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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 79prieurs ne permettait point que l’on accordât à la violence. Cette réponse fitque la multitu<strong>de</strong>, indignée contre le palais, se retira à Santa Maria Novella ; etlà ils nommèrent huit chefs pris parmi les leurs, ainsi que <strong>de</strong>s ministres, etcréèrent encore d'<strong>au</strong>tres dignités qui leur semblaient propres à attirer laconsidération et le respect. Ainsi l'État avait <strong>de</strong>ux sièges et la cité <strong>de</strong>ux gouvernementsdistincts. Ces chefs décidèrent que huit délégués, choisis par lesarts qui participaient <strong>au</strong> mouvement, habiteraient <strong>au</strong> palais avec les prieurs etque toutes les décisions prises par les prieurs <strong>de</strong>vraient être confirmées pareux. Ils enlevèrent à Salvestro <strong>de</strong> Medici et à Michele di Lando tout ce que laplèbe, par ses décisions précé<strong>de</strong>ntes, leur avait accordé. Ils donnèrent à ungrand nombre <strong>de</strong>s leurs <strong>de</strong>s fonctions et <strong>de</strong>s pensions, pour leur permettre <strong>de</strong>soutenir leur rang avec dignité. Une fois ces décisions prises, ils voulurent leurfaire donner force <strong>de</strong> loi, et ils envoyèrent <strong>de</strong>ux d'entre eux <strong>au</strong>x prieurs pourleur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> faire confirmer ces décisions par les conseils, avec le<strong>de</strong>ssein d'arracher cette confirmation par la force s'ils ne pouvaient l'obtenir <strong>de</strong>bon gré. Ces envoyés remplirent leur mandat en présence <strong>de</strong>s prieurs avec unegran<strong>de</strong> <strong>au</strong>dace et une présomption plus gran<strong>de</strong> encore, en reprochant <strong>au</strong> gonfalonierla dignité que la plèbe lui avait donnée, les honneurs qu'elle lui avaitaccordés, et l'ingratitu<strong>de</strong> et le manque <strong>de</strong> respect dont il faisait preuve à sonégard. Et comme ils en étaient venus, à la fin <strong>de</strong> leur discours, à <strong>de</strong>s menaces,Michele ne put supporter plus longtemps tant d'arrogance ; se souvenant plutôtdu rang qu'il occupait que <strong>de</strong> la bassesse <strong>de</strong> sa condition, il jugea bon <strong>de</strong>réprimer par <strong>de</strong>s moyens extraordinaires une insolence extraordinaire et, tirantl'épée qu'il portait <strong>au</strong> côté, il les blessa grièvement ; après quoi il les fit lier etmettre en prison.Cette action, quand elle fut connue, souleva <strong>de</strong> fureur la multitu<strong>de</strong>. Celleci,croyant qu'elle pourrait conquérir par les armes ce qu'elle n'avait pu obtenirdésarmée, prit les armes avec rage et en tumulte et se mit en marche pourarracher l'assentiment <strong>de</strong>s prieurs <strong>de</strong> vive force. Michele, <strong>de</strong> son côté, se doutantqu'ils allaient arriver, décida <strong>de</strong> les prévenir, pensant qu'il y <strong>au</strong>rait plus <strong>de</strong>gloire pour lui à attaquer le premier qu'à <strong>de</strong>meurer chez lui pour attendrel'ennemi, et se voir ensuite forcé, comme ses prédécesseurs, <strong>de</strong> déshonorer lepalais et <strong>de</strong> se couvrir lui-même <strong>de</strong> honte en prenant la fuite. Il rassembladonc un grand nombre <strong>de</strong> citoyens, à savoir ceux qui avaient déjà commencé àse repentir <strong>de</strong> leur erreur, monta à cheval et, suivi <strong>de</strong> be<strong>au</strong>coup d'hommesarmés, marcha sur Santa Maria Novella pour combattre la plèbe. Celle-ci, quiavait, comme nous l'avons dit, pris une décision semblable, était partie elle<strong>au</strong>ssi, presque <strong>au</strong> même moment que Michele, pour se rendre sur la place. Lehasard fit qu'ils ne prirent pas le même chemin et ne se rencontrèrent pas enroute. Alors Michèle, revenant sur ses pas, trouva la place occupée par laplèbe qui était en traite d'attaquer le palais. Il engagea le combat contre eux,les vainquit, en chassa une partie <strong>de</strong> la ville et contraignit les <strong>au</strong>tres à déposerles armes et à se cacher. Cette victoire fut obtenue, et l'ordre rétabli, par le seulmérite du gonfalonier... S'il avait eu un caractère pervers ou ambitieux, laRépublique <strong>au</strong>rait entièrement perdu la liberté et serait tombée sous unetyrannie pire que celle du duc d'Athènes. Mais la pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Michele, et savertu qui ne laissait venir à son esprit <strong>au</strong>cune pensée qui fût contraire <strong>au</strong> biengénéral, firent qu'il conduisit l'affaire <strong>de</strong> manière à se faire suivre d'un grandnombre <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> son parti et à pouvoir dompter les <strong>au</strong>tres par les armes. Ilinspira ainsi <strong>de</strong> la frayeur à la plèbe et du repentir <strong>au</strong>x meilleurs artisans;

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