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africa - Institut National du Patrimoine

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Africa XIII/La conservation de l'héritage culturel: pourquoi, comment ? Naceur BAKLOUTI<br />

artisans (7) , à telle enseigne qu'aujourd'hui on peut affirmer que l'artisanat tunisien vit<br />

une période de rénovation et de revitalisation dont peut témoigner l'organisation <strong>du</strong><br />

salon annuel où les meilleures créations sont exposées et récompensées. Disons en<br />

résumé que nous conservons, restructurons et réhabilitons l'artisanat parce qu'il est un<br />

des volets les plus significatifs de notre patrimoine, parce qu'il a pu évoluer dans ce<br />

cadre et parce qu'il est facteur de développement socio-économique.<br />

Mais ne quittons pas l'art traditionnel sans noter qu'il est devenu une féconde<br />

source d'inspiration pour l'art plastique et qu'à ce titre, l'esthétique traditionnelle, s'il est<br />

permis d'en parler ainsi, est enseigneée aux Beaux Arts ; car en plus de sa fonction<br />

utilitaire, le pro<strong>du</strong>it traditionnel est aussi un objet d'art puisqu'il est le support d'un<br />

espace pictural où se déploie une décoration tantôt foisonnante, tantôt austère; tantôt<br />

savante, tantôt naïve, qui constitue dans les deux cas une entité construite selon des lois<br />

esthétiques évidentes fondées sur le rejet quasi-total de la figuration et le recours à la<br />

schématisation géométrique. Mais c'est là une autre question (8) .<br />

Sur un autre plan, le renouveau de l'artisanat peut être mis en relation avec la<br />

revitalisation des anciens souks traditionnellement réservés aux activités artisanales.<br />

Les cités historiques représentent, comme nous l'avons dit, un patrimoine<br />

monumental et urbain à valeur de référence. En plus, relevant le défi de la modernité,<br />

elles continuent à vivre et vibrer au rythme de l'évolution socio-économique que les<br />

villes connaissent ; mais en contre-partie, elles posent des problèmes de conservation.<br />

On sait que le système urbain traditionnel, bien qu'ayant fait ses preuves, est devenu<br />

fragile face au développement de la ville moderne et que la cité historique risque de<br />

perdre sa prédominance et sa vitalité et de connaître par conséquent une marginalisation<br />

prenant la forme d'une rupture de vocation et de dégradation <strong>du</strong> bâti (9) . Mais un tel<br />

destin n'est pas inéluctable.<br />

Dans la mesure où nous reconnaissons à l'urbanisme traditionnel la souplesse qui le<br />

caractérise, la conservation sera l'instrument d'une revitalisation et d'une réinsersion de<br />

cet héritage dans la vie moderne. Une telle démarche est "souhaitable culturellement,<br />

nécessaire socialement, économiquement avantageuse et financièrement possible" (10) . .<br />

La relance des activités économiques se basera surtout sur la rénovation de l'artisanat et la<br />

redynamisation <strong>du</strong> petit commerce. De même que l'amélioration de l'habitat et <strong>du</strong> cadre<br />

de vie, par son adaptation à l'évolution <strong>du</strong> mode de vie, notamment en ce qui concerne<br />

les équipements et l'infrastructure, restaurera la fonction de résidence de cet espace<br />

urbain. Parallèlement l'implication, par la sensibilisation au patrimoine des habitants,<br />

les con<strong>du</strong>ira à participer à l'effort de conservation. Enfin la réhabilitation préparera les<br />

monuments à de nouvelles affectations culturelles et touristiques, comme ce fut déjà le<br />

cas des monuments antiques (théâtre, amphithéâtre, thermes...). C'est ce genre<br />

d'intervention qui a touché la médina de Tunis, intervention qui a appréhendé les<br />

problèmes dans leur interdépendance.<br />

Mais cette démarche ne saurait être généralisée. Il est vrai que la plupart des<br />

cités historiques de Tunisie et <strong>du</strong> Maghreb connaissent le même phénomène<br />

d'inadaptation et de dégradation et que leur conservation posent des problèmes<br />

similaires, cependant il est des fois où l'intervention doit être mo<strong>du</strong>lée selon les<br />

pertinences <strong>du</strong> contexte. Le cas de Sfax est à cet égard signifiant et soulève un débat<br />

passionnant quant à la nature de sa permanence.<br />

(7) Masmoudi M. Ibid. p. 15.<br />

(8) Baklouti N. Chefs d'oeuvres de l'art traditionnel tunisien, ouvrage collectif, O.N.A., Tunis 1982, l'intro<strong>du</strong>ction.<br />

(9) Msefer J., Villes islamiques d'hier et d'aujourd'hui, I.I.AM., Paris 1984, p.p. 45-75.<br />

(10) Abdelkafi J. "Le projet de sauvegarde de la médina de Tunis à l'épreuve <strong>du</strong> temps", communication présentée au<br />

colloque international organisé par l'A.S.M. sur le thème : "La médina de Tunis : intégration de l'héritage, juin 1992,<br />

p.5.<br />

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