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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 151allemand, à savoir la lutte sectaire contre la social-démocratie considéréecomme « l'ennemi principal », le sabotage du front unique, la participation <strong>au</strong>soi-disant « plébiscite rouge », la honteuse démagogie nationaliste, tout cela aété imposé <strong>au</strong> parti par l'Internationale (cf. notamment le n° 21-22 <strong>de</strong> l'InternationaleCommuniste). Et, quand on parle <strong>de</strong> l'Internationale Communiste, ilne f<strong>au</strong>t pas oublier qu'il s'agit d'un appareil sans mandat, puisque le Congrèsn'a pas été réuni <strong>de</strong>puis cinq ans ; un appareil irresponsable, qui se trouveentièrement entre les mains du Comité Central russe. On l'a bien vu quand leparti russe a exclu Zinovief qui était à la tête <strong>de</strong> l'Internationale, sans consulterles <strong>au</strong>tres sections, ni même leur donner <strong>de</strong>s renseignements précis. Et, en cequi concerne l'orientation nationaliste du parti allemand, nous savons qu'ellecorrespondait parfaitement bien à la politique extérieure <strong>de</strong> l'U.R.S.S., alorssoucieuse avant tout d'empêcher que la France n'attire l'Allemagne dans unbloc antisoviétique. D'<strong>au</strong>tre part, si les conversations entre Leipart et vonSchleicher nous indignent, nous avons le droit <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>au</strong>ssi ce queLitvinof, lors <strong>de</strong> son récent passage à Berlin, a pu dire à von Schleicher <strong>au</strong>cours <strong>de</strong> leur entretien particulier. Enfin, d'une manière générale, on remarquedans les f<strong>au</strong>tes du parti allemand une continuité, une persévérance assez raresquand il y a une erreur fortuite ; et le Komintern emploie, contre ceux quicritiquent ces f<strong>au</strong>tes, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s assez semblables à celles qu'emploie unappareil d'État contre ceux qui menacent ses intérêts. Thorez et Sémard l'ontmontré le jour où, à propos <strong>de</strong> l'Allemagne, ils ont fait assommer lestrotskystes en pleine réunion publique.Tout cela ne suffirait pas peut-être à justifier une accusation <strong>de</strong> trahison.Mais ce qui est certain, c'est qu'une trans<strong>format</strong>ion dans le régime intérieur duparti, trans<strong>format</strong>ion qui constituerait la condition première d'un redressementvéritable, est directement contraire <strong>au</strong>x intérêts <strong>de</strong> l'appareil d'État russe.L'appareil d'État russe, comme tous les appareils d'État du mon<strong>de</strong>, déporte,exile, tue directement ou indirectement ceux qui essayent <strong>de</strong> diminuer sonpouvoir ; mais, comme État issu d'une révolution, il a besoin <strong>de</strong> pouvoir sedire approuvé par l'avant-gar<strong>de</strong> du prolétariat mondial. C'est pourquoi, nonseulement dans le parti russe, mais dans l'Internationale, la chasse <strong>au</strong>x oppositionnelsprime toute <strong>au</strong>tre considération. Étant donné la gravité <strong>de</strong> lasituation en Allemagne, on peut dire que l'appareil du parti allemand, toutesles fois qu'il exclut un communiste pour désaccord avec la ligne du parti,trahit les ouvriers allemands pour s<strong>au</strong>ver la bure<strong>au</strong>cratie d'État russeContre le triple appareil du parti, du Komintern et <strong>de</strong> l'État russe, seulsluttent quelques minuscules groupements d'opposition. Leur opposition estd'ailleurs plut ou moins catégorique. Le « Leninbund », avec Urbahns, vajusqu'à refuser entièrement à l'U.R.S.S. le titre d'État ouvrier ; les trotskystes,<strong>au</strong> contraire, d'ailleurs actifs et courageux, ont à l'égard <strong>de</strong> l' « État ouvrier »,du « parti <strong>de</strong> la classe ouvrière », un perpétuel souci <strong>de</strong> fidélité qui nuitsouvent à la netteté <strong>de</strong> leur jugement 1 . Brandler, dont les partisans sont lesseuls oppositionnels à avoir <strong>de</strong> l'influence dans les syndicats réformistes, va1 Le groupe trotskyste allemand n'est pas « liquidé », contrairement à ce que L'Humanité aannoncé bruyamment ; il a seulement perdu une fraction importante <strong>de</strong> ses membres (unquart, dit-on), qui a non seulement renié Trotsky, mais condamné toutes les oppositions.Un mois <strong>au</strong>paravant, les mêmes se vantaient d'être les meilleurs trotskystes. Le départ <strong>de</strong>tels éléments est un événement heureux pour le groupement ; mais la manière dont il s'estopéré semble indiquer un régime intérieur peu différent <strong>de</strong> celui du parti. (Note <strong>de</strong> S. W.)

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