africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/ ABOU-FIHR : un monument hydraulique hafside <strong>du</strong> XIIIème siècle : Archéologie et Histoire Adnan LOUHICHI<br />
Le mur nord dont nous n'avons dégagé que la partie située à l'ouest <strong>du</strong> pavillon<br />
était enfoui sous une couche de terre de 30 à 50 cm. Il a une hauteur inégale de 30 à 60<br />
cm. L'arasement est fort dégradé et tout particulièrement <strong>du</strong> côté sud ( fig. 17). Il est<br />
dépourvue de contreforts mais il a en revanche 4m d'épaisseur, c'est à dire le double de<br />
celle des autres murs; ce qui écarte en soi tout risque de dévers. En outre,<br />
l'enchaînement entre le pavillon et le bassin consolide parfaitement cette partie nord,<br />
(fig. 9-10).<br />
Dans l'angle nord-ouest <strong>du</strong> bassin se trouve une masse de pisé qui a été ajoutée<br />
après la construction des murs car nous pouvons distinguer par dessus une ligne<br />
régulière correspondant au parement <strong>du</strong> mur nord.<br />
C'est une masse informe qui s'étale sur plus de 5m suivant un plan oblique par rapport<br />
au fond <strong>du</strong> bassin. A son sommet se trouvent deux trous rapprochés, presque circulaires .<br />
(1,50m de diamètre environ), taillés dans le pisé, semble-t-il, et dont le diamètre se<br />
rétrécit progressivement vers le fond ( fig 18). Ces trous, que nous avons vidés jusqu'à<br />
2m. de profondeur, étaient comblés de terre rouge ne comportant, aucun mobilier.<br />
Les murs ouest, sud et est <strong>du</strong> bassin étaient munis de contreforts externes .<br />
comme l'indiquent les traces qui en subsistent. Ils étaient demi-circulaires. Aujourd'hui<br />
il en reste sept : 4 sur le mur ouest, un à l'angle des murs ouest et Sud et 2 sur le mur<br />
sud. Sur le plan de Solignac (fig.2) nous remarquons en plus un unique contrefort sur le<br />
mur est qui a complètement disparu depuis. Les contreforts <strong>du</strong> mur est et ouest sont<br />
bâtis à des intervalles réguliers de 30 m. Sur le mur sud, l'intervalle entre les contreforts<br />
est de 15 m.<br />
Le fond <strong>du</strong> bassin, partiellement mis au jour, est bien conservé par endroits. Il<br />
est enfoui sous une couche de 50 à 70 cm. de remblai. Ceci nous permet de calculer<br />
approximativement la capacité <strong>du</strong> bassin en se basant sur la hauteur la mieux conservée,<br />
en l'occurrence à l'angle sud-ouest où elle atteint environ 2,50m. La capacité serait donc<br />
aux environs de 45. 000 m 3 . Ce fond est formé d'une couche de mortier identique à<br />
l'en<strong>du</strong>it des murs ( fig 8 et 11), étalée sur un lit de petites pierres plates liées avec <strong>du</strong><br />
mortier blanc ( fig. 12). La base des murs est entourée d'une moulure ou boudin, en<br />
quart de cercle la protégeant des infiltrations ( Fig. 13).<br />
LES MATERIAUX ET LES TECHNIQUES DE CONSTRUCTION<br />
Le pavillon et le bassin sont comme indiqué ci-haut construits en pisé. Il s'agit<br />
de moellons de blocage, de tuileaux et de céramique concassés, noyés dans un mortier<br />
mélange de terre et de chaux bien compact. La technique de construction consiste à<br />
verser le mortier dans des banches (coffrage en bois). Ibn Khaldoun dans sa<br />
Muqaddima décrit cette technique mais, il n'y évoque pas les dégraissants : " Qn peut<br />
aussi construire tout en terre, à commencer par les murs, en prenant un coffrage en<br />
bois, dont les dimensions varient selon les régions, mais sont en général de quatre<br />
coudées sur deux. On dresse ces planches sur les fondations en les espaçant à une<br />
distance convenable. Elles sont reliées à des traverses en bois assujetties avec des<br />
cordes ; on ferme le tout avec deux autres petites planches. Puis dans ce coffrage, on<br />
verse un mélange de terre et de chaux, spécialement préparé à cet effet. On en ajoute<br />
encore, jusqu'à ce que le vide soit tout à fait comblé. La terre et la chaux sont devenues<br />
comme une seule substance. Ensuite on place deux autres planches de la même façon et<br />
l'on prépare le mélange de chaux et de terre. On dresse alors un nouveau coffrage<br />
vertical, jusqu'à ce que le mur entier soit construit, comme s'il était d'une seule pièce .<br />
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