africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/L'Etat économique de l'Afrique byzantine d'après les récits des chroniqueurs arabes Abdelatif MRABET<br />
Sévères à travers deux lieux-dits situés à l'Ouest de Tripoli: Bani as-Sab(i)ri, cité par al-<br />
Bekri vers 1068 ap. JC. (42) et, As-Sab(i)riyya, mentionné par At-Tigani au début <strong>du</strong><br />
XIVème siècle (43) . En effet, comme l'a si bien suggéré Lewicki (44), ces deux<br />
toponymes d'origine latine-<strong>africa</strong>ine se rapportent aux terres de la res privata<br />
sévèrienne; huit siècles après leurs ancêtres coloni impériaux <strong>du</strong> Haut Empire, les Bani<br />
as-Sab(i)ri-"gens des Sévères "-continuaient à s'occuper d'agriculture. Aujourd'hui<br />
encore, sur ces même lieux mentionnés par les deux auteurs arabes, les cartes modernes<br />
signalent des oliveraies et des oasis. On sait pour le IIIème siècle ap. JC, aussi bien<br />
d'après les sources littéraires et épigraphiques que d'après les marques d'amphores<br />
Tripolitana III, que les domaines sévèriens situés entre Tripoli et Sabratha avaient<br />
pro<strong>du</strong>it et exporté d'importantes quantités d'huile (45) ; s'agissant <strong>du</strong> Bas-Empire,<br />
malgré le silence des textes et l'absence d'indices matériels, Kotula et Lewicki pensent<br />
que cette situation était demeurée inchangée et qu'en tout cas, de l'huile pro<strong>du</strong>ite en<br />
Tripolitaine avait continué à être exportée. Il faut croire avec eux que cette permanence de<br />
pro<strong>du</strong>ction et de commerce " parait justifier et expliquer la tradition séculaire sur les<br />
domaines sévèriens en Tripolitaine dont on croit retrouver des vestiges tardifs chez les<br />
autres arabes " (46) . Ce point de vue trouve une certaine confirmation dans un passage de<br />
Futuh al-Buldan d'al-Baladhuri où cet auteur, à propos de la prise de Tripoli par Amr b. el<br />
As, fait état de nombreuses charges d'olives confisquées à des commerçants (47) ; on voit<br />
donc que, tout au moins au VIIème siècle, Tripoli et son arrière-pays pro<strong>du</strong>isaient<br />
toujours de l'huile et qu'à ce titre, les négociants s'y rendaient nombreux. Cette région<br />
était en outre pro<strong>du</strong>ctrice de céréales; Al-Bekri ne précise-t-il pas que la plaine de<br />
Soubidjin (Soffedjin, au sud de Tripoli) " rend en certaines années, cent grains pour un<br />
"(48) ?<br />
Marchant sur les pas des conquérants arabes, toujours en direction de l'Ouest et tout en<br />
remontant vers le Nord, on constate qu'au delà de Sabratha, le paysage de la côte<br />
tripolitaine au VII ème siècle présente une écologie différente de celle qu'on lui connaît de<br />
nos jours; d'abord, quand on emprunte la grande voie littorale à travers la<br />
Tripolitaine septentrionale et la Byzacène méridionale, on longe- parfois, on traverse-de<br />
grands espaces verts; en deçà de Tacape / Gabes, là où, il y a peu encore, on ne pouvait<br />
voir que quelques îlots de ver<strong>du</strong>re ou quelques oasis rabougries, jadis, si l'on en juge par<br />
certains indices archéologiques, s'étendaient des jardins si importants qu'ils en<br />
paraissaient jointifs; il en allait ainsi, par exemple, des environs de Djebel Tadjera- <strong>du</strong><br />
côté de médenine, Tunisie méridionale- où, tout particulièrement à proximité immédiate<br />
de Ksar Koutine, aujourd'hui encore, on peut détecter des vestiges de puits, réservoirs et<br />
biens d'autre ouvrages hydrauliques qui étaient alimentés aussi bien par les eaux<br />
pluviales que par celles drainées depuis l'oued Hallouf au moyen d'un puissant<br />
barrage (49) . Comme en témoignent les nombreux pressoirs trouvés dans la région , une<br />
Kolendo: " Les grands domaines en Tripolitaine d'après l'itinéraire antonin", actes <strong>du</strong> IIIème colloque international<br />
sur l'histoire et l'archéologie de l'Afrique <strong>du</strong> Nord, Paris, C.T.H.S., 1986, pp. 149-162.<br />
(42)<br />
Al Bekri : "Description de l'Afrique septentrionale", trad. de De Slane; éd. revue et corrigée, Alger, 1913, p.20.<br />
(43)<br />
At-Tigani: "Ar-rihla", éd. Abdelwahhab H.H., Tunis, 1377/1958, pp.212-213 et 319.<br />
(44)<br />
Lewicki T., Kotula T., "Un témoignage d'al-Bakri...", pp.255-262.<br />
(45)<br />
Voir, entres autres, Mattingly D.J.: "The olive boom. Oil surpluses, Wealth and power in roman Tri poli tania",<br />
Libyan Studies, 19,1988, pp.21-41. Concernant les amphores, voir par exemple, Di Vita-Evrard G.: "Note sur<br />
quelques timbres d'amphores de Tripolitaine ", Actes <strong>du</strong> IIème. colloque international sur l'histoire et l'archéologie de<br />
l'Afrique <strong>du</strong> Nord (Grenoble, 5-9 avril 1983), in bulletin archéologique <strong>du</strong> comité des travaux historiques et<br />
scientifiques, N. S., n° 19 B, Paris, 1985.<br />
(46)<br />
Lewicki T. et Kotula T.,"Un témoignage..",p.255.<br />
(47)<br />
Al-Baladhuri, op. cite., p.223.<br />
(48)<br />
Al-Bekri, "Description...", p.25. ,<br />
(49)<br />
Voir, parmi différents auteurs, : -Dr.Carton: "Oasis disparues; lettre à Mr. le docteur Bertholon ", Revue<br />
Tunisienne n°7, juillet 1895, pp. 201-211. "Essai sur les travaux hydrauliques des Romains dans le sud de la<br />
Régence de Tunis" Bulletin <strong>du</strong> comité pp.449-463.<br />
-Dr.Bertholon : "Étude géographique et économique sur la province de l'Arad, Revue tunisienne, n° 2, avril 1894, pp.<br />
169-206. Gauckler P.: Enquête sur les installations hydrauliques romaines en Tunisie"; tome III, Tunis, Imprimerie<br />
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