africa - Institut National du Patrimoine
africa - Institut National du Patrimoine
africa - Institut National du Patrimoine
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Africa XIII/ Sacrifice, sacre et fête aux premiers temps de l'Islam Nabil GRISSA<br />
ou d'un voeu ("Nadhr") ou la pratique de la chasse interdite au pèlerin, mais aussi de<br />
toutes les sortes d'infraction aux règles <strong>du</strong> pèlerinage comme l'acte sexuel, le port d'un<br />
vêtement cousu, la coupe des cheveux consciemment ou même par ignorance,etc.. (7) .<br />
Dans de tels cas, l'expiation appelée "Fidya" sera le jeûne de trois jours ou<br />
la nourriture de six pauvres ou le sacrifice d'un agneau dont la viande doit être donnée<br />
en aumône.<br />
Ce sacrifice particulier est nommé "Nusuk" (8) ; il s'agit d'un terme que nous<br />
retrouvons, aussi, dans le Coran comme à la sourate 2 dite de la Génisse (Al-Baqara)<br />
(verset 196) et qui désigne l'animal offert à Dieu, donc sacrifié. Le terme "Mansak"<br />
désigne, alors, ce sacrifice qui fait partie d'une "Fidya" et désigne aussi le lieu <strong>du</strong><br />
sacrifice ou même tout acte consacré à Dieu (9) ;il peut désigner, enfin, la pureté ou<br />
l'ascétisme (l0) , ce qui nous renseigne sur la nature de ce sacrifice: sacrifice de<br />
purification, donc expiatoire.<br />
Dans le livre de "Bidâyat al-Mudjtahid" d'Ibn Rushd (mort en 595H/1198) (11) ,<br />
nous découvrons une grande élaboration de l'article "Kaffâra" qui concerne, chez<br />
lui, le jeûne aboli (12) ,le pèlerinage perturbé (13) , le serment non tenu (14) , le voeu non<br />
respecté (15) Ou le mariage ren<strong>du</strong> incestueux par la faute <strong>du</strong> mari ("Zahâr") (16) ,<br />
Néanmoins, la "Kaffâra" chez Ibn Rushd est rarement un sacrifice, elle est surtout<br />
un jeûne, un affranchissement, une nourriture aux pauvres, une aumône ou tout<br />
simplement une prière; la nourriture donnée aux pauvres est, pour Ibn Rushd, une<br />
quantité définie de céréales ou de dattes, mais point de viande (14) .<br />
En remontant encore plus le temps, nous découvrons que, par exemple an-Nîsabûrî<br />
( mort en 318 H/ 930), ne parle qu'une seule fois de la "Kaffâra" sous forme de viande;<br />
il s'agit, pour lui, surtout de pain et de beurre ou de pain et d'huile (17) .<br />
Nous pouvons, bien sûr, continuer ainsi indéfiniment avec les oeuvres de Fiqh<br />
qui discutent longuement des modalités de la "Kaffâra", mais il en ressort déjà qu'elle<br />
était, à l'origine, rarement un sacrifice animalier et que le sacrifice, en Islam, était<br />
d'abord céréalier et ensuite animalier, de telle sorte que nous pouvons croire que le<br />
sacrifice animalier concernait plus l'expiation des infractions aux règles <strong>du</strong> pèlerinage<br />
que tout le reste; il devait y avoir, sans doute, une raison sociologique à l'évolution<br />
particulière que connut la matière "Kaffâra" dans le Fiqh islamique et qui y a fait<br />
généraliser le sacrifice piaculaire animalier.<br />
(7) Ibn Djazî, op.cit., p.143.<br />
(8) Ibid, p. 143-144.<br />
(9) L'Académie de la Langue Arabe <strong>du</strong> Caire: Mu c djam Alfâz al-Qur'ân al-Karîm, le Caire-Beyrouth, Dâr ash-<br />
Shûrûq, 1981, p.657-658.<br />
(10) Abû Djayb(Sa c dî) : Al-Qâmûs al-Fiqhî, Damas, Dâr al-Fikr, 1982, p.352.<br />
(11) Ibn Rushd (Abûl-Walîd Muhammad Ibn Ahmad): Bidâyat al-Mudjtahid wa Nihayat al-Muqtasid, 2 volumes,<br />
Beyrouth, Dâr al-Ma c rifa, 1981.<br />
(12) Ibid., vol.I, p.302-307.<br />
(13) Ibid. ,vol.I, p.354-375.<br />
(14) Ibid., vol.I, p.417-421.<br />
(15) Ibid., vol.I, p.421-428.<br />
(16) Ibid.,vol.II,p.l04-114.<br />
(17) An-Nîsabûrî (Muhammad Ibn Ibrâhîm): Al-Ishrâf c ala Madhâhib Ahl al c Ilm, édition critique de<br />
Muhammad Nadjîb Sirâdg ad-Dîn, Doha, Dâr at-Tâqâfa, 1986, vol.I, p.433.<br />
138