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“Histoire” livre de Mme Simone Weil au format PDF - Les Classiques ...

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<strong>Simone</strong> <strong>Weil</strong>, Écrits historiques et politiques. 1. Première partie : Histoire 125l'influence <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> bourgeoisie, et l'influence, nettement plus forte en cemoment, du prolétariat. <strong>Les</strong> grands bourgeois restent, dans le mouvementhitlérien, <strong>de</strong> grands bourgeois, les aristocrates <strong>de</strong>s aristocrates ; quant <strong>au</strong>xsimples brutes qui, quelle que soit leur classe sociale, y sont facilementattirées, elles restent <strong>de</strong> simples brutes ; Hitler est arrivé à réunir, dans sonmouvement, toutes les classes ; il n'est nullement arrivé à les fondre. Mais,plus ce parti est disparate, plus sa politique comporte <strong>de</strong> contradictions essentielles,plus il f<strong>au</strong>t que quelque chose maintienne ces éléments si divers en unseul bloc. Mais quoi ?Ce qui unit les membres du mouvement hitlérien, c'est tout d'abord l'avenirque celui-ci leur promet. Quel avenir ? Un avenir qui n'est pas décrit, ou l'est<strong>de</strong> plusieurs manières contradictoires, et peut être ainsi pour chacun <strong>de</strong> lacouleur <strong>de</strong> ses rêves. Mais, ce dont on est sûr, c'est que ce sera un systèmeneuf, un « troisième reich », quelque chose qui ne ressemblera ni <strong>au</strong> passé, nisurtout <strong>au</strong> présent. Et ce qui attire, vers cet avenir confus, intellectuels, petitsbourgeois, employés, chômeurs, c'est qu'ils sentent, dans le parti qui le leurpromet, une force. Cette farce éclate partout, dans les défilés en uniforme,dans les attentats, dans les avions employés pour la propagan<strong>de</strong> ; et tous cesfaibles vont vers cette force comme <strong>de</strong>s mouches vers la flamme. Ils ne saventpas que, si cette force apparaît comme si puissante, c'est qu'elle est la farce,non <strong>de</strong> ceux qui préparent l'avenir, mais <strong>de</strong> ceux qui règnent sur le présent. Laperspective d'un avenir indéterminé, le sentiment d'une force inconnue, envoilà plus qu'il ne f<strong>au</strong>t pour conduire, en ban<strong>de</strong>s disciplinées, ces désespérés,qui ont soif d'une trans<strong>format</strong>ion sociale, <strong>au</strong> massacre <strong>de</strong> tous ceux quipréparent cette trans<strong>format</strong>ion.Mais ce danger n'est-il pas écarté ? Le mouvement hitlérien n'est-il pas enpleine déca<strong>de</strong>nce ? Et les ouvriers hitlériens ne sont-ils pas convertis à lapratique <strong>de</strong> la lutte <strong>de</strong>s classes ?Sans <strong>au</strong>cun doute le mouvement hitlérien est affaibli. Cet affaiblissementest moins dû à la résistance ouvrière qu'<strong>au</strong>x luttes <strong>de</strong>s fractions bourgeoises.En juillet les hobere<strong>au</strong>x ont placé en face <strong>de</strong> Hitler, <strong>au</strong> lieu du faiblegouvernement <strong>de</strong> Brüning, le gouvernement <strong>au</strong>toritaire <strong>de</strong> von Papen. En août,l'industrie lour<strong>de</strong>, sans tout à fait abandonner Hitler, est venue, elle <strong>au</strong>ssi, seranger <strong>de</strong>rrière von Papen. Dès que Hitler a cessé d'apparaître comme la plusgran<strong>de</strong> force, il a perdu une bonne partie <strong>de</strong> son prestige ; c'est ce qui expliqueson recul le 6 novembre. Mais, vis-à-vis <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> bourgeoisie, cet affaiblissementrapi<strong>de</strong> constitue un moyen <strong>de</strong> chantage qui est une force. Lagran<strong>de</strong> bourgeoisie voudrait se servir <strong>de</strong> Hitler sans lui <strong>livre</strong>r le gouvernement.Mais, si elle continuait à le laisser à l'écart, comme elle a fait d'août àdécembre, le mouvement hitlérien se décomposerait, et elle se trouveraitisolée, coupée <strong>de</strong>s masses, <strong>de</strong>vant la vague grandissante du mécontentementouvrier. En dépit <strong>de</strong> ses mitrailleuses, elle serait sans doute alors perdue, àmoins d'un retour rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la prospérité industrielle, fort improbable enAllemagne. Il f<strong>au</strong>t d'<strong>au</strong>tant moins espérer une tactique <strong>au</strong>ssi folle, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>la gran<strong>de</strong> bourgeoisie, que la Deutsche Allgemeine Zeitung, organe <strong>de</strong> l'industrielour<strong>de</strong>, ne cesse, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> novembre, <strong>de</strong> mettre en gar<strong>de</strong> contrece péril, et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une concentration nationale. Von Schleicher vaessayer d'avoir l'appui plus ou moins avoué, soit <strong>de</strong>s hitlériens seuls, en vued'un bloc national, soit <strong>de</strong>s hitlériens et <strong>de</strong>s syndicats ensemble, en vue d'un

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