africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/ La céramique médiévale en Tunisie état de la recherche (IXè-Xè siècles) AbdelAziz DAOULATLI<br />
souci réel d'imiter la nature, contrairement à la faune stéréotypée et conventionnelle de la<br />
céramique jaune de Raqqada. L'écriture coufique se développe d'une manière plus ample et<br />
prend des aspects plus riches.<br />
Mahdia<br />
De la seconde capitale des Fatimides, on n'a comme unique témoignage de sa<br />
splendeur passée que quelques rares vestiges et surtout le site où les fouilles semblent<br />
avoir dégagé les restes <strong>du</strong> palais d'Al-Qa'im où <strong>du</strong> matériel céramique a été trouvé<br />
rappelant celui de Sabra-Mansouriya.<br />
La Qala'a des Béni Hammad<br />
On ne peut parler de cette période des Xème -XIème siècles sans évoquer<br />
également la Qala'a des Béni Hammad fondée par les Zirides en 1007-1008 qui a connu<br />
une grande période de prospérité <strong>du</strong>rant la première moitié <strong>du</strong> XIème siècle mais qui<br />
tomba en décadence avec l'arrivée des Arabes Banu Hilal au milieu <strong>du</strong> XIème siècle,tout<br />
comme d'ailleurs Kairouan et ses villes satellites. La céramique qui y a été récoltée et<br />
publiée aussi bien par G.Marçais que L.Golvin et R.Bourouiba, nous donne une idée<br />
assez complète des qualités essentielles de cette pro<strong>du</strong>ction où l'on continua à utiliser les<br />
mêmes couleurs qu'à Sabra-Mansouriya avec une nette volonté de représenter toutes<br />
sortes de figures animées et même des scènes avec des personnages en action. Le reflet<br />
métallique est aussi présent au point qu'on arrive à en identifier les ateliers de fabrication.<br />
La connaissance de cette céramique des Xème-XIème siècles doit être complétée<br />
par celle confectionnée dans l'Egypte Fatimide, en Sicile et en Espagne à l'époque califale<br />
car tout l'occident musulman semblait à cette époque baigner dans une sorte d'unité<br />
culturelle et artistique.<br />
Carthage et Tunis<br />
Les fouilles entreprises à Carthage ont dégagé un ensemble de tessons dont une<br />
bonne partie appartient au XIème-XIIème siècles ; ce qui constitue un complément<br />
indispensable aux découvertes des sites précédents. Mais le matériel de Carthage semble<br />
plutôt provenir de la ville de Tunis toute proche réputée déjà au Xème siècle par ses belles<br />
faïences dont S.M.Zbiss a dégagé quelques spécimens d'un cimetière qui fut jadis la<br />
nécropole de la dynastie locale des Banu-Khorassane qui ont régné <strong>du</strong> milieu <strong>du</strong> XIème<br />
siècle au milieu <strong>du</strong> XIIème siècle.<br />
Si les techniques semblent demeurer les mêmes , le style a beaucoup changé : la<br />
figure animée perd de son naturalisme et devient de plus en plus conventionnelle et figée ;<br />
les corps sont remplis de hachures, d'enroulements et d'autres motifs prenant parfois<br />
l'aspect assez bizarre d'animaux fantastiques. C'est cette céramique qui grâce aux<br />
échanges établis depuis la deuxième moitié <strong>du</strong> XIè siècle avecPise et Gènes qu'on<br />
retrouve dans les fameux " bacini" qui décorent les façades de certains monuments<br />
religieux et civils surtout en Ligurie à partir <strong>du</strong> XIème siècle.<br />
Les céramiques de Tunis nous permettent de suivre cette évolution notamment<br />
après l'installation des Almohades ( 1159) qui ont imposé un style austère au décor large<br />
fait d'étoiles et d'arabesques qui remplace de plus en plus les anciennes compositions où<br />
entraient enjeu parallèlement, la géométrie, la flore et la faune. D'ores et déjà le décor<br />
large sans fioriture semble s'imposer pour une courte période jusqu'à ce que les<br />
Hafsides, successeurs des Almohades ,se remettent au goût <strong>du</strong> jour apporté par<br />
l'Andalousie, un goût dominé par la recherche <strong>du</strong> luxe et de l'ostentatoire et dont la<br />
redécouverte <strong>du</strong> reflet métallique à partir des XIIème et XIIIème siècles n'en est qu'un<br />
des témoignages les plus éloquents.<br />
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