africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/Al-Sayyida: une femme, un monument Naziha MAHJOUB<br />
Toutefois tout n'est pas per<strong>du</strong> puisque un an avant la mort d'Al-Sayyida' en 694<br />
H/ 1266 JC, Grenade demande l'aide <strong>du</strong> Hafside contre les Mu'minides de Marrakech.<br />
Mais Hélas l'ancienne petite fille de la Manouba' n'était plus là pour apprendre que la<br />
prière a été prononcée au nom d'Al-Mustansir, dans l'ancienne "capitale Almohade<br />
conquise" (112) .<br />
Al- Sayyida' ne pouvait savoir que St Louis parti en 1267 JC et pour la deuxième<br />
fois pour délivrer Jérusalem et sauver l'Orient latin des menaces de Baibars, allait avoir<br />
des visées sur Tunis et venir y mourir de la peste en 1270 JC.<br />
Ainsi nous avons pu voir que l'histoire d'Al-Sayyida' est étroitement liée à celle<br />
de l'Ifriqiya' et de Tunis en particulier, de 595 H/1197 JC à 665 H/1267 JC c'est-à-dire à<br />
l'Ifriqiya Almohade et à la phase glorieuse <strong>du</strong> règne des Hafsides.<br />
Celle qui a ébranlé le tout Tunis, celle qui a ébloui et exaspéré à la fois par la<br />
finesse de son esprit, par sa beauté et par sa personnalité.<br />
Celle qui a été l'égale des hommes et a prié à leurs côtés au Musalla'l- c Idayn et à la<br />
mosquée Zitùna, celle qui avait coutume de s'adresser à Dieu à l'heure <strong>du</strong> Duhà en ces<br />
termes : "Toi le guide des indécis, Toi qui sécurise ceux qui ont peur, Accorde-moi la<br />
faveur de Te voir, fais-mois constater la Certitude de Ton Existence, et sa prière fut<br />
exaucée. c A'isha a quitté ce monde au mois de Rajab de l'année 665 H/Avril 1267 JC<br />
précisément à l'heure <strong>du</strong> Duhà , prière qui suit le lever <strong>du</strong> soleil.<br />
Al-Sayyida : Un Monument<br />
Vivante, Al-Sayyida' a été un recours, puisqu'elle a milité sa vie entière pour la<br />
liberté, pour le savoir et pour le bien-être des pauvres. Après sa mort, , sa sépulture est<br />
devenue un espace sacré, sécurisant. Ce n'est pas un hasard aussi si cette tombe porte le<br />
nom de Sépulture <strong>du</strong> Secret, Qabr al-Sirr. Cette appellation est, sans doute liée au fait<br />
que cette sépulture cache la dépouille d'une femme dont la pensée n'a pas été<br />
entièrement décryptée.<br />
Aussi plus que jamais l'architecture de cet espace sépulcral évoquera la<br />
recherche de Dieu, de la sécurité et peut être la pensée de la grande Dame <strong>du</strong> Tunis <strong>du</strong><br />
XIIIème siècle.<br />
En effet, le carré de la chambre funéraire, la coupole qui la surmonte, et le plan<br />
octogonal de la zone intermédiaire, située entre les deux, forment un schéma<br />
géométrique, symbole de la Zàwiya' et de l'Unitarisme religieux ou Almohadisme<br />
puisqu'il occupe le milieu de l'étendard des Almohades (113) . Il s'agit d'un carré qui<br />
circonscrit un cercle lequel à son tour circonscrit une étoile à huit branches.<br />
La Zàwiya' (114) d'Al-Sayyida' est l'ensemble monumental qui s'est organisé<br />
autour de la modeste maison familiale où c A'isha est née et où elle est venue pour<br />
mourir.<br />
(112) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale, op. cit., t.I, p. 50.<br />
(113) Levisse et Parmentier. Album Historique. B. N. de Paris.<br />
Mahjoub N.. Abu Sa c id, un homme, un monument. Tunis.<br />
I.N.A.A. 1991.<br />
(114) Mahjoub N.. Les Zàwiya' des Wali. op . cit.<br />
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