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africa - Institut National du Patrimoine

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Africa XIII/ Sacrifice, sacre et fête aux premiers temps de l'Islam Nabil GRISSA<br />

Par conséquent, au lieu de commémorer quelqu' événement historique ou<br />

mythique - comme dans les religions antiques - la Fête en Islam transcende le sacrifice<br />

que fait le Musulman de lui-même à Dieu à l'occasion <strong>du</strong> Jeûne de Ramadan et <strong>du</strong><br />

Pèlerinage, et - par là-même - elle exprime la jouissance de ce Musulman de la Grâce<br />

divine et sa gratitude envers Dieu qui l'a guidé vers le Salut éternel.<br />

Enfin et d'une manière générale, il nous semble maintenant clair que le Sacré<br />

s'exprimait le mieux dans les différentes sociétés que nous avons étudié à travers les<br />

fêtes à base sacrificielle et, en même temps, que l'homme croyait communiquer le<br />

mieux ( ou plus fort ) avec le divin à travers la victime sacralisée et sacrifiée.<br />

L'ambiguité apparente de la notion de "Sacré" viendrait de ce que nous ne<br />

croyons généralement pouvoir l'appliquer qu'à ce qui est proprement divin ou à ce qui<br />

appartient exclusivement au divin ( cette conception nous vient, comme nous l'avons<br />

montré, <strong>du</strong> monde gréco-romain) alors qu'elle pourrait, aussi, désigner un état en<br />

mouvement de transcendance (probablement de retour à la source divine) -<br />

tout en restant ontologiquement distinct <strong>du</strong> divin - comme le concevaient les Arabes<br />

avant l'Islam et, d'une manière plus accentuée, aux premiers temps de l'Islam.<br />

*<br />

* *<br />

En guise de conclusion, je devais mettre la question traitée ici dans son cadre<br />

final, mais voilà -encore une fois- un travail qui reste inachevé puisque,<br />

malheureusement, je n'ai pas encore les moyens d'aller plus loin et d'initier<br />

quelqu'interprétations plus généreuses. A vrai dire, ce travail primordial m'aurait donné<br />

plus enthousiasme que satisfaction quant aux résultats auxquels il a abouti; en voici,<br />

maintenant, quelques-uns:<br />

* Les Arabes avant l'Islam sacrifiaient pour la viande et le sang, la viande étant<br />

l'objet d'un repas de communion et le sang, probablement, un outil de protection ou de<br />

sacralisation; le tout était voué aux dieux dans un but essentiellement piaculaire ou<br />

bien, parfois, il n'y avait derrière qu'une simple volonté d'affirmation de sa supériorité<br />

naturelle ou mystérieuse par les jeux de hasard ( aspect à la fois ludique, magique et<br />

religieux).<br />

* L'Islam s'intéressait peu à l'expiation ("Kaffâra") des péchés et quand elle devenait<br />

obligatoire, surtout à l'occasion <strong>du</strong> pèlerinage, elle n'était pas forcément sous forme<br />

d'un sacrifice animalier.<br />

* L'Islam a gardé certains rituels arabes en transformant le message qui est, ainsi,<br />

devenu la communication personnelle et directe avec Dieu et en<br />

identifiant le sacrificateur ( qui est en même temps le sacrifiant défini par C.<br />

Lévi-Strauss) à la victime et le pèlerin au fils d'Abraham et à son substitut<br />

animalier; le pèlerinage musulman aurait, donc, pour moment crucial celui <strong>du</strong><br />

sacrifice <strong>du</strong> "Hady" .<br />

* Le sens profond de cette identification serait un thème sans doute nouveau pour les<br />

Arabes : la Grâce divine et la délivrence de l'âme de son corps et de ses péchés (le<br />

Salut= "as-Salâm") n; c'est, donc, une fonction plus que piaculaire qu'il faudrait donner<br />

au sacrifice musulman.<br />

* La notion de "Sacré" dans son opposition au "Profane" n'a pas la même présence<br />

chez les peuples antiques , les Arabes ou les Musulmans : le Sacré en Islam n'est,<br />

semble-t-il, qu'un état en mouvement transcendental en contact avec le divin; un tel<br />

Sacré est difficile à saisir même par le langage; il aurait ainsi plusieurs noms pour le<br />

désigner et couvrir son champs sémantique et sémiotique comme "Muqaddas",<br />

"Harâm", "Mansak", etc..<br />

"grâce-miséricorde" est fondamentalement différente de la Grâce définie dans la Tradition islamique comme la<br />

"Grâce-Salut".<br />

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