africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/ABOU-FIHR : un monument hydraulique hafside <strong>du</strong> XIIIème siècle : Archéologie et Histoire Adnan LOUHICHI<br />
* Les carreaux émaillés noir et blanc: le carreau est émaillé moitié noir,<br />
moitié blanc dans le sens diagonal. Il a 8,5 cm de côté et 1,8 cm d'épaisseur. Il s'agit<br />
d'un émail stannifère de bonne qualité qui a gardé tout son brillant.<br />
* Les éléments de marqueterie de faïence: des petits carreaux de 4 cm de<br />
côté émaillés en bleu<br />
La terre émaillé est désignée sous le nom générique de Zellij. "Elle était, dès le<br />
XIème siècle connue en Occident et nous avons considéré son adoption par la Maghreb<br />
comme un apport très probable de l'Ifriqya...<br />
L'usage s'en généralisa dans la première moitié <strong>du</strong> XIVème siècle. Découpé au ciseau<br />
dans une plaque émaillée d'un seul ton, le zellij s'incruste soit dans la pierre... soit dans<br />
le parement de briques... ou bien il entre dans la composition d'une marqueterie<br />
polychrome et figure au cadre extérieur des porte, s dans les frises des minarets, aux<br />
lambris et au pavage des salles" (26) .<br />
La présence de tous ces éléments dans le remblai présage de l'existence de murs revêtus<br />
ou de salles pavées de cette manière. Ce sont des matériaux de luxe que seules les<br />
classes privilégiées pouvaient s'offrir. Leur emploi connaîtra aux XV-XVIème siècles<br />
une certaine démocratisation et aura auprès de la bourgeoisie citadine un succès tel que<br />
la faïence de revêtement mural deviendra le principal élément de décoration<br />
architecturale.<br />
EXPLICATION DES DONNÉES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES<br />
Cette fouille est loin d'être parachevée. Elle a toutefois permis d'atteindre les<br />
objectifs que nous nous sommes proposés sur le plan architectural. Nous avons à<br />
présent deux structures, le pavillon et le bassin, mis au jour partiellement - il est<br />
vrai-mais, assez suffisamment pour avoir une idée claire sur leur configuration<br />
générale.<br />
Le site en soi présente des caractéristiques qui le distinguent parfaitement. Le<br />
dossier comportait au départ deux données de natures différentes:<br />
- Une donnée archéologique formée par les vestiges d'une pièce d'eau.<br />
- Une donnée historique, c'est à dire, des textes médiévaux relatifs au jardin<br />
princier en général.<br />
La découverte de la structure que nous avons identifiée comme étant un des<br />
deux pavillons signalés par Ibn Khal<strong>du</strong>n, donc un espace d'habitat, a intro<strong>du</strong>it dans ce<br />
dossier une autre dimension très importante. Nous avons ainsi d'un côté et sur une<br />
surface couvrant presque la totalité <strong>du</strong> bassin une seule et épaisse couche agricole<br />
n'ayant presque aucun intérêt archéologique. D'un autre côté, sur les carrés<br />
correspondant au pavillon, nous trouvons des remblais de type archéologique. Ils<br />
comportent très peu d'éboulis. Pierres, briques et tout ce qui peut resservir ont dû être<br />
remployés ailleurs. L'état de cette partie <strong>du</strong> site est tel que nous ne pouvons pas dé<strong>du</strong>ire<br />
en quel matériau les élévations étaient construites. On décèle bien une couche de<br />
destruction en dessous de la couche agricole, mais elle ne livre que des informations<br />
fragmentaires. Donc si nous analysons l'épaisseur des remblais des sondages <strong>du</strong><br />
pavillon qui sont les plus représentatifs, nous y voyons les unités stratigraphiques<br />
suivantes:<br />
(26) Marçais G. op. cit., p. 335.<br />
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