africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/Al-Sayyida : une femme, un monument Naziha MAHJOUB<br />
Ibrahim .B. Ismà c il .B. Abi Hafs, mais pour une courte <strong>du</strong>rée, puisqu'il assure une sorte<br />
d'intérim de sept mois, Mai-Décembre 1221 Rabi c 1er à Dù'l Qa c da' 618H5 (49) .<br />
c A'isha' a trente ans lorsque arrive le "Gouverneur en titre" Abù'l- c Alà' Idris .B.<br />
Yùsuf, petit fils de c Abd al-Mu'min, ancien gouverneur de Séville, qui portera le titre de<br />
Sayyid (50) , conformément à la tradition Almohade.<br />
Cet homme, habitué à la finesse et aux subtilités de la culture et de la pensée<br />
andalouse, va être favorable à l'illuminée de la Manouba, qui jusque-là assiste, sans<br />
doute avec une certaine indifférence, à cette lutte et à ce défilé effréné pour le pouvoir,<br />
mais qui se dit au fond d'elle-même, et aux tunisois qui veulent l'entendre, que rien<br />
n'égale la richesse spirituelle.<br />
Abù'l- c Alà .B. Yùsuf Al-Sayyid va peut être apprécier, l'intelligence et le<br />
courage de celle qui se fera appeler, comme lui, Al-Sayyida'. Il fermera les yeux et se<br />
bouchera les oreilles pour ne pas entendre démolir une femme valable, une femme<br />
consciente de ses droits et de ses devoirs, une femme qui pour mieux marquer son<br />
attachement aux Almohades, mais aussi pour se démarquer de ses contemporains et<br />
montrer sa supériorité sur ses détracteurs, en particulier certains hauts fonctionnaires <strong>du</strong><br />
culte, déclame dans les rues de Tunis qu'elle est le maître des hommes 'Anà Sayyidatu'l-<br />
Rigàl (51) . Elle a le courage de le faire, parce qu'elle sait qu'elle bénéficie de l'appui<br />
d'Abù'l- c Alà .B. Yùsuf Al-Sayyid.<br />
Mais cet ancien gouverneur de Séville, n'aura pas un règne tranquille. En effet,<br />
Al-Sayyida' et Tunis seront les témoins, sous ces deux derniers règnes celui de<br />
Abù'l- c Alà et celui de Abu Muhammad c Abd al-Wàhid, de luttes de clans, de règlements<br />
de compte, d'une chasse aux sorcières perpétrées contre les parents et amis <strong>du</strong> Shayh c Abd<br />
al-Wàhid .B. Abi-Hafs, qui coûteront la vie à Ibn Nakhil, ministre et homme de<br />
confiance de c Abd al-Wàhid .B. Abi Hafs (52) .<br />
Et peut-être qu'Al-Sayyida' subira les contrecoups de ce libre cours à la haine et<br />
aux excès, mais elle continue son chemin, elle est encore jeune et combative comme on<br />
peut l'être à vingt cinq ans.<br />
Ces troubles profitent aux rebelles almoravides Yahyà .B. Ghàniya' qui revient<br />
de plus en plus "menaçant" (53) . Il est battu par le fils d'Abù'l- c Alà, Abu Zaïd c Abd al-<br />
Rahmàn, à la fin de l'année 620 H/1223 JC.<br />
Abù'l- c Alà meurt à la fin de cette même année 620H/1223 JC, son fils Abù-Zaïd,<br />
lui succède, il est confirmé dans sa charge par son oncle Abu Muhammad c Abd<br />
al-Wàhid al-Mahlu en 621 H/1224 JC, mais il aura un règne court, d'une <strong>du</strong>rée de deux<br />
ans et en 1225JC il doit quitter le pouvoir. Et c'est, peut-être, mieux ainsi, car si Abu<br />
Zaïd c Abd al-Rahmàn a maté la rébellion d'Ibn Ghàniya', il n'est pas parvenu, pour<br />
autant, à tranquilliser les esprits. Il s'était fait une réputation de "tyran, aux pratiques<br />
arbitraires " (54) , auxquelles la dame de Tunis avait pu échapper grâce à son esprit de<br />
vengeance et à la peur qu'elle a pu inspirer au tyran, en effet, c A'isha' répétait sans<br />
(49) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit. T.I, p. 19.<br />
(50) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit. T.II, p. 15.<br />
(51) Ms. des Manàqibs de c A'isa. B.N. de Tunis n°21179.<br />
(52) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit, t.I, p.18.<br />
(53) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit. t.I, p.19.<br />
(54) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit. Ibid.<br />
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