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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 126« gouvernement syndical » . Si les hitlériens, sous l'influence <strong>de</strong>s sentimentsrévolutionnaires <strong>de</strong> la base et <strong>de</strong>s ambitions personnelles <strong>de</strong>s chefs, refusenttoute négociation, on ne voit pas d'<strong>au</strong>tre issue, pour la gran<strong>de</strong> bourgeoisie,qu'un gouvernement hitlérien ; c'est-à-dire la suppression <strong>de</strong>s organisationsouvrières et le massacre organisé.Quant <strong>au</strong>x actions révolutionnaires <strong>de</strong>s hitlériens, toute illusion à ce sujetserait dangereuse. Elles constituent, elles <strong>au</strong>ssi, un moyen <strong>de</strong> chantage vis-àvis<strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> bourgeoisie. Le parti hitlérien a soutenu, avec les communistes,la vague <strong>de</strong> grèves qui a répondu <strong>au</strong>x décrets-lois <strong>de</strong> von Papen, et enparticulier cette grève <strong>de</strong>s transports qui a bouleversé Berlin <strong>au</strong> début <strong>de</strong>novembre, à laquelle toute la population a pris part et qui a fait pousser à laDeutsche Allgemeine Zeitung <strong>de</strong>s cris d'alarme. C'était là un moyen pour leparti national-socialiste, à la fois d'acquérir <strong>de</strong>s voix ouvrières et <strong>de</strong> rappeler àla gran<strong>de</strong> bourgeoisie qu'il lui était indispensable ; et, si l'on juge par lescommentaires <strong>de</strong> la Deutsche Allgemeine Zeitung, cela réussit parfaitementAu len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s élections, la grève, combattue déjà <strong>de</strong>puis plusieurs jourspar la bure<strong>au</strong>cratie syndicale, <strong>de</strong>venait, pour Hitler <strong>au</strong>ssi, embarrassante etdangereuse ; elle se termina <strong>au</strong>ssitôt, et par une défaite. La veille encore, lapresse hitlérienne lançait <strong>de</strong>s mots d'ordre i<strong>de</strong>ntiques à ceux <strong>de</strong>s communistes; le len<strong>de</strong>main elle commençait une série d'articles retentissants, <strong>de</strong>stinésà prouver que Hitler seul pouvait anéantir le communisme en Allemagne.Quant <strong>au</strong>x grévistes eux-mêmes, le fait que <strong>de</strong>s ouvriers hitlériens sont engrève ne garantit nullement, tant que la crève ne constitue pas une infraction àla discipline du parti, que ces mêmes ouvriers ne mettront pas la mêmeviolence, quelques mois plus tard, à réprimer <strong>de</strong>s grèves ; il suffirait que leparti hitlérien ait, entre-temps, pris part <strong>au</strong> pouvoir. Et ces ouvriers croiraientcontinuer à servir leur classe, tout comme l'ont cru, à meilleur titre, lesouvriers bolcheviks qui, après Octobre, ont réprimé <strong>de</strong>s mouvements anarchistes.Ainsi, pour les communistes, le fait d'avoir entraîné <strong>de</strong>s ouvriershitlériens à leurs côtés dans une lutte ne constitue pas un succès, tant qu'ils neles ont pas détachés <strong>de</strong> leur parti. On peut même dire que le front unique entrecommunistes et ouvriers hitlériens, tant qu'il ne s'étend pas <strong>au</strong>x ouvrierssocial-démocrates, <strong>au</strong>gmente, <strong>au</strong>x yeux <strong>de</strong>s masses ouvrières, le prestige <strong>de</strong>Hitler ; les élections du 6 novembre l'ont montré à Berlin.Il n'y a qu'un moyen, pour les ouvriers conscients, <strong>de</strong> vaincre le mouvementhitlérien ; c'est d'une part <strong>de</strong> faire comprendre <strong>au</strong>x masses qu'unmouvement nationaliste, fondé sur l'union <strong>de</strong>s classes, ne peut apporter <strong>au</strong>cunsystème nouve<strong>au</strong> ; d'<strong>au</strong>tre part <strong>de</strong> leur faire sentir l'existence, en face <strong>de</strong> laforce hitlérienne, d'une <strong>au</strong>tre force, celle du prolétariat groupé dans sesorganisations propres.Mais, dès qu'on a énoncé ce programme, on s'étonne qu'il ne soit pas déjàrempli, et le mouvement hitlérien décomposé. Nul peuple n'est plus accessibleà la bonne propagan<strong>de</strong> que le peuple allemand, qui lit et réfléchit tant. Quant àla question <strong>de</strong> force, les syndicats allemands groupent quatre millionsd'ouvriers, et il y a eu, le 6 novembre, six millions <strong>de</strong> voix communistes.Que manque-t-il <strong>au</strong> mouvement ouvrier allemand ? Pour le comprendre ilf<strong>au</strong>t l'examiner sous son double aspect, réformiste et révolutionnaire.

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