26.06.2013 Views

africa - Institut National du Patrimoine

africa - Institut National du Patrimoine

africa - Institut National du Patrimoine

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

AfricaXIII/Diae et Action Saïda BEN MANSOUR<br />

connu, qui pourrait bien se rattacher à un être "mythique" solidement existant dans une<br />

vaste tradition, comme la licorne uni corne.<br />

L'exécution des motifs subsistants reflète une certaine fidélité au classicisme<br />

tout en adoptant, en outre, le style impressionniste. Le caractère pictural se révèle dans<br />

la réalisation d'Actéon (vu dans les proportions justes <strong>du</strong> corps humain), celle de la<br />

masse rocheuse et des oiseaux réalisés tous avec des tons fon<strong>du</strong>s, des plans d'ombre et<br />

de lumière. Par ailleurs, l'interprétation des mammifères avec leurs toisons frisées et<br />

celle <strong>du</strong> chaume qui a servi à la construction de la chaumière dénotent une expression<br />

<strong>du</strong> réel rarement égalé. D'autre part, la tra<strong>du</strong>ction de l'eau, <strong>du</strong> sol et des végétaux<br />

évoque la platitude et l'abstraction de certaines mosaïques tardives. Ces diverses<br />

tendances dignes <strong>du</strong> style constantinien, habilement conjugué donnent au pavement une<br />

heureuse harmonie très peu observée sur les mosaïques à sujet rural comme la mosaïque<br />

<strong>du</strong> Seigneur Julius à Carthage (4) ou celles de Tabarka (5) . Mais le caractère commun de<br />

toutes ces mosaïques réside dans l'étagement des figures sans lien entre eux et la<br />

négligence de la perspective. Du point de vue stylistique, le pavement de Dougga se<br />

rapproche également de celui d'Orphée à Oudna (6) . Cependant, une singularité jamais<br />

rencontrée sur les mosaïques datées <strong>du</strong> IIIème et IVème siècles se révèle dans la<br />

représentation de l'élément liquide qui coule des rochers, et indiqué par deux traits<br />

rigides limitant une ligne en pointillé. Ainsi, chronologiquement, nous proposons de<br />

dater la mosaïque de Diane et d'Actéon dans la deuxième moitié <strong>du</strong> IVème siècle ap.<br />

J.C.<br />

Le musée <strong>du</strong> Bardo abrite une deuxième mosaïque, illustrant le même sujet, et<br />

découverte en 1904 dans le caldarium des thermes publics à Thina (7) .A l'origine, le<br />

pavement figurait quatre médaillons hexagonaux représentant, chacun, une scène<br />

mythologique différente : Amphitrite sur un monstre marin, Narcisse se mirant dans un<br />

cours d'eau, Hylas allant puiser de l'eau à la source des Nymphes, Diane prenant son<br />

bain et surprise par Actéon dans un paysage rocheux. Actéon est figuré, seulement en<br />

portrait avec de légères ramures au-dessus <strong>du</strong> front, dans une représentation relative aux<br />

modèles pompéiens. Ces caractéristiques iconographiques relèvent des modèles<br />

grecques entre le Vème et le IIème siècle avant JC. (vases, reliefs, statuaires, monnaies),<br />

des documents italiotes <strong>du</strong> IVème siècle avant JC(cratères, assièttes, peintures), des<br />

reliefs étrusques <strong>du</strong> IIème siècle avant JC et des représentations romaines datées entre<br />

le Ième siècle av. JC et le IIIème siècle ap. JC (terre cuite, mosaïques, peintures,<br />

reliefs). La mosaïque de Thina se rapporte davantage, au point de vue organisation, à la<br />

mosaïque d'Ostie datée <strong>du</strong> IIIème siècle, et conçue dans un canevas géométrique<br />

apparenté (8) . A Thina et à Volubilis (9) , Actéon est discrètement évoqué. Quant à<br />

Timgad (10) , le chasseur dont il ne demeure que les cheveux et un pan de son manteau<br />

rouge en haut <strong>du</strong> tableau, il se reflète dans l'eau avec des caractéristiques de cervidé<br />

bien prononcées. Sur la mosaïque de Shahba-Philippopulis (11) , la tête d'Actéon est<br />

pourvue de cornes ramifiées qui annoncent sa métamorphose. Par contre dans notre<br />

cas, le châtiment vient à peine d'atteindre le voyeur dont une seule ramure commence à<br />

pousser timidement sur son front. Occupant un plan en élévation, Actéon est représenté<br />

(4) Yacoub M., Musée <strong>du</strong> Bardo, 1969, p.52, inv. 1<br />

(5) id,p.51,A.25, 26, 27.<br />

(6) Ben Mansour S. Les mosaïques d'Uthina (Oudna) Tunisie, Thèse de 3ème cycle, 1984, p. 277 ss.<br />

(7) Gauckler et R. de la Blanchère, catalogue <strong>du</strong> Musée Alaoui, Paris,1891-1910 p. 299, pL18 -2 ; Lexicon<br />

iconographicum mithologiae classicae, (LIMC) Aktaion p. 465 ; seuls les deux derniers médaillons existent<br />

actuellement au Musée <strong>du</strong> Bardo. Le reste <strong>du</strong> pavement a été laissé à Sfax probablement au théâtre municipal.<br />

(8) Becatti G., Scavi di Ostia IV, Mosaicie pavimenti marmorei, 1961, p. 408.<br />

(9) Etienne R., la mosaïque <strong>du</strong> "bain des Nymphes" à Volubilis (Maroc), I Congreso Arqueologico del Marruecos<br />

Espanol, Tetuan, 1954, p.345-357 ; R. Thouvenot, la maison à la mosaïque de Vénus, publications <strong>du</strong> service des<br />

Antiquités <strong>du</strong> Maroc (P.S.A.M), XII, 1958, p.49-86 ; Rebuffat R., les mosaïques <strong>du</strong> bains de Diane à Volubilis<br />

(Maroc), la mosaïque gréco-romaine, Paris 1965, p.193 ss, fig. 2 - 3.<br />

(10) Germain, S. les mosaïques de Timgad, 1969, p. 19 ss, 17, pl.VII.<br />

(11) Balty J., mosaïque de Syrie, 1977, p.20 ss<br />

97

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!