africa - Institut National du Patrimoine
africa - Institut National du Patrimoine
africa - Institut National du Patrimoine
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Africa XIII/Al-Sayyida : une femme, un monument Naziha MAHJOUB<br />
En 1249 JC c A'isha', a cinquante deux ans, c'est une femme mure et forte, dont la<br />
parole est incontestée et dont l'autorité fait trembler le tout Tunis. Comme son<br />
souverain Hafside dont les Almohades d'Espagne, Nasrides, et <strong>du</strong> Maroc, Mérinides,<br />
reconnaissent la suzeraineté, et dont les puissances européennes veulent en faire un<br />
allié.<br />
En effet, soucieux des intérêts de l'Ifriqiya', Abu Zakariya' entretient de bonnes<br />
relations avec l'Occident Européen. Le commerce avec Marseille est prospère. Les<br />
relations avec la Sicile sont bonnes, elles permettent à l'Ifriqiya de s'alimenter en<br />
froment en 1239JC et ainsi de faire face à la famine de 1240JC (94) . Des relations<br />
étroites se lient avec le roi d'Aragon après la chute de Valence. En effet, grâce à son<br />
sens de l'opportunité, Abu Zakariya' a su tirer profit des échecs, puisque la chute de<br />
Valence est l'occasion pour lui d'entamer des relations étroites avec son ennemi d'hier<br />
Jacques le Conquérant.<br />
De son côté le Pape Innocent IV rassure Abu Zakariya' et lui montre que la<br />
croisade de St Louis en Egypte ne constitue nullement une menace pour l'Ifriqiya'.<br />
Bien sûr les faits nous prouveront le contraire mais Abu Zakariya' ne sera pas là<br />
pour le constater. En effet, comme le soutient c Abd Allah Laroui (95) "c'est le prestige de<br />
la ville de Tunis sous Al-Mustansir qui en fit la cible de la croisade de Louis IX".<br />
Ainsi la fin <strong>du</strong> règne d'Abù Zakariya' se fera sous le signe de la sécurité: sécurité<br />
des frontières, sécurité matérielle, les caisses de l'Etat sont bien "garnies", sécurité et<br />
sérénité de la population.<br />
Cependant ce règne commencé dans le triomphe et la gloire, va s'achever dans la<br />
tristesse.<br />
En 646H/1248-49JC Abu Yahyà' l'héritier présomptif meurt et c'est un autre de<br />
ses frères Abu c Abd Allah Muhammad que Abu Zakariya' choisit avec l'appui des<br />
"grands de l'État" (96).<br />
-Un an plus tard, plus précisément en 647H/1249-50JC, le 25 Jumada II 647H/<br />
début Octobre 1249-50JC, celui qui fut le symbole <strong>du</strong> Tunis Hafside s'éteint avant la<br />
cinquantaine. Il est enterré dans la grande mosquée de Bône près de la sépulture de Sidi<br />
Marwàn puis transféré à Constantine (97) .<br />
Al-Sayyida' son aînée de quatre ans va continuer son parcours avec le fils de son<br />
souverain protecteur, Abu c Abd Allah Muhammad et de sa mère, "d'origine chrétienne", la<br />
princesse c Atf.<br />
Agé de vingts deux ans, Abu c Abd Allah Muhammad commence son règne avec le<br />
titre d'Emir, et fait frapper monnaie à l'effigie d'Al-Amir Al-Ajal.<br />
En 1250-51JC des textes officiels l'appellent sultan (98) et comme pour réaliser le<br />
rêve caressé par ses ancêtres, il prend le titre de Calife.<br />
Mais hélas avec le début de ce règne, en Jumada' 648H/ Août-Septembre<br />
1250JC Al-Sayyida' et Tunis sont ébranlées par une "tentative de coup d'Etat" perpétrée<br />
(94) Brunschwig R.. La Bérbérie Orientale, op. cit., t.I. p. 36.<br />
(95) Laroui A. L'Histoire <strong>du</strong> Maghreb, op. cit., p. 188.<br />
(96) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit., t.I, p. 38<br />
(97) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit., t.I, p. 38<br />
(98) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit., t.I, p. 39<br />
236