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africa - Institut National du Patrimoine

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Africa XIII/ABOU-FIHR : un monument hydraulique hafside <strong>du</strong> XIIIème siècle : Archéologie et Histoire Adnan LOUHICHI<br />

Il existait à côté <strong>du</strong> pisé qui s'effrite facilement, un pisé très compact et ayant<br />

presque la consistance d'un béton. C'était le cas notamment de celui partiellement en<br />

usage à Thysdrus (21) .<br />

Brique crue et pisé étaient aussi abondamment utilisés à l'époque musulmane et<br />

essentiellement à Kairouan et ses cités environnantes: Abbasiya, Raqqada et plus tard<br />

Sabra Mansuriya. Les palais princiers aghlabides et fatimides étaient construits en terre.<br />

C'était des constructions qui alliaient contradictoirement luxe et absence de solidité.<br />

Les murs, une fois dépouillés de leurs revêtements et en<strong>du</strong>its deviennent vulnérables<br />

aux intempéries. Encore une fois, notre pisé hafside se distingue par sa robustesse.<br />

Les périodes aghlabide et fatimide se caractérisent par une politique de l'eau.<br />

Kairouan surtout, mais aussi d'autres grandes villes d'Ifriqya ont bénéficié <strong>du</strong>rant plus<br />

de deux siècles d'une série d'installations hydrauliques diverses. Les parois et les<br />

contreforts des bassins sont construits le plus souvent en maçonnerie de blocage ou en<br />

pierre, Quant à l'en<strong>du</strong>it il demeura toujours fidèle à la recette de l'opus signinum.<br />

Le pisé hafside, illustré ici par le bassin Abu Fihr est de par sa solidité<br />

comparable à la pierre. Il procède de ce qui est appelé dans les manuels "le béton<br />

almohade", "un aggloméré de pierre concassée, de tessons de briques, voire de<br />

coquillages noyés dans un mortier à forte teneur en chaux, coulé dans des coffrages<br />

mobiles, sur le mur même, dont la base est en moellons grossièrement taillés" (22) . Ce<br />

matériau était d'usage courant dans l'architecture musulmane d'Espagne. A Tunis, le<br />

calife al-whathiq, successeur d'al-Mostansir, a renforcé les ouvrages défensifs des<br />

remparts. De son règne date Bab aj-jedid qui était flanqué de deux tours et précédé d'un<br />

savant dispositif défensif. Dans cet ouvrage, un pisé d'une texture et d'une solidité<br />

proches de celles <strong>du</strong> bassin a été largement employé (23) .<br />

La fouille nous donne également quelques informations sur l'emploi d'autres<br />

matériaux de construction et de décor. D'abord, après le désherbage, nous avons<br />

remarqué la présence d'une grosse masse conique de prés d'un mètre de long, taillée<br />

dans une énorme colonne de granité (24) . Mais ce sont les sondages correspondant au<br />

pavillon qui ont fourni le plus de matériel architectural :<br />

-Les couches de destruction recèlent des fragments de fûts de colonnes en<br />

marbre jaune pâle teinté de rosé, couleur clair. Il s'agirait <strong>du</strong> giallo anticonumidicum de<br />

Chemtou. Nous savons par ailleurs que le pavillon était couvert d'une grande coupole<br />

soutenue par ces colonnes en marbre, ce qui expliquerait la présence de ces<br />

fragments (25) .<br />

- Dans ces même couches se trouvent des carreaux de céramique de revêtement.<br />

Nous en dénombrons quatre types différents pouvant servir au pavage des sols et au<br />

revêtement des murs:<br />

* Les carreaux non émaillés à pâte rouge de 10,50 cm de côté et 2 cm<br />

d'épaisseur.<br />

* Les carreaux à pâte blanche et engobe brun ferreux de 11 cm X 8 cm<br />

et de 2,5 cm d'épaisseur.<br />

Ces deux types servent en principe exclusivement au pavage des sols.<br />

(21) Ibid,p. 45.<br />

(22) Golvin L. Essai, 1979, p. 264. Le béton almohade" est essentiellement utilisé dans les murs d'enceinte (Tinmal,<br />

Marrakech, la Mosquée de Hassan à Rabatjoù des contreforts le renforcent..." Comme pour Tunis, ce n'est pas<br />

parce que la pierre fait défaut qu'on a recours au pisé. En fait, les Almohades ont découvert le béton-pisé en<br />

Espagne où il était couramment employé dans les murs des forteresses de l'intérieur. " Ce procédé les a sé<strong>du</strong>it par la<br />

facilité de la technique et par son économie...Le Maghreb central devait adopter cette mode très rapidement<br />

notamment à la Qal'a (période almohade), puis à Tlemcen (période marinide) et à Tamezdekt. " p. 265.<br />

(23) MarçaisG. op. cit., p. 323.<br />

(24) Solignac, op. cit., p. 579.<br />

(25) Az-Zarkasi, op. cit. p. 39. nous livre ce renseignement dans la foulée<br />

de l'histoire de la mort <strong>du</strong> célèbre grammairien Ibn Asfur (1201-597 H/1270-669 H).<br />

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