11.08.2015 Views

“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 75mettent les nôtres, nous paraîtrons sans <strong>au</strong>cun doute nobles et eux gens ducommun ; car seules la p<strong>au</strong>vreté et la richesse font l'inégalité. J'ai peine à voirque be<strong>au</strong>coup d'entre vous regrettent ce qu'ils ont fait et veulent s'abstenird'actions nouvelles. Et certes, s'il en est ainsi, vous n'êtes pas ceux que j'aicru ; ni le remords ni la honte ne doivent vous effrayer ; car pour <strong>de</strong>s vainqueurs,<strong>de</strong> quelque manière qu'ils aient vaincu, il n'y a jamais <strong>de</strong> honte. Etnous ne <strong>de</strong>vons pas tenir compte <strong>de</strong>s remords <strong>de</strong> conscience ; car là où setrouve, comme en nous, la crainte <strong>de</strong> la faim et <strong>de</strong> la prison, l'enfer ne peut nine doit effrayer. Mais si vous remarquez comment se conduisent les hommes,vous verrez que tous ceux qui sont parvenus à une gran<strong>de</strong> richesse et unegran<strong>de</strong> puissance y sont parvenus ou par la ruse ou par la force ; et ce qu'ilsont usurpé par fourberie ou par violence, pour dissimuler le caractère brutal <strong>de</strong>leur acquisition ils le décorent ensuite <strong>de</strong> f<strong>au</strong>x titre <strong>de</strong> gain... Dieu et la natureont placé tous les biens <strong>de</strong>vant l'homme ; mais ces biens sont plutôt le prix <strong>de</strong>la rapine que <strong>de</strong> l'industrie, et <strong>de</strong>s procédés malhonnêtes que <strong>de</strong>s procédéshonnêtes. De là vient que les hommes se mangent l'un l'<strong>au</strong>tre et que le plusfaible est toujours victime ; nous <strong>de</strong>vons donc employer la force quandl'occasion s'en présente... Je confesse que ce parti est <strong>au</strong>dacieux et périlleux ;mais quand la nécessité comman<strong>de</strong>, l'<strong>au</strong>dace <strong>de</strong>vient pru<strong>de</strong>nce et les hommescourageux ne tiennent jamais compte <strong>de</strong>s périls dans les gran<strong>de</strong>s entreprises...Au reste je crois que, quand on voit préparer la prison, la torture et la mort, ilest plus téméraire d'attendre que <strong>de</strong> chercher à se mettre en sûreté ; dans lepremier cas le mal est certain, dans le second il est douteux... Vous voyez lespréparatifs <strong>de</strong> vos adversaires ; prévenons leurs projets. La victoire est assuréeà celui <strong>de</strong> nous qui prendra le premier les armes, et en même temps la ruine<strong>de</strong>s ennemis et sa propre élévation ; be<strong>au</strong>coup parmi nous tireront honneur <strong>de</strong>cette victoire, tous y trouveront la sécurité. »Violemment enflammés par cette éloquence et ayant déjà par eux-mêmesl'esprit éch<strong>au</strong>ffé pour le mal, ils résolurent <strong>de</strong> prendre les armes quand ils<strong>au</strong>raient associé à leurs projets un plus grand nombre <strong>de</strong> compagnons. Et ilss'obligèrent par serment à se secourir les uns les <strong>au</strong>tres, s'il arrivait que l'und'eux fût opprimé par les magistrats.Pendant qu'ils se préparaient à s'emparer <strong>de</strong> l'État, leur <strong>de</strong>ssein parvint à laconnaissance <strong>de</strong>s prieurs ; et ceux-ci firent arrêter sur la place un certainSimon qui leur dévoila toute la conjuration et que l'on voulait commencer lesoulèvement le len<strong>de</strong>main. Voyant le danger, ils réunirent les Collèges et lescitoyens qui travaillaient avec les syndics <strong>de</strong>s arts à rétablir l'union dans lacité. La nuit était venue avant que tout le mon<strong>de</strong> lut réuni ; l'assemblée conseilla<strong>au</strong>x prieurs <strong>de</strong> faire venir les consuls <strong>de</strong>s arts. Tous furent d'avis <strong>de</strong> fairevenir toutes les troupes à Florence et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>scendre le len<strong>de</strong>main matinsur la place les gonfaloniers du peuple avec leurs compagnies armées. Uncertain Nicolo <strong>de</strong> San Friano était en train <strong>de</strong> réparer l'horloge du palais <strong>au</strong>moment où on mettait Simon à la torture et où les citoyens se réunissaient ;s'étant aperçu <strong>de</strong> ce qui se passait, il rentra chez lui et souleva tout son quartier.Un instant plus tard, plus <strong>de</strong> mille hommes armés se trouvaient rassembléssur la place du Saint-Esprit. Le bruit en parvint <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres conjurés, etSaint-Pierre Majeur et Saint-L<strong>au</strong>rent, lieux désignés par eux, se remplirentd'hommes en armes.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!