong> l'insurrection, que nousdonnons ici, est, en dépit d'une hostilité apparente à l'égard <strong>de</strong>s insurgés, qu'ilprend à tort pour <strong>de</strong>s pillards, plus remarquable encore par une étonnanteprécision dans tout ce qui répond à nos préoccupations actuelles que par lecaractère captivant <strong>de</strong> la narration et la be<strong>au</strong>té du style.1 À peine ce premier soulèvement apaisé, il s'en produisit un <strong>au</strong>tre qui fitplus <strong>de</strong> tort que le premier à la république. La plupart <strong>de</strong>s incendies et <strong>de</strong>s volsqui avaient eu lieu le jour précé<strong>de</strong>nt avaient été commis par la plus basseplèbe ; et ceux qui s'étaient montrés les plus <strong>au</strong>dacieux craignaient <strong>de</strong>recevoir, une fois les différends plus graves apaisés et réglés, le châtiment <strong>de</strong>leurs f<strong>au</strong>tes, et d'être, comme il arrive toujours, abandonnés par les instigateurs<strong>de</strong> leurs m<strong>au</strong>vaises actions. À cela s'ajoutait la haine que le petitpeuple portait <strong>au</strong>x citoyens riches et <strong>au</strong>x chefs <strong>de</strong>s arts, qui ne lui accordaientpas <strong>de</strong> salaires suffisants à proportion <strong>de</strong> ce qu'il croyait mériter. Lorsque lacité, sous Charles 1 er , s'était divisée en arts, chacun s'était donné <strong>de</strong>s chefs etune forme <strong>de</strong> gouvernement ; et l'on statua que les chefs <strong>de</strong> chaque artjugeraient, en matière civile, tous ceux qui s'y rattachaient. Ces arts, commej'ai dit furent d'abord douze ; et, avec le temps, ils s'accrurent <strong>au</strong> point <strong>de</strong>parvenir <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> vingt et un, et <strong>de</strong>vinrent si puissants qu'<strong>au</strong> bout <strong>de</strong> peu<strong>de</strong> temps ils s'emparèrent <strong>de</strong> tout le gouvernement <strong>de</strong> la cité. Et comme parmieux il s'en trouvait qui étaient plus honorés les uns que les <strong>au</strong>tres, on les divisa1 Le texte qui suit est tiré <strong>de</strong>s Istorie fiorentine <strong>de</strong> Machiavel, <strong>livre</strong> III, ch. XII-XVII. Latraduction est <strong>de</strong> S. W. (Note <strong>de</strong> l'éditeur.)

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