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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 129<strong>de</strong>s instruments propres à briser le régime ; pas plus qu'une lime ne peut, encas <strong>de</strong> besoin, se transformer en marte<strong>au</strong>.Or, ce moment semble venu. Ou du moins il est incontestable que, pour ladurée <strong>de</strong> la crise, et, d'une manière générale, dans la mesure ou l'économiecapitaliste est <strong>de</strong>stinée, même après la fin <strong>de</strong> la crise actuelle, à <strong>de</strong>meurer,comme la plupart <strong>de</strong>s gens le pensent, dans un état <strong>de</strong> crise latent, la formulecitée plus h<strong>au</strong>t est vérifiée. Et, à mesure que la crise secouait plus durement lerégime capitaliste, les syndicats allemands, loin <strong>de</strong> se détacher du régime, sesont en effet accrochés <strong>de</strong> plus en plus peureusement <strong>au</strong> seul élément <strong>de</strong>stabilité, <strong>au</strong> pouvoir d'État.Il y a plusieurs années déjà que la confédération syndicale alleman<strong>de</strong> aouvertement subordonné son action à l'État en acceptant ce que les Allemandsappellent le « principe <strong>de</strong>s tarifs ». Selon ce principe, tout contrat <strong>de</strong> travail aforce <strong>de</strong> loi, tout conflit est obligatoirement porté <strong>de</strong>vant un tribunal d'arbitragedont la décision a également force <strong>de</strong> loi. Si les ouvriers veulent fairegrève sans que les patrons aient violé les conditions imposées par le contrat <strong>de</strong>travail ou la décision arbitrale, les syndicats, liés par la « Frie<strong>de</strong>nspflicht »(littéralement : <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> paix), doivent s'y opposer, sous peine <strong>de</strong> tomberdans l'illégalité. Bien entendu, l'appareil syndical respecte scrupuleusement la« Frie<strong>de</strong>nspflicht », non seulement en privant <strong>de</strong> secours toutes les grèvesdites s<strong>au</strong>vages, c'est-à-dire non approuvées par le syndicat, mais encore enexcluant, <strong>de</strong> temps en temps, les syndiqués qui y participent. Cette loi <strong>de</strong>starifs, qui <strong>de</strong>vait, disait-on, protéger les ouvriers contre l'arbitraire patronal, a,en fait, servi <strong>de</strong> bouclier <strong>au</strong>x entrepreneurs dans leurs attaques contre lessalaires. Quant <strong>au</strong> parti social-démocrate, on sait comment, <strong>de</strong> son côté, sousle gouvernement Brüning, il a constamment capitulé ; <strong>au</strong> moment du renouvellement<strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> travail, il a laissé Brüning diminuer tous les salairespar décret-loi. Le résultat <strong>de</strong> cette politique, c'est qu'<strong>au</strong> moment où Brüningperdait le pouvoir, les ouvriers <strong>de</strong>s entreprises avaient passé, presque sansrésistance, d'un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> vie assez élevé à une condition misérable.Vint le gouvernement von Papen et le coup d'État du 20 juillet, qui, enchassant brutalement la social-démocratie du gouvernement <strong>de</strong> Prusse, lui ôtace qui lui restait <strong>de</strong> pouvoir politique. On attendait une vigoureuse résistance.En 1920, la social-démocratie alleman<strong>de</strong> avait montré, lors du coup d'État <strong>de</strong>Kapp, combien elle était capable <strong>de</strong> vigueur. En juillet 1932, elle resta inerte.Pourquoi ? Dans <strong>de</strong>s conversations particulières, les militants <strong>de</strong>s syndicatss'en expliquaient ainsi, dévoilant du même coup les rapports véritables entre lasocial-démocratie, les organisations syndicales et l'État : « Le salut <strong>de</strong> nosorganisations, c'est la considération qui prime toutes les <strong>au</strong>tres à nos yeux. Laréaction politique, en elle-même, ne les met <strong>au</strong>cunement en péril. Dans l'étapeprésente <strong>de</strong> son développement, c'est l'économie capitaliste elle-même qui abesoin <strong>de</strong>s syndicats ouvriers. Quant à Hitler, nous ne le craignons pas ; s'iltentait un coup d'État, il trouverait <strong>de</strong>vant lui nous-mêmes d'un côté, etl'appareil gouvernemental <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tre. »La conclusion était que la seule chose à craindre, pour les organisationssyndicales, c'est une lutte entre elles et l'État, lutte ou elles seraient infailliblementbrisées.

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