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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 77pourpoints, tailleurs et <strong>au</strong>tres arts mécaniques, et le troisième pour le menupeuple ; l'on <strong>de</strong>vait toujours prendre <strong>de</strong>ux prieurs dans ces trois nouve<strong>au</strong>x arts,et trois dans les arts mineurs ; les prieurs <strong>de</strong>vaient assigner à ces nouve<strong>au</strong>x artsun lieu où ils pourraient se réunir ; <strong>au</strong>cun membre <strong>de</strong> ces arts ne <strong>de</strong>vaitpouvoir être contraint, avant un délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, à payer une <strong>de</strong>tte <strong>de</strong> plus <strong>de</strong>cinquante ducats; le mont-<strong>de</strong>-piété <strong>de</strong>vait cesser <strong>de</strong> réclamer les intérêts et neplus exiger que le capital; il fallait absoudre les emprisonnés et les condamnéset rendre à tous les admonestés 1 leurs droits civiques. <strong>Les</strong> insurgés <strong>de</strong>mandaient<strong>au</strong>ssi be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> faveurs pour ceux qui les avaient soutenus ; enrevanche, ils voulaient faire admonester et bannir leurs ennemis. Ces <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s,bien que déshonorantes et dangereuses pour la république, furent accordéesimmédiatement; crainte <strong>de</strong> pire, par les prieurs, les collèges et le conseildu peuple. Mais pour qu'elles eussent force <strong>de</strong> loi, il fallait encore l'approbationdu conseil <strong>de</strong> la commune ; et comme on ne pouvait réunir <strong>de</strong>ux conseilsle même jour, on dut remettre la chose <strong>au</strong> len<strong>de</strong>main. Néanmoins les arts et laplèbe parurent satisfaits et promirent qu'une fois la loi achevée, il n'y <strong>au</strong>raitplus <strong>au</strong>cun désordre.Le matin venu, pendant que le conseil <strong>de</strong> la commune délibérait, la multitu<strong>de</strong>impatiente et versatile vint sur la place avec ses étendards accoutumés etavec <strong>de</strong>s cris si perçants et si effroyables que le conseil et les prieurs en furentépouvantés. Aussi Guerriante Marignoli, un <strong>de</strong>s prieurs, sur qui la peuragissait plus violemment qu'<strong>au</strong>cune <strong>au</strong>tre émotion, sortit sous prétexte <strong>de</strong>gar<strong>de</strong>r la porte d'en bas et s'enfuit chez lui. Il ne put si bien se cacher en sortantqu'il ne fût reconnu par la foule; on ne lui fit <strong>au</strong>cun mal, mais lamultitu<strong>de</strong>, en le voyant, se mit à crier que tous les prieurs <strong>de</strong>vaient abandonnerle palais, sans quoi leurs fils seraient égorgés et leurs maisons brûlées.Cependant la loi avait été adoptée et les prieurs s'étaient retirés dans leurschambres ; les membres du conseil étaient <strong>de</strong>scendus et, sans sortir, restaientdans la galerie et la cour, désespérant du salut <strong>de</strong> la cité en voyant si peu <strong>de</strong>sentiments d'honneur dans la multitu<strong>de</strong> et tant <strong>de</strong> malignité ou tant <strong>de</strong> frayeurchez ceux qui <strong>au</strong>raient pu soit la contenir, soit l'écraser. Le trouble régnait<strong>au</strong>ssi parmi les prieurs, incertains du salut <strong>de</strong> la patrie, abandonnés par un <strong>de</strong>sleurs, et à qui <strong>au</strong>cun citoyen ne donnait <strong>de</strong> secours ni même <strong>de</strong> conseils.Tandis qu'ils se tenaient ainsi, sans savoir ce qu'ils pouvaient et ce qu'ils<strong>de</strong>vaient faire, Tommaso Strozzi et Bene<strong>de</strong>tto Alberti, soit qu'ils fussentpoussés par l'ambition personnelle et pour rester les maîtres du palais, soitqu'ils crussent que c'était le meilleur parti à prendre, les engagèrent à cé<strong>de</strong>r àla poussée populaire et à rentrer dans leurs maisons comme <strong>de</strong> simplesparticuliers. Devant un pareil conseil, donné par ceux qui avaient été les chefs<strong>de</strong> l'insurrection, Alamanno Acciaioli et Niccolo <strong>de</strong>l Bene, <strong>de</strong>ux prieurs,s'indignèrent, bien que les <strong>au</strong>tres prieurs fussent disposés à s'y conformer ; et,reprenant un peu <strong>de</strong> vigueur, ils dirent que, si les <strong>au</strong>tres voulaient partir, ils nepouvaient s'y opposer, mais que, pour eux, ils ne voulaient pas renoncer à leur<strong>au</strong>torité avant que le moment en fût venu, à moins <strong>de</strong> perdre en même tempsla vie. Ces désaccords redoublèrent la frayeur <strong>de</strong>s prieurs et la colère dupeuple ; enfin le gonfalonier, préférant terminer sa magistrature honteusementplutôt qu'avec péril, se mit sous la protection <strong>de</strong> Tommaso Strozzi qui le fitsortir du palais et le conduisit chez lui. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>tres prieurs s'en allèrent ensuite1 Citoyens privés <strong>de</strong> leurs droits en tant que « gibelins », c'est-à-dire sur la pression du parti« guelfe ». (Note <strong>de</strong> S. W.)

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