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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 146dans la partie rouge <strong>de</strong> la ville, et <strong>de</strong>vant la maison même du parti communiste(maison Karl Liebknecht). La contre-manifestation annoncée par le particommuniste fut interdite. Le parti ne vit là qu'une provocation préparant unemesure d'interdiction contre lui ; et il resta inerte, avant, pendant et après lamanifestation hitlérienne, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quelques appels dans sa presse et d'unecontre-manifestation paisible organisée le 24 <strong>au</strong> même endroit, c'est-à-diredans le quartier où il est maître. Péri, spécialement chargé, dans L'Humanité,<strong>de</strong> transformer en succès les défaites du parti allemand, chanta victoire, <strong>au</strong>ssibien à propos <strong>de</strong> quelques manifestations spontanées qui eurent lieu, le 22janvier, sur le passage <strong>de</strong>s hitlériens, qu'à propos <strong>de</strong> l'inertie où <strong>de</strong>meura leparti, inertie présentée comme un triomphe <strong>de</strong> la « discipline communiste ».En fait, l'appréciation donnée par le parti était entièrement f<strong>au</strong>sse. Il nes'agissait pas <strong>de</strong> prélu<strong>de</strong>r à l'interdiction du parti communiste ; une telle miseen scène <strong>au</strong>rait été inutile à cet effet. Il s'agissait, pour le fascisme, d'une sorte<strong>de</strong> répétition générale <strong>de</strong>stinée à éprouver la force <strong>de</strong> résistance du prolétariatberlinois ; et, à l'expérience, cette force se révéla nulle. Certes le parti eutraison <strong>de</strong> ne pas envoyer ses militants <strong>au</strong> massacre ; mais le prolétariat ad'<strong>au</strong>tres moyens <strong>de</strong> lutter. Ses forteresses à lui, ce sont les entreprises. Or lesentreprises protestèrent, mais elles ne bougèrent pas. Et cependant, d'après lapresse communiste, qui a dû dire la vérité sur ce point, les masses réformistesétaient soulevées par une vive indignation. Malgré cette indignation, et bienqu'averti plusieurs jours à l'avance, le parti ne fit <strong>au</strong>cune proposition <strong>de</strong> frontunique d'organisation à organisation ; il s'en tint <strong>au</strong>x appels vagues et inefficacesà l'action spontanée <strong>de</strong>s ouvriers. Comme <strong>de</strong> tels appels ne constituentpas une action, ni même une tentative d'action, on est forcé <strong>de</strong> dire qu'en cettejournée décisive le parti communiste allemand a purement et simplementcapitulé. Quelques jours après cette capitulation eut lieu l'événement prévu,redouté <strong>de</strong>puis si longtemps ; Hitler fut nommé chancelier.Cette nomination n'a pourtant pas décidé encore <strong>de</strong> l'issue <strong>de</strong> la lutte. Il estextrêmement grave que les ban<strong>de</strong>s d'assassins fascistes aient à présent <strong>de</strong>rrièreelles le pouvoir d'État avec ses caisses, son appareil judiciaire, son appareilpolicier ; mais la bourgeoisie n'a pas encore livré l'Allemagne <strong>au</strong> fascisme ;elle a écarté les hitlériens <strong>de</strong> tous les ministères importants, et notamment duMinistère <strong>de</strong> la Reichswehr. Hitler est forcé <strong>de</strong> continuer, à l'intérieur duministère, la lutte qu'il mène <strong>de</strong>puis huit mois contre les partis <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>bourgeoisie. Mais n'oublions pas qu'il gar<strong>de</strong> entre les mains le même atoutgrâce <strong>au</strong>quel il a obtenu, malgré la répugnance <strong>de</strong> Hin<strong>de</strong>nbourg, le poste <strong>de</strong>chancelier ; à savoir le fait que le mouvement hitlérien est indispensable etrisquerait <strong>de</strong> se décomposer si les partis purement bourgeois l'écartaient dupouvoir ou le domestiquaient.Toute la question est donc <strong>de</strong> savoir qui, du prolétariat ou <strong>de</strong> la bourgeoisie,réalisera en premier lieu l'unité d'action dans ses propres rangs. Labourgeoisie est <strong>de</strong> be<strong>au</strong>coup la plus avancée sur ce terrain. Certes, dès l'arrivée<strong>de</strong> Hitler <strong>au</strong> pouvoir, le parti communiste et la social-démocratie se sont lancémutuellement <strong>de</strong>s appels à l'unité d'action, mais ils ont eu soin <strong>de</strong> les formuler<strong>de</strong> la manière la plus vague. Il y a d'<strong>au</strong>tre part, ces <strong>de</strong>rniers jours, un assezgrand nombre <strong>de</strong> manifestations <strong>de</strong> masse et même <strong>de</strong> grèves dans lesquellesle front unique a été réalisé spontanément. Mais, même maintenant, on ne faitrien pour organiser ce front unique. De la social-démocratie on ne peut

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