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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 130<strong>Les</strong> syndicats durent pourtant sortir <strong>de</strong> leur passivité quand les décrets-lois<strong>de</strong>s 4 et 5 octobre <strong>au</strong>torisèrent les entrepreneurs, en certains cas, à abaisser lessalaires <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous du tarif indiqué par le contrat <strong>de</strong> travail. L'une aprèsl'<strong>au</strong>tre, les entreprises touchées par le décret firent grève. <strong>Les</strong> syndicatsapprouvèrent ces grèves dans la mesure où elles s'appuyaient sur le principe<strong>de</strong>s tarifs, et, par suite, n'étaient pas contraires à la « Frie<strong>de</strong>nspflicht » ; mais,toujours pour respecter la « Frie<strong>de</strong>nspflicht », les syndicats firent ouvertementtout ce qu'ils purent pour empêcher chaque grève, soit <strong>de</strong> s'étendre à d'<strong>au</strong>tresobjectifs que la lutte contre le décret-loi, soit <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> l'entrepriseen se liant avec les mouvements parallèles. Ils y réussirent, et d'<strong>au</strong>tantplus facilement que les patrons, alléchés par les primes à la production quevenait d'établir von Papen, cédaient en général tout <strong>de</strong> suite. Certains entrepreneurseurent recours <strong>au</strong> tribunal d'arbitrage, qui, bien entendu, leur donnaitraison ; le syndicat, toujours en vertu <strong>de</strong> la « Frie<strong>de</strong>nspflicht », brisait alors lagrève. La grève ne fut difficile à briser que dans un cas, celui du fameuxmouvement <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> Berlin ; communistes et hitlériens unis réussirentalors à arrêter complètement, et pendant plusieurs jours, tramways, <strong>au</strong>tobus etmétros ; mais, le 8 novembre, les grévistes <strong>de</strong>s transports reprenaient à leurtour le travail, et sans avoir rien obtenu.La crise ministérielle déterminée par les élections du 6 novembre marquele début d'une nouvelle étape dans l'histoire <strong>de</strong>s rapports entre le réformismeallemand et l’État. La social-démocratie annonçait qu'elle combattrait vonPapen par tous les moyens, s'il revenait <strong>au</strong> pouvoir ; elle laissait entendre queson opposition contre von Schleicher serait plus modérée. Quand vanSchleicher fut chancelier, Leipart, un chef <strong>de</strong> la bure<strong>au</strong>cratie syndicale, ditl'envoyé spécial d'Excelsior : « Nous n'avons rien à reprocher <strong>au</strong> chancelier <strong>de</strong>son passé politique ; la question sociale est <strong>au</strong> premier plan <strong>de</strong> sespréoccupations 1 . » Pour apprécier ces paroles, il f<strong>au</strong>t savoir que c'est vonSchleicher qui a fait rendre <strong>au</strong>x troupes d'ass<strong>au</strong>t hitlériennes le droit <strong>de</strong> porterl'uniforme, et qui a organisé le coup d'État du 20 juillet. Leipart annonça queles syndicats étaient prêts à accor<strong>de</strong>r une trêve à von Schleicher s'il organisait<strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x pour les chômeurs, abolissait les décrets-lois par lesquels vonPapen avait diminué les salaires et les secours <strong>de</strong> chômage, renonçait àmodifier la loi électorale et la Constitution. Cependant, jusqu'ici, la socialdémocratieet von Schleicher n'ont rien fait pour se rapprocher ; chacun restesur ses positions, l'une avec ses revendications sociales, l'<strong>au</strong>tre avec sesdéclarations d'attachement à l'égard <strong>de</strong> l'économie traditionnelle et <strong>de</strong> vonPapen. Peut-être y a-t-il <strong>de</strong>s négociations souterraines. En tout cas, <strong>de</strong> part etd'<strong>au</strong>tre, on attend.Comment s'orientera le réformisme allemand ? La crise lui fait perdre engran<strong>de</strong> partie son efficacité, non seulement du point <strong>de</strong> vue du prolétariat,mais <strong>au</strong>ssi du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s capitalistes. Quand la bourgeoisie est enmesure <strong>de</strong> laisser <strong>au</strong>x ouvriers quelque bien-être, elle peut compter sur cesbiens qu'ils possè<strong>de</strong>nt à l'intérieur du régime pour les attacher <strong>au</strong> régime ;quand il ne leur reste plus que <strong>de</strong>s chaînes, la bourgeoisie ne peut compter surle souvenir <strong>de</strong>s biens qu'ils ont possédés pour les maintenir dans le calme.1 Leipart a, par la suite, démenti cette interview, le journaliste maintient ses dires. Tout cequ'on peut affirmer à ce sujet, c'est que les paroles rapportées par l'Excelsior sont tout àfait conformes à la réputation <strong>de</strong> Leipart en Allemagne. (Note <strong>de</strong> S. W.)

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