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africa - Institut National du Patrimoine

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Africa XIII/Monastir au 19ème siècle, à propos de la ville et de l'urbanisme arabo-musulman Med Moncef M'HALIA<br />

XVIIIème et XIXèmes siècles (14) . " Mais le sens de cette terminologie est flou,<br />

extensible et ne peut être retenu pour un critère objectif, étant donné son caractère<br />

relatif. Ainsi, les éléments de la tribu semi-nomade qui ont un mode de vie fixe, dans<br />

des villages, ne sont-ils pas désignés par les siens comme "beldia", par opposition aux<br />

nomades, dits "rahala"? C'est le cas , par exemple, chez les Béni Zid à El-Hamma, ou<br />

chez les Neffat à Chenenni-Gabès.<br />

Un critère à caractère juridique, sous forme de privilège fiscal, fait apparaître, au<br />

milieu <strong>du</strong> 19ème siècle, une distinction, parmi la "population <strong>du</strong> royaume" (ahl al iala),<br />

entre ceux des villes et le reste. L'exemption, fiscale, en tant que privilège, est<br />

généralement accordée par le bey, à titre nominatif, à des indivi<strong>du</strong>s appartenant à la<br />

catégorie des hommes religieux (saints, jurisconsultes, chérif-s) et aux agents <strong>du</strong><br />

pouvoir central. L'institution, en Juin 1856, d'un impôt de capitation, annuel portant sur<br />

les sujets mâles et pubères, dit i c ana ou mejba, accorde aux habitans des villes une<br />

exemption légale. A cet impôt sont assujettis, stipule le secret beylical, "chacun des<br />

habitants des tentes (ahl al khiam), des bourgs (madachir), des villages (kura) et cités<br />

(buldan)" (15) . Balad (pl. buldan), tra<strong>du</strong>it ici par cité, est le terme générique désignant une<br />

petite agglomération urbaine et/ou une province, un pays. De ces différents types de<br />

communautés sont dispensés <strong>du</strong> paiement de la mejba les dignitaires religieux, les<br />

militaires et les étudiants. Parmi les villes, ceux qui sont reconnues officiellement<br />

comme telles, Tunis la capitale, ville par excellence, a une place à part et n'est même<br />

pas mentionnée dans le décret instituant la mejba. En tant que ville-métropole, Tunis est<br />

dite la hadhira en tant que symbole de la civilisation urbaine, c umran hadhari. Le texte<br />

de loi stipule: "Quand aux villes, ce sont : Kairouan, Sousse, Monastir et Sfax". Il est<br />

précisé que l'exemption <strong>du</strong> paiement <strong>du</strong> droit de capitation n'interresse que les<br />

habitants "originaires" (assil, assala) de ces villes. Alors que ceux qui y résident en tant<br />

qu'"immigrés" (wafid-s), et "dont la résidence en ville n'a pas affecté leur appartenance<br />

(ascendance, nisba) (16) ", sont rattachés à leurs cités (balad) ou tribus (kabila) et ainsi<br />

assujettis au paiement de cet impôt.<br />

En septembre 1863, pour faire face à l'endettement de l'Etat, le bey a eu recours<br />

au doublement de la mejba et surtout à sa généralisation à l'ensemble de la population,<br />

sans exception; mesure par laquelle les dignitaires sont ravalés au rang <strong>du</strong> commun des<br />

sujets, mettant sur le même pied d'égalité ceux qui ne l'étaient pas. Commentant cette<br />

réforme fiscale, qui a été par ailleurs à l'origine de l'insurrection générale de 1864, le<br />

reformateur Ibn Abi Dhiaf manifeste son indignation à l'égard de l'abolition des<br />

privilèges et écrit : "les villes sont traités à l'instar des nomades ( c urban). Parmi ces<br />

villes , Kairouan (17) ", ville sainte.<br />

A travers la représentation <strong>du</strong> statut des hommes et des communautés par le<br />

pouvoir central transparaît une différenciation entre la ville et le reste; mais cette<br />

distinction est loin d'être statutaire ou même explicite. Néanmoins, le critère juridique<br />

qui spécifie les villes par l'octroi d'un privilège fiscal, n'est pas, comme on le verra,<br />

sans fondement.<br />

Qu'est ce qu'une ville ? Qu'est ce qui la distingue <strong>du</strong> village ?<br />

La question a été abordée dans diverses études dans lesquelles les critères arrêtés<br />

pour la reconnaissance des villes sont en général d'ordre quantitatif, morphologique et<br />

(14) ème éme<br />

Abdessalem A., La sémantique sociale de la ville d'après les auteurs tunisiens <strong>du</strong> XVIII et XIX siècle,<br />

p.48, art. dans la ville arabe dans l'Islam, direction de bouhdiba A. et Chevalier D., C.E.R.E.S. Tunis, CNRS Paris<br />

1982.<br />

(15) c<br />

Ibn Abi Dhiaf (Ahmed) Ithaf ahl az-zaman bi-akhbar muluk tunis wa ahd al aman. Tunis 1964. Tome IV. p.<br />

205.(voir note n°15 en arabe à la fin de l'article).<br />

(16)<br />

Ibn Abi Dhiaf op. cit.,p.207 (voir note n°16 en arabe à la fin de l'article).<br />

(17)<br />

Ibn Abi Dhiaf op. cit. tome V p. 115 (voir note n°17 en arabe à la fin de l'article).<br />

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