africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/Monastir au 19ème siècle, à propos de la ville et de l'urbanisme arabo-musulman Med Moncef M'HALLA<br />
impasses à tracé régulier, le partageant dans le sens de la largeur en îlots polygonaux<br />
réguliers (triangle et trapèze). Entre la série d'impasses règne un parallélisme parfait.<br />
Dans l'ensemble des faubourgs, le dessin <strong>du</strong> tracé des voies de circulation ignore<br />
la ligne courbe. Les rues et impasses se coupent perpendiculairement. L'orthogonalité<br />
est la règle.<br />
L'examen de la trame urbaine révèle une opposition entre d'un côté celle <strong>du</strong> Bled<br />
caractérisée par l'absence ou la rareté de la ligne droite et par le grand nombre de rues et<br />
impasses tortueuses et l'ensemble des faubourgs de l'autre où la ligne droite, le<br />
parallélisme des rues et impasses rectilignes, et l'orthogonalité caractérisent le tracé.<br />
Cette même opposition se retrouve dans la médina de Tunis (2) .<br />
Les fonctions de l'espace<br />
Dans le plan de la ville, le vide laissé par la masse bâtie constitue les voies de<br />
passage, alors que le plein est fait de constructions ; celles-ci sont représentées<br />
essentiellement par des maisons d'habitation. On recense en 1883, 1388 maisons (3) ,<br />
pour une population de l'ordre de 5.500 habitants. C'est surtout l'espace public qu'on<br />
tient à examiner ici (4) .<br />
L'espace politico-religieux<br />
Lieu public par excellence, la mosquée est le lieu de rassemblement de la<br />
communauté des hommes, autour <strong>du</strong>quel s'organise l'espace urbain. La Grande<br />
Mosquée, Jama c al Kebir, et le Ribat constituent le premier noyau à partir <strong>du</strong>quel<br />
s'étend la ville. C'est le centre politico-religieux de la cité naissante. La toponymie qui<br />
résiste au changement nous renseigne sur la fonction de ce quartier, puisque la rue qui<br />
mène à la place sur laquelle s'ouvrent le Ribat et la Grande Mosquée est appelée encore<br />
au 19ème siècle Houmat al-Mahkama, rue <strong>du</strong> tribunal. Avec la proximité immédiate <strong>du</strong><br />
Hammam, lieu de purification, on obtient une centralisation des lieux publics.<br />
Si la Grande Mosquée reste au 19ème siècle fonctionnelle, le Ribat devient une<br />
caserne militaire, "qachla"; mais le siège <strong>du</strong> pouvoir politico-religieux s'est déplacé<br />
alors pour se tenir dans le faubourg médian (Rbat al-Aouasat), opérant ainsi un<br />
recentrage sur le plan spatial. Le siège <strong>du</strong> pouvoir politique et religieux est construit<br />
dans la rue Dar al Bey donnant sur l'artère principale de la ville allant de Bab ad Darb à<br />
Bab al-Jedid. Au même niveau et dans une impasse qui lui fait face est construite la<br />
Mosquée Mrad, de rite hanéfite, celui des nouveaux gouvernants, les turcs. Dans cette<br />
rue se trouve un ensemble de bâtiments officiels composés de Dar al Bey dont l'étage<br />
est le siège <strong>du</strong> caïdat; le rez-de-chaussée constitue le tribunal où officie le cadhi et où se<br />
réunit tous les dimanches et jeudis le conseil <strong>du</strong> Sara c "Majlis asara c ". Les deux prisons de<br />
la ville sont contiguës au bâtiment <strong>du</strong> caïdat. En face de ce complexe officiel, il ya une<br />
construction appelée "Sraïet bit al c Asker", à l'étage de laquelle se trouvent les<br />
militaires chargés de la garde de la ville, et dont le rez-de-chaussée est constitué de<br />
quatre magasins.<br />
(2)<br />
Lowy P., Géographie de la médina de Tunis. Thèse Université de Caen, 1978. Voir aussi Abdelkafi J., article sur<br />
la morphologie de la médina. A.S.M. Tunis 1969.<br />
(3) c<br />
Archives Générales <strong>du</strong> Gouvernement Tunisien(A.G.G.T.) Série historique dossier 445 pièce 35 datée <strong>du</strong> 3 rabi<br />
al anouar 1300, soit janvier 1883. V ers 1860, on compte à Monastir 1125 maisons, voir B.N. manuscrit n° 18669.<br />
(4) Notre documentation provient enssentillement des Archives Générales <strong>du</strong> Gouvernement Tunisien (A.G.G.T) et<br />
notamment de la Série historique. Les dossiers consultés sont ceux de la correspondance des caïds <strong>du</strong> Sahel tenue<br />
dans 23 dossiers échelonnés de 1850 (date ronde) à 1883; ceux qui fournissent le plus de renseignements se<br />
rapportent à la décennie 60 et 70 <strong>du</strong> 19è siècle, n° des dossiers : de 424 à 445.<br />
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